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Les opposants à la ligne ferroviaire Lyon-Turin, campés toute l'après-midi sur une route dans la vallée de Maurienne, se sont repliés sur leur camp de base au terme de leur manifestation samedi, marquée par une brève occupation de l'autoroute A43 et des échauffourées au niveau de Saint-Rémy-de-Maurienne.
"96 ressortissants étrangers, connus des services, ont été refoulés à la frontière. Plus de 400 objets dangereux ont été saisis lors des contrôles en amont. Soutien aux 12 gendarmes blessés", résume un tweet de Gérald Darmanin.
Les organisateurs, eux, évoquent "plusieurs blessés" dans leurs rangs pendant le rassemblement à l'appel d'une dizaine de mouvements, dont les Soulèvements de la Terre, menacés de dissolution par le ministère de l'Intérieur, et les No-Tav italiens, mobilisés contre un chantier "pharaonique" et "néfaste" pour l'environnement, la biodiversité et les ressources en eau de la vallée.
"La sécurité des personnes et des biens, qui était notre objectif principal, a été globalement assurée", a déclaré le préfet de Savoie François Ravier au cours d'un point de presse en fin de journée.
Les organisateurs de la manifestation s'insurgent quant à eux contre le fait que le cortège "a été bloqué au niveau d'un pont sur la rivière de l'Arc dans une zone sans interdiction, ne respectant donc pas les arrêtés déposés par la préfecture elle-même".
"Le bilan actuel fait état d'une cinquantaine de blessé-es graves, 6 hospitalisations dont 2 pronostics fonctionnels engagés", ont-ils indiqué dans un communiqué dans la nuit de samedi à dimanche.
Présent dans le cortège, un groupe d'élus EELV et LFI a essayé de négocier avec les autorités pour "aller un peu plus loin" dans leur parcours, tandis que les manifestants patientaient sous un soleil torride sur une petite route à proximité de Saint-Rémy-de-Maurienne, à une trentaine de km de la frontière italienne.
C'est alors qu'"un groupe de radicaux", constitué d'environ 300 personnes, a provoqué les heurts avec les forces de l'ordre après s'être "constitué en blackbloc" puis a "tenté de bloquer l'autoroute A43" qui a été fermée temporairement à cause de leur intrusion, a détaillé le préfet.
Après ce dernier incident, le cortège est progressivement retourné dans le calme vers son camp de base. Dans l'après-midi, des protestataires ont aussi brièvement envahi la voie ferrée et la circulation des trains a été stoppée en début d'après-midi en raison de la situation, selon la SNCF.
Le départ de cette manifestation non déclarée réunissant plus de 4.000 personnes, selon le dernier bilan des organisateurs, plus de 3.000 selon les autorités, s'est fait depuis un terrain prêté par la commune de La Chapelle, hors de la zone d'interdiction préfectorale.
Quelque 2.000 policiers et gendarmes avaient été déployés dans la vallée. Cinq bus de militants italiens - soit environ 250 passagers - sont restés bloqués à la frontière pendant plusieurs heures avant de faire demi-tour vers leurs villes d'origine, des personnes visées par des interdictions administratives de territoire ayant été "repérées" à bord, a précisé le préfet de Savoie.
- "On ne dissout pas ce qui repousse partout" -
"Macron, Darmanin et le préfet provoquent l'affrontement", a tweeté la cheffe parlementaire LFI Mathilde Panot, présente sur place avec plusieurs élus Verts et LFI.
"Aujourd'hui, c'est un moment historique dans cette vallée (…) il y a énormément de monde venu de toute la France, de l'Italie voire même de Suisse", s'est réjoui Philippe Delhomme, ancien élu local qui milite depuis des années au sein de l'association "Vivre et agir en Maurienne (VAM)".
Soutenue par l'Union européenne, la nouvelle ligne doit à terme relier Lyon et Turin, avec 70% des voies en France et 30% en Italie, et un tunnel de 57,5 km traversant les Alpes entre Saint-Jean-de-Maurienne et Suse. Coût évalué: plus de 26 milliards d'euros.
Les partisans du projet mettent en avant la nécessité de réduire le flux de poids lourds, en constante augmentation, pour limiter les émissions de gaz à effet de serre. Ils invoquent aussi le développement économique que permettra selon eux une ligne ferroviaire plus rapide.
Les opposants, eux, font valoir qu'une ligne existe déjà et que le fret ferroviaire n'a cessé de baisser ces dernières années. Ils dénoncent aussi les impacts écologiques de ce chantier "ferroviaire titanesque, impliquant le forage de 260 km de galeries à travers les massifs alpins". Selon eux, les travaux ont déjà tari plusieurs sources et captages dans la vallée.
"De la dissolution des Soulèvements de la terre, qui risque d'être prononcée en conseil des ministres ce mercredi, à la militarisation du Val Susa, l'Etat tente partout d'empêcher les soulèvements populaires. Mais en Italie comme en France, l'échec est inéluctable : on ne dissout pas ce qui repousse partout", préviennent les organisateurs dans leur communiqué.