Accueil Actu Monde France

Selon Macron, la France "aurait pu arrêter le génocide" au Rwanda mais n'en a "pas eu la volonté"

Emmanuel Macron ne se rendra pas au Rwanda pour les commémorations du génocide mais il s'exprimera "par une vidéo qui sera publiée sur ses réseaux sociaux", et dont la teneur a été en partie dévoilée par l’Elysée.

Emmanuel Macron avait 16 ans le 7 mars 1994, ce qui lui donne une liberté de ton et d'action. Dès 2019, il avait demandé un rapport à une commission d'historiens. Ce rapport concluait que la France avait contribué à renforcer la dérive raciste et le surarmement du pouvoir Hutu de l'époque, mais sans aller jusqu'à la complicité. Dès 2021, à Kigali Emmanuel Macron avait déjà reconnu les responsabilités de la France dans le génocide.

Cette fois, il ira plus loin. Selon l'Elysée, il rappellera que quand la phase d'extermination totale contre les Tutsis a commencé, la communauté internationale avait les moyens de savoir et d'agir. Par sa connaissance des génocides des Arméniens et de la Shoah, la France, qui aurait pu arrêter le génocide avec ses alliés occidentaux et africains, n'en a pas eu la volonté. Après le massacre des 10 casques bleus belges qui protégeaient la première ministre assassinée le 7 mars, l'ONU avait retiré ses troupes dans les 15 jours.

Mais même s'il évoque un partage de responsabilités, Emmanuel Macron va à l'encontre de la version officielle défendue pendant des années par l'entourage de François Mitterrand et notamment Hubert Védrine, ex-secrétaire général de l'Elysée. Pour lui, ce qu'il s'est passé est atroce. La France est le seul pays qui a tenté d'intervenir. C'est un pompier qui a échoué. Mais on peut faire tous les reproches qu'on veut, sauf celui de la complicité. Il fait référence à l'opération turquoise déclenchée en juin 1994 par l'armée française. On lui reproche d'avoir permis au génocidaire Hutu de fuir au Congo. L'histoire n'a pas encore tranché, mais on sait que François Mitterrand était opposé au FPR de l'actuel président Kagame, qu'il considérait comme une force anglophone venue d'Ouganda qui pourrait faire reculer la francophonie en Afrique.

Aujourd'hui, l'attitude d'Emmanuel Macron a permis un début de réconciliation. Même si le collectif qui pourchasse depuis des années les génocidaires estime qu'il faut aller jusqu'à reconnaître la complicité de l'État français. Invité par le président rwandais Paul Kagame aux commémorations du génocide dimanche, Emmanuel Macron ne s'y rendra pas. Il sera représenté par son ministre des Affaires étrangères et surtout, très symboliquement, par le secrétaire d'État à la mairie, Hervé Berville, un Tutsi orphelin du génocide né en 1990 au Rwanda et adopté plus tard en France.

À lire aussi

Sélectionné pour vous