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Au bureau avec l'intelligence artificielle, une révolution à l'impact inconnu

Générer d'un clic, quasi instantanément, le résumé d'une réunion en visioconférence: c'est l'une des révolutions promises par l'intelligence artificielle pour tous ceux qui travaillent sur ordinateur, grâce à son intégration dans les logiciels de bureau les plus répandus au monde.

Se livrant à une course effrénée, Microsoft (Word, Excel, PowerPoint, Teams, Outlook...) et son rival Google (Google Docs, Gmail...) ont tous deux annoncé mi-mars que l'IA serait imbriquée dans chacun de leurs logiciels pour entreprises "dans quelques mois". Les deux ont annoncé le lancement de tests dès à présent.

D'où la multiplication d'études pour pronostiquer un impact majeur de l'IA sur le monde du travail, avec des centaines de millions d'emplois bouleversés, voire remplacés.

"Toutes les activités seront touchées, dans tous les secteurs", résume Nicolas Gaudemet, expert IA du cabinet Onepoint.

Au niveau mondial, selon une étude de Goldman Sachs parue dimanche, environ deux tiers des emplois actuels pourraient même subir un certain degré d'automatisation et l'IA générative (qui produit du contenu) remplacer jusqu'à un quart des tâches.

En extrapolant, la banque calcule que l'IA générative pourrait provoquer l'automatisation de l'équivalent de 300 millions d'emplois à temps plein. Les fonctions administratives et juridiques seraient les plus touchées. Cette innovation créera aussi de nouveaux emplois et de nouvelles professions.

Facteur de hausse de la productivité, "elle pourrait à terme augmenter le PIB mondial annuel de 7%", conclut la banque.

- "Difficile de s'en passer" -

Les vidéos de démonstration de Microsoft et Google montrent l'étendue des possibilités: présentations à partir d'un texte, analyses de données à partir d'Excel, mails pré-écrits, gestion intelligente des boîtes aux lettres...

Le grand changement sera aussi que l'utilisateur pourra formuler ses demandes en langage naturel, sans besoin de maîtriser les arcanes de ces logiciels.

"L'interface EST la révolution", a souligné Françoise Soulié-Fogelman, pionnière de l'IA en France, lors d'un colloque organisé mardi par France Digitale, qui se revendique comme la première association de start-up en Europe.

"Quand on aura goûté à ces outils, il sera difficile de s'en passer. On pourra faire davantage de choses et plus vite, comme lire des synthèses au lieu de la totalité d'un document. Les entreprises qui ne s'en empareront pas rapidement resteront derrière", estime l'expert de OnePoint, qui prévoit des besoins accrus en formation et en gestion des carrières.

"Nous devons aider nos entreprises à grandir avec l'IA, sinon on est mort", a tranché Françoise Soulié-Fogelman. "Doit-on s'y fier entièrement ? Non ! Mais l'utiliser ? Bien sûr!".

Avec la clé, une manne pour Microsoft et Google qui pourront facturer plus cher ce nouveau service. Mais des défis supplémentaires à gérer pour les entreprises.

Dans celles qui travaillent déjà avec l'IA, les deux-tiers déclarent qu'elle a automatisé des tâches mais la moitié ajoute qu'elle a généré de nouvelles tâches, démontre une enquête de l'OCDE auprès de 5.000 salariés et 2.000 entreprises en Europe et aux Etats-Unis, parue le 23 mars. Et trois quarts des utilisateurs déclarent que l’IA a accéléré leur cadence de travail.

Si 80% des utilisateurs estiment que l'IA a amélioré leurs performances au travail, 14% à 19% sont très inquiets de perdre leur emploi ou que l'IA ne réduise les salaires.

En outre, 57% des salariés veulent l'interdiction d'utiliser l'IA pour décider des licenciements et 40% pour les recrutements. Surtout, la moitié craint que les applications IA dans leur entreprise collectent des informations sur eux ou sur la façon dont ils travaillent, avec le sentiment d'une pression accrue sur leurs performances.

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