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Beauvais: l'ex-petit ami de Shaïna, brûlée vive à 15 ans, devant la justice pour assassinat

"Quatorze coups de couteaux!": la violence du meurtre de Shaïna, 15 ans, poignardée et brûlée vive à Creil en 2019, a fait monter la tension lundi devant la cour d'Assises des mineurs de l'Oise, où son ex-petit ami, jugé à huis-clos pour assassinat, continue de clamer son innocence.

"Quatorze coups de couteaux! Et puis il allume le feu, ça a fait boum!", s'est emporté, tremblant de colère, le père de Shaïna, lors d'une pause de l'audience, après avoir entendu des expertises médicales au premier jour du procès.

Âgé de 17 ans à l'époque, le jeune homme, accusé d'avoir attiré Shaïna, probablement enceinte de lui, dans un cabanon pour la tuer puis brûler son corps, est jugé jusqu'à vendredi.

Il s'est très peu exprimé à l'audience.

"Chaque fois qu'on l'accable, il baisse la tête. Quand on lui donne la parole, il dit : +ce n'est pas mon opinion, ce n'est pas mon avis, ce n'est pas ce que j'ai dit+. Mais il ne donne pas d'explications," déplore l'avocat des parties civiles, Me Negar Haeri.

"Il clame son innocence mais il est mal à l'aise de le faire, car il comprend parfaitement la souffrance de ces gens-là", indique son avocat, Me Adel Fares.

Mince, visage juvénile et cheveux noués en chignon, l'accusé encourt la perpétuité si l'excuse de minorité est levée.

"On espère recueillir une vérité autre que celle qui a été servie à cette brave famille depuis quatre ans", a poursuivi Me Farès.

Le tribunal a notamment entendu un ami à qui il aurait avoué le crime, "principal témoin à charge" selon Me Haeri.

Pour Me Farès "son témoignage ne tient pas, il est fluctuant. Cela interroge sur ses véritables intentions."

La cour s'est également penchée sur les blessures constatées sur les jambes de l'accusé après les faits, de l'eczéma selon lui, alors que pour le médecin légiste, il s'agit de brûlures, ont rapporté les conseils de la défense et des parties civiles.

Le 27 octobre 2019, le corps de l'adolescente est découvert presque entièrement calciné par les policiers, guidés par une rumeur.

Les expertises médico-légales révèleront de "multiples plaies" à l'arme blanche mais aussi qu'elle respirait encore au début du feu.

L'avant-veille, elle était sortie après un dîner familial. Dans son sac à main, ses proches retrouvent un test de grossesse positif.

Selon l'enquête, l'adolescente entamait très probablement une grossesse, qu'elle attribuait à l'accusé, avec qui elle entretenait une liaison.

Deux appels anonymes, puis le témoignage de l'ami de l'accusé orientent rapidement l'enquête. Le jeune homme raconte que le mis en cause lui a confié la nuit des faits avoir donné rendez-vous à Shaïna pour la tuer.

Ce témoin livre des détails connus des seuls enquêteurs. Shaïna refusait d'avorter, révèle-t-il encore.

Des éléments de téléphonie incriminent aussi l'accusé, dont le portable, comme celui de Shaïna, a borné près du cabanon peu avant les faits.

- "Long calvaire" -

Un codétenu l'aurait entendu "dire fièrement" qu'il avait "tué sa copine, qui était +une pute+, qu'il avait +mise enceinte+", voulant éviter que sa famille l'apprenne. En prison, il disait "préférer prendre 30 ans qu'être le père d'un bâtard", selon un autre détenu.

Ce terme a été répété à la barre par le témoin à charge lundi. "Ça été un moment dur pour les parties civiles, d'entendre dire que leur fille +n'était qu'une pute+ et que c'est ce qui a motivé le crime. C'est terrible," a souligné Me Haeri.

Pour Me Haeri, la mort de Shaïna "est le point culminant d'un long calvaire", enclenché par des agressions sexuelles subies deux ans plus tôt, et dont les images avaient été diffusées sur les réseaux sociaux.

Quatre autres jeunes de sa cité ont été condamnés jeudi en appel pour ces faits, à des peines allant de six mois à deux ans de prison avec sursis.

Shaïna a été traitée "comme une chose, avec qui on couche, mais qu'on peut supprimer", déplore l'avocate.

Le nombre de féminicides a augmenté de 20% en France en 2021 par rapport à l'année précédente, avec 122 femmes tuées par leur conjoint ou ex-conjoint, selon le ministère de l'Intérieur.

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