Partager:
Dengue, chikungunya, lèpre... l'OMS a appelé lundi à investir davantage dans la lutte contre les maladies tropicales négligées, dont souffrent plus de 1,6 milliard de personnes, pathologies délaissées car elles ne touchent que les pays les plus pauvres du monde.
Les maladies tropicales négligées (MTN) sévissent dans les régions où la salubrité de l'eau, l'assainissement et l'accès aux soins de santé laissent à désirer.
"Ces maladies sont +négligées+ parce qu'elles sont presque absentes du programme d'action sanitaire mondial", a souligné le directeur général de l'Organisation mondiale de la santé, Tedros Adhanom Ghebreyesus, dans un message publié à l'occasion de la Journée mondiale des MTN.
"Peu de fonds leur sont consacrés et elles s'accompagnent d'une stigmatisation et d'une exclusion sociale", a-t-il ajouté.
En 2021, environ 1,65 milliard de personnes avaient besoin d'être traitées pour au moins une de ces MTN, soit 80 millions de moins qu'en 2020.
Le nombre de personnes ayant besoin d'un traitement a baissé au cours de la dernière décennie. Elles étaient encore 2,19 milliards en 2010, a indiqué l'OMS dans un nouveau rapport.
Mais 16 pays représentent 80% du fardeau mondial des MTN. Ils comprennent la République démocratique du Congo, l'Egypte, l'Ethiopie, l'Inde, le Nigéria, le Pakistan, les Philippines et la Tanzanie.
Malgré les difficultés à combattre ces maladies, 47 pays avaient éliminé au moins l'une d'entre elles à la fin de 2022. Et huit de ces pays en avaient éliminé une rien que l'an dernier.
"Dans le monde entier, des millions de personnes ont été libérées du fardeau des maladies tropicales négligées", s'est félicité le Dr Tedros, tout en soulignant que beaucoup restait encore à faire.
"La bonne nouvelle, c'est que nous disposons des outils et du savoir-faire non seulement pour sauver des vies et prévenir les souffrances, mais aussi pour libérer des communautés et des pays entiers de ces maladies", a-t-il relevé.
- "Il est temps d'agir" -
Les MTN constituent un groupe diversifié de 20 affections qui sévissent principalement dans les zones tropicales, où elles touchent les communautés les plus pauvres. Ces maladies, telles que la maladie de Chagas, la dengue, le chikungunya et la lèpre, sont dues à différents agents pathogènes (virus, bactéries, parasites, champignons et toxines).
Leur épidémiologie est complexe et souvent liée aux conditions environnementales. Nombre d'entre elles sont transmises par des vecteurs, proviennent de réservoirs animaux et sont associées à des "cycles de vie complexes", selon l'OMS.
Tous ces facteurs rendent la lutte contre ces maladies difficile en termes de santé publique.
En outre, la pandémie de Covid-19 et l'évolution dans le domaine du financement, rendent difficile la lutte contre les MTN.
"Il est temps d'agir maintenant, d'agir ensemble et d'investir dans les MTN", a demandé le Dr Tedros.
Selon le directeur du département des MTN à l'OMS, le Dr Socé Fall, ces maladies sont délaissées par la communauté internationale car elles ne touchent pas les pays développés.
En guise de comparaison, il a souligné que la lutte contre la Mpox (anciennement appelée variole du singe) n'avait commencé que lorsque la maladie avait commencé à se propager dans les pays riches l'an dernier, alors que la maladie était endémique depuis de nombreuses années dans des pays d'Afrique.
"Nous sommes loin" d'avoir atteint le niveau d'investissement nécessaire pour lutter contre les MTN, a-t-il dit aux journalistes vendredi dernier.
"Il est temps maintenant d'avoir plus d'équité. Nous devons protéger les gens où qu'ils soient, et quelle que soit leur condition sociale", a-t-il demandé.