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Les décolletés plongeants et les dos nus ne sont plus réservés aux femmes fatales: sur les podiums de la Fashion week parisienne, l'homme montre sa peau jusqu'au bout des orteils.
Le short très court est la pièce phare de la collection Hermès. "Les garçons ont des belles jambes aussi, il serait temps de voir les jambes des garçons! Je ne fais pas encore des jupes, mais j'aime bien les shorts et shorts courts", explique la directrice artistique, Véronique Nichanian.
Aussi bien avec un manteau ou un costume formel qu'avec un short pailleté, l'homme Dries Van Noten est chaussé de tongs.
"J'aime bien avoir le côté nu, avec la transparence, les grands décolletés, mais aussi aux pieds. J'ai essayé de trouver quelque chose de différent", commente pour l'AFP le styliste belge. C'est ainsi que se définit "une nouvelle élégance".
"Dries Van Noten ne déçoit jamais" mais cette collection "exceptionnellement forte" a été "un triomphe", remarque Simon Longland, directeur d'achats chez Harrods, dans une note transmise à l'AFP.
Jonathan Anderson, directeur artistique de Loewe, a présenté le dos nu sous un angle ironique, avec un énorme sac rectangulaire porté comme un bouclier sur l'avant et accroché avec des rubans autour des épaules.
"Je cherche toujours des contradictions chez les hommes et chez les femmes. Comment brouiller tout ça?", interroge-t-il.
- Assumer le corps -
Le duo français Florentin Glémarec et Kévin Nompeix, fondateurs de la jeune marque Egonlab, a fait grimper la température avec des vestes de costume au décolleté carré découvrant la poitrine ou des pantalons taille très basse dévoilant la chute de rein.
"Cette saison, on a beaucoup de peau", résume Florentin Glémarec, interrogé par l'AFP.
"On a voulu s'affranchir de tous les codes, surtout dans le tailoring (costumes, manteaux...), le remplacer par quelque chose de plus créatif, de plus fun", souligne Kévin Nompeix.
L'idée est de permettre aux gens de "ne plus avoir peur de leur corps. Ne pas se cacher derrière les vêtements mais les utiliser comme un outil pour transcender qui on est", ajoute-t-il. "On a un vestiaire non-genré, que ce soit masculin ou féminin ou les deux, toutes les combinaisons sont gagnantes."
Même son de cloche chez le franco-turc Burc Akyol, qui a débuté lors de cette Fashion week avec une de ses pièces signature: le pantalon "sultan" fluide et fendu, laissant découvrir des jambes poilues.
Ce vêtement "est inspiré du sarouel kurde, turc ou iranien, on voulait le rendre sexy", précise à l'AFP le créateur, qui a "toujours trouvé que les personnes qui cachaient le corps dans leur design étaient dans le déni".
- Sensuel et sportif -
Chez l'Espagnol Arturo Obegero, on sort torse nu ou dans un ensemble body-pantalon qui a l'allure de bas s'arrêtant à mi-cuisse. Il a imaginé un "surfeur du soir" sur la Seine, avec une silhouette "romantique et séductrice", détaille-t-il à l'AFP.
Avec ses décolletés sur des pulls et des chemises décorés par des chaînes ou une sangle, Anthony Alvarez, de la marque française Bluemarble, s'inspire de l'univers du surf et du skate en Californie et de "son état d'esprit toujours jeune".
Dans le vestiaire multifonction de Givenchy, la nudité a aussi une allure sportive avec des gilets utilitaires portés à même la peau.
"Cette nudité est très révélatrice au moment où l'on parle beaucoup de la fluidité du genre", analyse l'historien de la mode Olivier Gabet, directeur du département des objets d'art au Louvre.
"Les jeunes créateurs n'ont pas la même habitude de compartimenter, leur collection est souvent un mélange homme-femme, pas forcément dans la fluidité des genres mais dans l'intelligence presque commerciale d'organiser des collections", poursuit-il, interrogé par l'AFP.
"Le fait de montrer le dos, le bas des fesses, pendant longtemps, était réservé à Mireille Darc. Maintenant pourquoi pas aux hommes ?", termine-t-il, évoquant une scène culte du cinéma français: lorsque, dans "Le grand blond avec une chaussure noire", l'actrice, en robe noire Guy Laroche très sage de face, se retourne et dévoile sa chute de rein.
L'acteur Timothée Chalamet l'a bien compris, apparaissant dans un costume rouge laissant son dos complètement découvert, à la Mostra de Venise l'an dernier.