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"C'est un moment de deuil et c'est important pour moi d'être là", souligne jeudi Guizlane, 30 ans. Comme des dizaines d'habitants de Vaulx-en-Velin, elle participe par "solidarité" à une marche blanche en hommage aux victimes de l'incendie tragique qui a fait dix morts la semaine dernière.
"Je ne pouvais pas imaginer de ne pas être là", souligne avec émotion la trentenaire, qui n'a pas hésité "à quitter le travail" pour être présente.
Comme elle, près de 200 personnes ont répondu à l'appel de l'association "La rose des sables", présidée par une proche des victimes décédées dans l'incendie - six adultes et quatre enfants.
Les organisateurs ont distribué des ballons blancs décorés de mots écrits au marqueur comme "A jamais dans nos coeurs!", "Tous ensemble" ou encore "Unis quelles que soient les circonstances".
Depuis l'hôtel de ville, le cortège, compact et intergénérationnel, s'est ébranlé en silence pour se rendre devant l'immeuble sinistré, au 12 chemin des Barques, dans le quartier populaire du Mas du Taureau.
Tour à tour, des participants, rejoints par la maire socialiste Hélène Geoffroy, ont déposé des roses devant une entrée secondaire du bâtiment, la principale étant condamnée par une plaque métallique depuis l'incendie.
Dans la nuit du 15 au 16 décembre, le feu est parti vers 03H00 au rez de chaussée de ce bâtiment de sept étages, dans ce quartier en pleine rénovation urbaine. Plusieurs témoins ont dénoncé dans les médias la vétusté des locaux, l'absence de dispositifs anti-incendie et la présence d'un point de deal.
- "Grosse pensée" -
"Les victimes, j'en connaissais la plupart: ma voisine du 4e qui a sauté, les deux soeurs du 3e, le jeune homme du 7e. Les enfants de la dame qui a sauté... alors on y pense toujours, on voit leur visage", explique Noria qui habitait au 5e étage avec son fils. Tous deux ont échappé aux flammes en se réfugiant sur le balcon. Eddie, leur voisin, étouffé par l'émotion, formule "une grosse pensée" pour les disparus et aux blessés.
"Merci beaucoup aux habitants de Vaulx-en-Velin d'être parmi nous et de nous soutenir. C'est très très dur ce qu'on subit au jour d'aujourd'hui", lance l'organisatrice de la marche avant la minute de silence. Hayet, 63 ans, a elle-même perdu des proches dans le drame.
"Tout le monde est venu. Vaulx, c'est bien pour ça. On se soutient pour tout surtout après des drames comme ça", se félicite Corinne, 60 ans, qui se dit proche des familles endeuillées.
Au lendemain du sinistre, un premier rassemblement avait réuni près de 600 personnes.
"Je suis triste. Personne ne mérite une telle chose. On prie de tout notre coeur pour que cela ne se reproduise pas", confie Manel Miloudi, 23 ans.
L'enquête est toujours en cours pour déterminer les causes de l'incendie.
La résidence "Le Rhône", comprenant 107 logements sur trois immeubles devait être rénovée dans le cadre d'un plan de sauvegarde lancé en 2018 pour une douzaine de copropriétés vétustes du quartier, selon les informations disponibles sur le site de la mairie.
Des études menées dans cette résidence avaient "mis en lumière de nombreuses difficultés techniques et financières traduisant des désordres sur les équipements (ascenseurs), les réseaux d’eau et électrique pouvant poser la question de la sécurité des habitants notamment en cas d’incendie", selon un compte-rendu municipal de décembre 2019.
Différents dispositifs de soutien ont été mis en place depuis plusieurs années "sans pour autant permettre une amélioration pérenne" dans les copropriétés, selon un point global publié en janvier dernier par la Métropole de Lyon.
La maire de Vaulx-en-Velin a déploré le délai de "quatre ans" entre l'obtention des financements et le lancement des travaux de rénovation. Mardi, lors d'une rencontre avec la première ministre Elisabeth Borne à Matignon, elle a aussi plaidé pour que le gouvernement lance une réflexion sur l'accompagnement des copropriétaires "modestes".
"On est une grande famille. On va rester unis autour de notre maire et puis faire notre possible pour toutes les personnes qui sont restées", conclut jeudi "Zaza", 63 ans.
Les 38 familles de l'immeuble avaient été hébergées provisoirement juste après le drame dans l'attente de solutions plus pérennes.