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Nouvelle-Calédonie: l'exécutif sous pression pour trouver une sortie de crise

Emmanuel Macron tente de trouver une sortie de crise après des nuits d'émeute en Nouvelle-Calédonie qui ont fait quatre morts, dont un gendarme, et des centaines de blessés: après s'être résolu à déclarer l'état d'urgence, il présidera jeudi matin une "réunion de suivi" sur la situation.

L'état d'urgence, qui entre en vigueur à partir de 20H00, heure de Paris (05H00 à Nouméa), permet à l'Etat de disposer de compétences renforcées pour assurer le maintien de l'ordre.

Gabriel Attal a pour sa part annoncé mercredi soir le déploiement de militaires "pour sécuriser" les ports et l'aéroport de Nouvelle-Calédonie ainsi que l'interdiction du réseau social TikTok, en ouverture d'une réunion interministérielle de crise au ministère de l'Intérieur.

Il doit à nouveau présider un point jeudi à 8H30 à Beauvau.

Signe de la gravité de la situation: le président de la République a "reporté" un déplacement prévu de longue date à Flamanville (Manche), où il devait inaugurer l'EPR, un réacteur nucléaire de nouvelle génération dont la mise en service, après des années de retard et déconvenues, symbolise sa stratégie de souveraineté énergétique, l'un des principaux piliers de son quinquennat (et de la campagne européenne menée par son camp).

Car la situation demeure plus que jamais instable en Nouvelle-Calédonie, alors que l'instauration d'un couvre-feu nocturne à Nouméa n'a pas fait retomber la tension.

"Toutes les violences sont intolérables et feront l'objet d'une réponse implacable", a promis le chef de l'Etat dans un communiqué, publié avant l'annonce de la mort d'un gendarme, quatrième victime depuis le début des heurts.

En cause: une réforme du corps électoral local, contestée par les indépendantistes kanaks qui redoutent d'être mis en minorité.

- Réforme constitutionnelle -

Les violences qui ont éclaté dès lundi n'ont pas empêché les députés de voter dans la nuit de mardi à mercredi ce projet de loi constitutionnelle, qui doit encore être définitivement adopté par l'Assemblée nationale et le Sénat réunis en Congrès.

Cette dernière étape interviendra "avant la fin juin", à moins d'un accord entre les forces politiques locales, a prévenu M. Macron.

Gabriel Attal a annoncé qu'il proposerait "dans les prochaines heures une date pour les recevoir à Matignon" avec Gérald Darmanin, afin de "construire" une "solution politique globale".

"Si nous trouvons un consensus, nous pourrons continuer à avancer. Si le consensus n'est pas trouvé, nous devrons continuer à avancer aussi de la manière dont nous l'avions prévu", a ajouté le chef du gouvernement lors des questions d'actualité au Sénat, en rappelant que "le retour à l'ordre est un préalable à tout".

Mais, pour l'ancien conseiller de Michel Rocard à l'époque des accords de Matignon de 1988, Jean-François-Merle, "le calendrier comme couperet, ça ne marche jamais, ça produit l'effet inverse".

"Maintenant que le feu est déclenché", il va falloir "trouver une solution de médiation" avec "des gens qui puissent être considérés comme au-dessus de la mêlée", a-t-il ajouté auprès de l'AFP, acquiesçant à la piste de l'ex-Premier ministre Lionel Jospin évoquée dans la presse et observant que "quelqu'un comme Edouard Philippe aurait aussi sa légitimité".

- "Les gestes qui apaisent" -

Un autre ancien chef de gouvernement, le socialiste Jean-Marc Ayrault a lui aussi déclaré à l'AFP qu'il fallait "absolument mettre en place une mission de dialogue".

Mais "si le délai, c'est fin juin, c'est un peu court", a-t-il souligné, rappelant que le Conseil d'Etat a fixé "la date ultime pour tenir des élections provinciales en décembre 2025".

Il est donc "encore temps de rétablir la confiance, mais sans surenchère", a-t-il insisté.

Sauf que les oppositions font monter la pression autour de la sécurité de l'archipel. "Il ne peut pas y avoir de dialogue dans la chienlit", a insisté le chef des sénateurs LR, Bruno Retailleau, son homologue à l'Assemblée, Olivier Marleix, estimant qu'"il faut aussi mobiliser l'armée".

A l'extrême droite, Marine Le Pen et Eric Zemmour avaient chacun réclamé l'instauration de l'état d'urgence depuis le début des violences.

L'ancien Premier ministre socialiste Manuel Valls a également estimé auprès de l'AFP que "le retour à l'ordre ne se négocie pas". Néanmoins, "il faut reprendre le fil du dialogue", a-t-il ajouté, assurant que "les bases d'un accord global existent" à condition de "ne pas fermer la possibilité pour les kanaks de revoter un jour" malgré les trois référendums perdus sur l'indépendance.

Jean-Luc Mélenchon a pour sa part interpellé le chef de l'Etat sur X, en appelant aux "gestes qui apaisent", les députés socialistes plaidant de leur côté pour "la suspension du projet de loi constitutionnelle et la non-convocation du Congrès".

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