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La justice grecque a lancé jeudi des poursuites pénales contre d'autres responsables présumés de la catastrophe ferroviaire alors que le Premier ministre, bousculé par la colère qui gronde dans le pays, a promis la "transparence absolue" dans l'enquête.
Près de neuf jours après cette collision de trains qui a fait 57 morts, des familles et amis de victimes se sont recueillis sur les lieux de l'accident, à Tempé, à l'occasion d'une cérémonie religieuse orthodoxe.
Elles ont déposé des photos de leurs proches et des bougies près de la voie ferrée.
Dévastée par le chagrin, la mère d'une victime de 34 ans s'est effondrée en déposant un bouquet de fleurs. "J'ai perdu mon enfant, pourquoi?", a-t-elle demandé.
"Notre âme saigne. Nous pleurons du matin au soir", a confié à l'AFP Maria Giannouli, 75 ans, originaire de la région.
Après le chef de la gare de Larissa, la ville la plus proche des lieux de la collision, placé en détention provisoire dimanche, trois autres employés des chemins de fer sont désormais poursuivis notamment pour homicide involontaire par négligence, selon une source judiciaire à l'AFP.
Deux des trois sont incriminés pour avoir quitté leur poste de travail plus tôt que prévu le soir du 28 février avant la collision frontale entre un train de passagers reliant Athènes à la deuxième ville du pays, Thessalonique (nord), et un convoi de marchandises à quelque 350 km au nord d'Athènes.
Le chef de la gare de Larissa, Vassilis Samaras, s'était retrouvé seul aux commandes ce soir-là alors que, selon la presse grecque, il ne disposait que d'une expérience de quelques mois à ce poste.
Tous risquent des peines allant de 10 ans de prison à la perpétuité, selon les médias.
Mais outre l'erreur humaine, ce sont les graves lacunes dans le système de sécurité et la vétusté des chemins de fer qui ont été désignés pour expliquer cet accident sur une ligne alors très fréquentée en raison des retours d'un week-end prolongé en Grèce.
Ces défaillances sur fond de déliquescence des services publics dont se plaignent de nombreux Grecs ont fait descendre dans la rue des dizaines de milliers de personnes depuis huit jours.
- "Remuer ciel et terre" -
Au cri d'"Assassins!", elles réclament des comptes aux dirigeants accusés d'incurie. Dans les cortèges qui ont envahi les rues des grandes villes du pays mercredi, les appels à la démission du gouvernement ont fleuri.
Alors que des élections générales se profilent, le Premier ministre Kyriakos Mitsotakis tente de répondre au courroux d'une population qui a largement perdu confiance dans les institutions depuis la crise financière de 2008-2018.
Durant un conseil des ministres, le conservateur a promis "la transparence absolue" dans l'enquête afin de "déceler les failles" dans le système des transports.
Une promesse en forme de tentative d'apaisement alors que, ces dernières années, la justice grecque a été accusée de partialité dans plusieurs scandales retentissants.
Le Premier ministre, au pouvoir depuis 2019, s'est également engagé à prendre "des actions immédiates pour améliorer la situation problématique dans le transport ferroviaire".
Et il a juré de "remuer ciel et terre" pour s'assurer que des améliorations seraient apportées aux systèmes de sécurité sur les lignes de train.
Sans qu'aucune alerte ne soit déclenchée, les deux trains ont circulé sur plusieurs kilomètres sur la même voie avant de se percuter frontalement.
Depuis, les Grecs demandent des comptes à leurs dirigeants avec un mouvement de protestation qui a culminé mercredi quand quelque 65.000 personnes ont manifesté à travers le pays, dont plus de 40.000 à Athènes.
Certains rassemblements ont été marqués par de violents heurts entre policiers et manifestants.
Le chef du gouvernement, qui doit affronter les urnes d'ici l'été, est étrillé pour avoir tardé à reconnaître les dysfonctionnements dans le réseau ferré, imputant dans un premier temps cet accident à "une tragique erreur humaine".
Jeudi il a pour la deuxième fois demandé pardon aux familles des victimes, assurant qu'il ne fallait pas se "cacher derrière une série d'erreurs humaines".
"Nous sommes tous responsables, nous devons avoir le courage de l'admettre", a poursuivi M. Mitsotakis.