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Une série d'attaques contre des établissements pénitentiaires en France, revendiquées par un groupe mystérieux nommé D.D.P.F., suscite une vive inquiétude. Ces actions, qui comprennent des incendies de véhicules et des tirs à l'arme lourde, ont conduit le Parquet national antiterroriste à ouvrir une enquête.
Depuis dimanche, plusieurs véhicules ont été incendiés à proximité d’établissements pénitentiaires en France. Une douzaine de sites ont été touchés, principalement en région parisienne et dans le sud du pays. Ces attaques ont été revendiquées par un mystérieux groupe baptisé D.D.P.F. pour Défense des droits des prisonniers français. Les gardiens de prison sont particulièrement inquiets, et le Parquet national antiterroriste a ouvert une enquête.
L’attaque la plus spectaculaire a eu lieu dans la nuit de dimanche à lundi, devant l’École nationale de l’administration pénitentiaire à Agen. Plusieurs véhicules ont été incendiés, et les flammes se sont propagées jusqu’à l’internat, obligeant l’évacuation de 250 élèves.
Depuis, les forces de l’ordre ont recensé au moins une douzaine d’incidents. Parmi eux :
- des tirs à l’arme lourde contre la porte de la prison de La Farlède, près de Toulon,
- des incendies de véhicules devant le centre pénitentiaire de Tarascon,
- un autre feu devant le domicile d’un agent pénitentiaire à Aix-en-Provence (Luynes).
Des actions similaires ont été observées à Valence, Nîmes et Villepinte. Dans plusieurs cas, le sigle D.D.P.F. a été tagué sur les murs. Dans le Gard, un acronyme voisin, D.D.P.P., a été relevé devant la maison d’arrêt.
Le groupe est actif sur la messagerie Telegram, où il rassemble environ 1.000 abonnés. Il y publie des vidéos de ses actions, mais aussi des menaces précises : photos de gardien en uniforme, son immeuble, sa voiture, et son noms sur sa boîtes aux lettres.
Ces actes et menaces graves ont poussé le Parquet national à ouvrir mardi une enquête pour "dégradation ou détérioration en bande organisée du bien d’autrui, par un moyen dangereux pour les personnes, en relation avec une entreprise terroriste".
Qui sont les auteurs ?
Pour l’heure, l'identité et les motivations précises des auteurs restent floues. Dans un premier temps, le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin a évoqué un lien possible avec le narcotrafic, et les mesures récentes de durcissement des conditions de détention pour les trafiquants.
Mais une autre piste évoque des groupes d’ultragauche, dans la lignée de ceux qui, dans les années 80, avaient mené le combat contre les quartiers de haute sécurité. Sur Telegram, certains messages abondent dans ce sens : "Nous défendrons les droits de nos frères et sœurs détenus, quitte à donner notre vie. N’oubliez pas les anciens".
L’un des objectifs affichés serait de déstabiliser l’institution pénitentiaire, et de provoquer la démission de gardiens de prison.
Une profession sous pression
Ces menaces s’ajoutent à des conditions de travail déjà difficiles pour les surveillants. Manque de reconnaissance, de moyens, danger… le métier peine à attirer : 4.000 postes restent actuellement vacants.
Conscient de la gravité de la situation, Emmanuel Macron a réagi mardi. Il a promis que ceux qui "cherchent à intimider" les agents pénitentiaires seront "retrouvés, jugés et punis". Autrement dit… mis en prison.


















