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L'Inde commence à voter avec le nationaliste hindou Modi pour favori

L'Inde commence à voter vendredi dans le cadre d'élections générales que le Premier ministre nationaliste hindou Narendra Modi semble presque assuré d'emporter face à une opposition à la peine.

Une longue file d'attente s'est formée devant un bureau de vote dès l'ouverture à Haridwar, important lieu de pèlerinage hindou sur les rives du Gange et l'une des premières villes à voter dans le cadre de ces élections.

M. Modi a aussitôt exhorté les électeurs de la première phase du scrutin, qui en compte sept, à "exercer leur droit de vote en nombre record", en particulier les jeunes et ceux qui votent pour la première fois.

"Chaque vote compte et chaque voix est importante", a-t-il ajouté sur le réseau social X.

Le Congrès, principal parti d'opposition en Inde, a lui rappelé aux électeurs, sur la même plateforme, que leur "vote peut mettre fin à l'inflation, au chômage, à la haine et à l'injustice", et de souligner : "Assurez-vous de voter", "N'oubliez pas de voter".

Au total, 968 millions d'Indiens sont appelés à élire les 543 membres de la chambre basse, soit plus que la population totale des Etats-Unis, de l'Union européenne et de la Russie réunis.

Les élections se déroulent jusqu'au 1er juin, avec plus d'un million de bureaux de vote à travers le pays.

Les bulletins de vote de tout le pays seront dépouillés le 4 juin. Les résultats sont généralement annoncés le même jour.

M. Modi, âgé de 73 ans, est encore très populaire après deux mandats, au cours desquels l'Inde a accru son influence diplomatique et son poids économique.

Une enquête Pew de 2023 indiquait que M. Modi était perçu favorablement par près de 80% des Indiens.

Il a déjà donné au parti nationaliste hindou Bharatiya Janata (BJP) deux victoires écrasantes en 2014 et 2019 en jouant sur la fibre religieuse de l'électorat hindou.

Cette année, il a inauguré dans la ville d'Ayodhya un grand temple dédié à la divinité hindoue Ram, bâti sur le site d'une mosquée vieille de plusieurs siècles détruite par des fanatiques hindous.

Cet événement, très attendu par ses militants, a bénéficié d'une ample couverture médiatique et de festivités publiques dans toute l'Inde.

Les analystes politiques l'ont d'ores et déjà donné vainqueur face à une coalition de partis d'opposition qui n'a pas encore nommé son candidat pour le poste de Premier ministre.

- "Modèle de répression" -

Ses perspectives ont été renforcées par plusieurs enquêtes criminelles contre ses opposants.

Les comptes bancaires du Congrès sont gelés depuis février par le fisc indien, à la suite d'un différend sur des déclarations de revenu datant d'il y a cinq ans.

"Nous n'avons pas d'argent pour faire campagne, nous ne pouvons pas soutenir nos candidats", a prévenu son chef Rahul Gandhi en mars. "Notre faculté de livrer la bataille électorale a été endommagée."

M. Gandhi, 53 ans, dont le père, la grand-mère et l'arrière-grand-père ont tous été Premier ministre, a été brièvement écarté du Parlement l'an dernier après avoir été reconnu coupable de diffamation.

Présenté par M. Modi comme déconnecté de la réalité indienne, M. Gandhi a cherché à se rapprocher de la population en organisant deux marches à travers le pays.

Mais après deux défaites successives contre M. Modi, rien n'indique que ses efforts pour entamer la popularité du Premier ministre soient couronnés de succès.

Il accuse le gouvernement d'un certain recul démocratique et fustige ses appels à la foi majoritaire de l'Inde, au détriment d'importantes minorités, dont 210 millions d'Indiens musulmans, inquiètes pour leur avenir.

Les mandats de M. Modi ont été marqués par "un modèle de répression visant à saper la démocratie et l'espace civique", a dénoncé mercredi l'association de défense des droits CIVICUS dans un rapport.

- Opposition neutralisée -

Le Congrès, qui a dirigé le pays presque sans interruption pendant des décennies après l'indépendance de l'Inde, n'est plus que l'ombre de lui-même et ne gouverne plus que dans trois des 28 Etats du pays.

Ses dirigeants ont constitué une coalition avec plus d'une vingtaine de partis régionaux pour affronter le BJP et ses rouages électoraux bien huilés et généreusement financés.

Mais le bloc est en proie à des différends sur les accords de partage des sièges et a subi la défection d'un de ses dirigeants en faveur du gouvernement.

La coalition accuse le gouvernement de M. Modi d'instrumentaliser la justice pour neutraliser certains dirigeants de l'opposition comme le ministre en chef de Delhi Arvind Kejriwal.

Arrêté en mars, ce dernier est actuellement en détention, son parti ayant été accusé d'avoir perçu des pots-de-vin en échange de licences d'alcool accordées à des entreprises privées.

Sous les mandats de M. Modi, l'Inde est devenue la cinquième économie mondiale devant le Royaume-Uni, l'ancienne puissance coloniale.

Et les pays occidentaux se pressent de courtiser cet allié potentiel pour lutter contre l'affirmation croissante de la Chine, grande rivale dans la région et ce, malgré les avertissements des défenseurs des droits sur le recul de la liberté de la presse.

Depuis l'arrivée au pouvoir de M. Modi en 2014, l'Inde a perdu 21 places dans le classement mondial de la liberté de la presse établi par Reporters sans frontières (RSF), se situant au 161e rang sur 180 pays.

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