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Les pays baltes et la Pologne ont appuyé mardi la demande de l'Ukraine d'une exclusion totale de tous les athlètes russes et bélarusses des JO de Paris, mettant dans l'embarras le CIO, qui travaille à leur réintégration sous bannière neutre.
"La décision d'autoriser Russes et Bélarusses à participer aux prochains Jeux est immorale et erronée", a tweeté le ministre letton des Affaires étrangères Edgars Rinkevics, en marge d'une réunion avec ses homologues polonais, estonien et lituanien.
Par la voix de son président Zorzs Tikmer, le comité olympique letton a déjà menacé de boycotter les JO: "La Lettonie ne participera pas aux Jeux aux côtés du pays agresseur", a-t-il lancé.
La Lettonie s'est donc alignée sur la position de Kiev, qui a multiplié les condamnations véhémentes depuis que le CIO (Comité international olympique) a proposé mercredi dernier une feuille de route pour organiser le retour des sportifs bannis sous drapeau neutre, à condition qu'ils n'aient "pas activement soutenu la guerre en Ukraine".
"Le CIO est un promoteur de la guerre, du meurtre et de la destruction", a vitupéré sur Twitter, le conseiller de la présidence Mykhaïlo Podoliak.
Le CIO, a rejeté "dans les termes les plus forts" la déclaration de M. Podoliak "et d'autres propos diffamatoires".
Mais le front du refus des Russes s'est officiellement élargi ces derniers jours. Les trois Baltes (Lettonie, Lituanie, Estonie, annexées de force à l'URSS en 1944 et indépendantes seulement depuis son démantèlement en 1990) et la Pologne (soumise à un régime communiste vassal de Moscou jusqu'en 1989) laissent planer la menace d'un boycott en cas de présence de Russes.
- "le cœur lourd" -
La semaine dernière, le ministre des Sports polonais Kamil Bortniczuk a affirmé qu'il "n'imaginait pas" l'hypothèse d'une participation des Russes et Bélarusses aux Jeux olympiques.
En Estonie, le Premier ministre Kaja Kallas a estimé lundi que laisser les Russes concourir "serait se moquer des Ukrainiens et des dizaines de milliers d'entre eux qui ont perdu la vie dans le pire crime contre l'humanité perpétré en Europe depuis la seconde guerre mondiale".
La ministre lituanienne de l’Éducation, qui doit s'entretenir avec ses homologues letton et estonien des Sports, a fait savoir de son côté qu'elle les enjoindrait à demander l'exclusion des Russes et Bélarusses.
Depuis le début de la guerre en Ukraine, le CIO martèle que la mise au ban des athlètes russes et bélarusses n'est pas une "sanction", puisqu'ils ne portent aucune responsabilité directe dans l'invasion, mais une "mesure de protection" des compétitions et de leur propre sécurité, prise "le cœur lourd" et contraire à ses valeurs d'universalité du sport.
Mardi soir, l'instance internationale a publié un très sobre communiqué pour rappeler sa position: "Les sanctions contre les États et les gouvernements Russe et Bélarusse ne sont pas négociables", répète le CIO, qui cite l'interdiction d'organiser des événements sportifs dans ces deux pays, l'interdiction de leurs hymnes et drapeaux sur toutes les compétitions, et le bannissement des représentants des deux gouvernements de toute manifestation sportive.
Le président ukrainien Volodymyr Zelenski a néanmoins fustigé les "bureaucrates" du CIO: "La politisation du sport par la Russie va inévitablement conduire à la justification de la terreur", a-t-il dit: "Ceci ne doit pas être toléré, et c'est seulement uni que le monde libre pourra protéger le sport de ces bureaucrates qui, pour certaines raisons, sont prêts à fermer les yeux sur la réalité".
De son côté, le patron du comité olympique russe a estimé mardi que les sportifs russes devaient pouvoir participer aux Jeux olympiques sans restriction. "Les Russes doivent participer exactement dans les mêmes conditions que tous les autres athlètes. Toutes les conditions et critères supplémentaires ne sont pas les bienvenus, en particulier ceux qui ont une composante politique absolument inacceptable pour le Mouvement olympique", a déclaré Stanislav Pozdniakov, cité par les agences de presse russes.