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Joe Biden s'offre mardi un cadre somptueux, celui du Grand Canyon, pour se poser en champion de la lutte contre le changement climatique et, campagne oblige, pour se distinguer ainsi de la droite républicaine.
Le président américain, entamant dans l'Arizona une tournée de trois jours dans le sud-ouest des Etats-Unis, a créé un nouveau "monument national", une zone protégée autour de cette merveille naturelle.
Faisant face au Grand Canyon, le démocrate de 80 ans, protégé du soleil par sa casquette et ses lunettes noires, a signé face au Grand Canyon l'acte de naissance de cette zone protégée dans un paysage de broussailles et de formations rocheuses.
"Préserver ces terres n'est pas seulement bon pour l'Arizona et la planète. C'est bon pour l'économie. C'est bon pour l'âme de notre nation", a-t-il déclaré.
Un "monument national" désigne une zone dont la richesse naturelle, ou la signification historique, ou les deux, valent une protection particulière de l'Etat fédéral.
- "Les pas de nos ancêtres" -
Le territoire créé mardi, de plus de 400.000 hectares, portera le nom de Baaj Nwaavjo I'tah Kukveni. Baaj Nwaavjo, dans la langue des indiens Havasupai, signifie "la terre des tribus", tandis que I'tah Kukveni, en langage hopi, veut dire: "Dans les pas de nos ancêtres".
Les tribus locales, pour qui ces terres ont une grande importance spirituelle, réclamaient qu'elles soient à l'avenir protégées de toute extraction d'uranium. Ce sera donc chose faite, même si la Maison Blanche a précisé que les droits d'exploitation existants ne seraient pas retirés.
Le Sierra Club, influente organisation de défense de l'environnement, a salué une "décision historique", qui "assure que ces terres seront protégées pour les générations futures."
Joe Biden a ensuite prévu de s'offrir mardi un moment de contemplation du Grand Canyon lui-même, cette gorge plongeant à plus de 1.500 mètres, creusée par le fleuve Colorado dans des strates de roche aux couleurs changeantes. Cette attraction touristique mondiale est déjà protégée par son statut de parc national, officialisé en 1919.
"Nous avons encore beaucoup de travail pour combattre la menace existentielle du changement climatique", a dit le démocrate, évoquant les épisodes de chaleur extrême, les incendies et la sécheresse qui frappent en plusieurs endroits le territoire américain.
Joe Biden, qui briguera un second mandat lors de la présidentielle de 2024, utilise aussi ce déplacement pour bien se distinguer de l'opposition républicaine.
- "Sur la bonne voie" -
Faisant référence aux tribus indiennes chassées de leurs terres, il a par exemple fustigé, sans les nommer, les responsables de certains Etats conservateurs qui "cherchent à interdire des livres et à enterrer l'histoire."
Il a aussi reproché aux élus les plus radicaux du Parti républicain de vouloir "défaire" la pièce maîtresse de son mandat, l'"Inflation Reduction Act".
Ce texte, ainsi nommé parce qu'à l'époque le pays subissait une flambée des prix, a été signé le 16 août 2022.
La Maison Blanche veut marquer l'anniversaire de cet énorme plan de subventions et d'incitations à la transition énergétique, que Joe Biden a une fois encore qualifié mardi de "plus grande loi en faveur du climat non seulement de l'histoire des Etats-Unis, mais de l'histoire du monde."
L'exécutif américain promet de diviser par deux d'ici 2030 les émissions de CO2 du pays d'ici. "Nous sommes sur la bonne voie", a clamé mardi Joe Biden, même si de nombreux experts, tout en applaudissant les initiatives du démocrate, estiment que le compte n'y sera pas tout à fait.
L'"Inflation Reduction Act" promet 370 milliards de dollars d'investissements dans la transition énergétique, notamment pour la fabrication de batteries pour voitures électriques ou les panneaux solaires.
Alors que les créations d'usines s'accumulent aux Etats-Unis, c'est sur cet aspect économique qu'insistera Joe Biden pendant son déplacement, mercredi, au Nouveau-Mexique.
"Les Américains ne croient pas aux messages de Biden sur les Bidenomics", du nom donné par la Maison Blanche aux réformes économiques du démocrate, a taclé mardi le parti républicain dans un communiqué, promettant de "continuer à proposer aux électeurs un choix clair à l'automne prochain: celui de la raison face à la folie".