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Pour un "Equateur sans peur", Jan Topic, l'ex-légionnaire français qui se verrait bien président

"Mercenaire français", "Rambo", "Bukele équatorien"... le nombre de ses surnoms est proportionnel à son profil atypique : Jan Topic, ex-légionnaire français et entrepreneur à succès apparaît comme l'un des outsiders à la présidentielle anticipée du 20 août en Equateur.

Solide gaillard de 40 ans, un mètre quatre-vingt, barbu, tatoué et souriant, M. Topic s'est forgé une image décontractée au milieu d'une campagne presque déjà lancée dans laquelle il répète comme un mantra que "l'Equateur mérite de vivre sans peur".

Patron prospère dans la ville portuaire de Guayaquil, Jan Topic figure parmi les huit candidats déclarés au scrutin anticipé, dans un pays plongé dans une crise institutionnelle et frappé de plein fouet par la violence du narcotrafic.

Les principaux candidats déclarés sont pour l'instant l'indigène Yaku Perez, Otto Sonnenholzner, l'ancien vice-président de Lenin Moreno (2017-2021) ou encore Luisa Gonzalez pour la gauche, seule femme en lice et partisane de l'ex-président socialiste Rafael Correa (2007-2017).

Selon les derniers sondages, il fait figure de challenger. Mais la presse nationale s'accorde à dire qu'il fait déjà "fureur sur les réseaux sociaux", et que son discours de fermeté contre la criminalité fait mouche.

- "Conviction" et 2eREP -

Jan Topic a ses groupies qui lui réclament d’innombrables selfies et auxquelles il promet une action sans concession contre le crime organisé, les extorsions, les enlèvements en plein essor, et la construction de plus de prisons.

Sa référence : le président salvadorien Nayib Bukele, populaire pour avoir considérablement réduit par des méthodes expéditives l'influence des "maras", ces bandes criminelles d'Amérique centrale.

"J'ai de la sympathie pour Bukele", mais bientôt "on le surnommera le Topic du Salvador", plaisante-t-il lors d'un entretien avec l'AFP sur la terrasse de l'entreprise familiale à Guayaquil, deuxième ville du pays et aujourd'hui agglomération la plus touchée par la criminalité et le trafic de drogue, où il a installé son QG de campagne.

D'origine croate par son père et française par sa mère, Jan Topic est un ancien parachutiste et sniper de la Légion étrangère de l'armée française. Cinq ans au sein du prestigieux 2eREP (Régiment étranger parachutiste), de 2006 à 2011. Avec des déploiements en Centrafrique, Djibouti, et Côte d'Ivoire notamment.

Sa biographie officielle de candidat mentionne également, sans autre précision, des passages en 2012 pendant la "guerre civile en Syrie", et en 2022 pour la "guerre en Ukraine".

Alors qu'il étudie l'économie et les mathématiques à l'université de Pennsylvanie, aux Etats-Unis, les attentats du 11 septembre 2001 qui frappent l'Amérique en plein coeur sont pour lui un appel à "s'engager dans la guerre contre le terrorisme".

"J'avais le sentiment profond de ne pas jouer mon rôle", confesse-t-il. Après l'obtention de son diplôme, il quitte son emploi à Wall Street et s'engage dans la Légion étrangère.

Il refuse cependant d'être qualifié de "mercenaire". "Ça ne colle pas. Parce qu'un mercenaire va au combat pour l'argent. Je suis entré dans la Légion par conviction", jure-t-il.

Son entreprise de gardiennage et sécurité, "Cajamarca", fondée en 2013, est désormais valorisée à au moins 7 millions de dollars, avec pour clients de grands clubs de football et filiales locales de multinationales. Son autre société, Telconet (fondée par son père en 1995), spécialisée dans les télécommunications, compte plus de 4.600 employés, avec des activités dans trois autres pays d'Amérique latine.

- "Rambo de Sambo" -

"Il ne s'agit pas de déclarer la guerre (aux mafias), la guerre a déjà commencé", affirme celui se disant le seul candidat à avoir assez de "courage et de détermination pour agir" et mettre au pas les organisations criminelles.

Son biceps musculeux porte un tatouage noir en arabe : "la mort a peur de lui car il a un cœur de lion", traduit Jan Topic, expliquant qu'il s'agit d'un adage entendu de la bouche d'un soldat en Somalie. Sa peau est également marquée de la flamme de la Légion étrangère et d'un symbole biblique.

Au début sans parti politique derrière lui, le candidat est désormais soutenu par "l'Alliance pour un pays sans peur", composée de trois partis, de droite, du centre et de centre-gauche.

Ce père de trois enfants se définit comme étant de droite concernant l'économie, l'ouverture des marchés, l'austérité, mais de gauche sur les questions sociales.

L'un de ses projets est de fournir de la nourriture gratuite dans les écoles publiques afin que les enfants "ne deviennent pas des sicarios (tueurs) pour les gangs".

Après avoir fait la guerre pour les autres, qu'a-t-il appris ? "La nécessité d'avoir des plans pour presque tout", affirme le "Rambo de Sambo", un autre de ses surnoms car il vit dans la zone luxueuse de Samborondón.

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