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Des restes humains ont été découverts mardi sur des terrains militaires en Uruguay dans le cadre de fouilles pour retrouver des personnes disparues lors de la dictature entre 1973 et 1985, ont annoncé les autorités.
"Nous supposons qu'il s'agit d'un détenu disparu, étant donné le lieu de la découverte", a indiqué à l'AFP Ricardo Perciballe, chef du bureau du procureur spécialisé dans les crimes contre l'humanité.
Les restes ont été découverts à 100 mètres environ de l'endroit où, en 2011 et 2012, avaient été retrouvés ceux de deux hommes disparus durant le régime militaire, a-t-il précisé.
Cette découverte a eu lieu sur la base du 14ème bataillon d'infanterie parachutiste à Toledo, à 25 km au nord de Montevideo, qui avait été utilisée pendant la dictature comme centre de détention et de torture.
Cette base s'étend sur 410 hectares, dont 32 hectares sont interdits de toute utilisation par la justice afin de faciliter la recherche de corps.
"Des travaux sont menés dans cette zone car des indices existent sur la possibilité d'autres découvertes", selon M. Perciballe.
"Un comité interdisciplinaire sera formé avec des anthropologues et des experts médico-légaux pour établir la cause du décès et extraire des échantillons d'ADN afin d'établir l'identité" de la personne, a-t-il ajouté.
- Tombe clandestine -
Selon Wilder Tyler, directeur de l'Institution nationale des droits de l'homme et du médiateur (INDDHH), l'organisme qui est légalement chargé de la recherche des restes des détenus disparus, il faudra plusieurs jours pour récupérer les restes et encore plus de temps pour les identifier.
"Il y a un crâne et d'autres morceaux d'os. C'est dans une tombe, une tombe manifestement clandestine, qui contient beaucoup de chaux et apparemment une dalle sur le dessus", a-t-il déclaré aux journalistes.
L'INDDHH mène des recherches dans cette base militaire depuis 2020 "sur la base de témoignages que nous avons depuis un certain temps", a-t-il ajouté.
Jusqu'à présent, les restes de cinq détenus disparus pendant la dictature ont été trouvés sur des terrains militaires du pays.
La fouille de sites ayant servi de centres de détention pendant la dictature a commencé en 2005 lors du premier mandat du président de gauche Tabaré Vazquez (2005-2010, puis 2015-2020).
"Nous espérons que la découverte d'aujourd'hui apportera la paix à une famille", a déclaré le ministre de la Défense Javier Garcia aux journalistes, après avoir visité le site des fouilles.
Des représentants de l'association Mères et parents de détenus et disparus uruguayens ont annoncé qu'ils se rendront sur le site mercredi.
"Cette découverte bouleverse tout ce que nous avons vécu jusqu'à présent, car nous recherchons nos proches depuis près de 50 ans", a déclaré Ignacio Errandonea, dont le frère Juan Pablo a disparu en 1976.
Un total de 197 personnes ont disparu entre 1968 et 1985, selon des données officielles. Ce chiffre comprend les disparitions survenues dans le petit pays d'Amérique du sud, mais aussi celles dont l'Etat uruguayen est responsable hors de ses frontières.
En Argentine, pays voisin, quelque 30.000 personnes sont mortes ou ont disparu pendant la dictature (1976-1983), selon les estimations des ONG de défense des droits humains.