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Une quinzaine de jours après la série d'attaques qui ont visés, à travers tout l'hexagone, des prisons ou des agents pénitentiaires, la police française a frappé fort. Au total, 26 suspects ont été arrêtés. Cette traque complexe a nécessité l'utilisation de plus de cent "techniques spéciales", dignes d'un roman d'espionnage.
Depuis mi-avril, 130 faits visant le monde des prisons ont été recensés par la police. Le plus spectaculaire fut l’attaque à coups de cocktails Molotov de véhicules sur le parking de l’École nationale de l’administration pénitentiaire à Agen : elle a nécessité en pleine nuit l’évacuation de 250 internes pour les protéger du feu.
On a aussi dénombré des incendies volontaires sous les fenêtres de la maison d’arrêt de Villepinte, des tirs au fusil à pompe sur un local de l’équipe régionale d’intervention à Luynes, une rafale de kalachnikov contre la porte de la prison de Toulon, des survols de drones malveillants, des tags sur les murs et des menaces de mort contre des surveillants sur les réseaux sociaux.
Au début, la nature de ces attaques a plongé la police dans la perplexité. S’agissait-il d’une action coordonnée, ou d’une contagion provoquée par un premier délit, que d’autres auraient voulu reproduire ? Et surtout avait-on affaire à une campagne d’intimidation menée par des narco trafiquants ou à une action politique organisée par des mouvements d’extrême-gauche, comme ceux qui avaient abouti dans les années 80 à la suppression, des quartiers de haute sécurité ? Des arguments plaidaient pour cette hypothèse, d’autant que le gouvernement a le projet de recréer ce type de quartiers.
De surcroit, la plupart des actions étaient signées par un mystérieux "DDPF" pour "Droit des prisonniers français". La situation était considérée comme très grave, car l’administration pénitentiaire française compte 44.200 agents, et il est impossible de les protéger individuellement. C’est là que le parquet national antiterroriste s’est saisi de l’affaire : ce parquet dispose de l’autorisation d’utiliser des techniques digne du contre-espionnage, 320 policiers issus de 18 services ont été mobilisés. Ils ont assez vite acquis la conviction qu’il s‘agissait bien d’une guerre menée par le narco-trafic, contre l’institution. Ils ont alors déployés les grands moyens, à leur disposition, depuis un ensemble de lois d’exception votées après les attentats de 2015.
Près de cent "techniques spéciales" d’enquête ont été mises en œuvre pour retrouver les incendiaires et les tireurs présumés. Elles ont principalement permis de géolocaliser des suspects, de suivre leurs véhicules grâce à des balises et de placer leurs téléphones sur écoute. Résultat : un vaste coup de filet, aboutissant à 26 gardes à vue dont celles de 3 hommes issus de la "DZ Mafia" marseillaise, un groupe connu pour ses règlements de compte sanglants. L’enquête n’est pas encore terminée, mais ces 26 suspects vont bientôt pouvoir étudier, de beaucoup plus près, le fonctionnement des prisons.



















