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Après la "sidération", l'action: de nombreux commerçants de Lyon et Grenoble se sont employés samedi à réparer ou protéger leur devanture, au milieu des chalands venus profiter des soldes d'été, après une nuit émaillée de violences et de pillages, dans l'attente de renforts pour la soirée.
Un grand effort de nettoyage avait été fait dès le début de la matinée dans les artères les plus touchées par les flambées émeutières qui ont émaillé la nuit à Lyon, Grenoble et plusieurs autres villes de la région. Mais restaient encore ici et là, des traces visibles, bris de verre, morceaux de cintres en plastique, résidus fondus de poubelles brûlées.
Selon une source policière, Lyon a été avec Marseille l'agglomération la plus touchée du pays la nuit dernière, dans l'épisode des violences urbaines suscitées par la mort du jeune Nahel, abattu par un policier à Nanterre, en région parisienne.
A Grenoble, de nombreux commerçants ont fait installer à la hâte des panneaux de bois sur leurs vitrines, brisées ou non, pour se protéger des casseurs. Des boutiques sont restées fermées, rideau de fer baissé, mercredi en période de soldes d'été.
"Lundi, j'appelle (l'agence immobilière) Omnium et je mets tout en vente, ça suffit", lançait, dépitée, la patronne d'une boutique de lingerie du centre de Lyon samedi matin, dans une rue piétonne encore jonchée de débris.
"Finies les vacances", soupirait un père de famille allemand en découvrant les dégâts sur sa berline.
Les violences, d'une intensité "sans précédent" selon le maire écologiste de Lyon Gregory Doucet, ont embrasé plusieurs quartiers populaires de l'est de l'agglomération lyonnaise avec au total 35 membres des forces de l'ordre blessés. Quatre policiers ont notamment été touchés à Vaulx-en-Velin par des tirs de grenaille.
Les vols et les dégradations commises par des jeunes venus à pied, à trottinette ou à vélo ont affecté au moins une quarantaine de magasins à Lyon - motos, montres, jeux vidéo, électroménager, habits, chaussures de marque....
Des bâtiments publics, dont plusieurs mairies ont été attaqués, selon la préfecture. Samedi matin, 49 gardes à vue étaient en cours, selon le parquet de Lyon.
Au moment où le maire de Lyon appelait à des renforts immédiats pour compléter le "nombre insuffisant" de policiers mobilisés pour faire face au chaos, le ministère de l'Intérieur annonçait l'envoi, dès samedi soir, de la CRS8, spécialisée dans le maintien de l’ordre et les violences urbaines. La présence des CRS sera "doublée à compter de ce jour à Grenoble, soit 80 au lieu de 40", a annoncé le porte-parole du gouvernement Olivier Véran, ajoutant qu'il pourra aussi être fait appel à des forces de sécurité intérieure basées dans la région, voire au Raid.
- "Brutalité inouïe" -
Le maire Eric Piolle a fait part de sa "sidération" et de sa "colère" après des épisodes d'une "brutalité inouïe".
Après les pillage survenus au centre de Grenoble et les violences qui ont embrasé Echirolles, en périphérie, le parquet local a fait état samedi matin de 53 gardes à vue, avec des comparutions immédiates programmées dimanche et lundi matin, du fait de cette "situation exceptionnelle".
Jusque tard dans la nuit, comme à Lyon, des affrontements ont opposé des bandes de jeunes très mobiles, tirant des pluies de mortiers d'artifice sur les forces de l'ordre répliquant avec des grenades lacrymogène. Une cinquantaine de commerces ont été affectés et une cellule d'accompagnement mise sur pied, selon la préfecture.
- "Couvre-feu pour les mineurs" -
De nombreuses agglomérations de la région ont également été affectées par les violences, de Dijon à Valence, de Saint-Etienne à Annecy, en passant par des villes plus petites, comme Annonay, en Ardèche, ou Beaune, au coeur de la Bourgogne viticole.
Après une nuit de pillages à Saint-Etienne, où une centaine de commerces ont été dégradés à des degrés divers, le maire Gaël Perdriau (ex-LR) a annoncé avoir pris un arrêté municipal "instituant un couvre-feu pour les mineurs non accompagnés à partir de 19 heures jusqu’à dimanche 6 heures". Les transports en commun stéphanois devaient cesser de fonctionner dès samedi 14H30, a indiqué la régie Stas.
Les mairies de Grenoble et de Lyon ont aussi pris des mesures pour limiter l'usage des trottinettes. Et à Lyon, les différents groupes municipaux ont laissé de côté leurs différents politiques pour lancer ensemble un appel "au calme, à l'apaisement et à la responsabilité de tous".