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Le dirigeant d'extrême droite néerlandais Geert Wilders devra dans les prochains mois rassurer ses partenaires privilégiés - inquiets de ses positions islamophobes et anti-UE - sur plusieurs "aspects constitutionnels" pour tenter de former une coalition, selon un rapport remis lundi à la chambre basse.
Après sa victoire électorale surprise, qui a suscité une onde de choc aux Pays-Bas et au-delà, M. Wilders a désigné un "éclaireur", chargé de faire la navette entre les chefs de parti et de déterminer qui est prêt à travailler avec qui.
Ronald Plasterk, un ancien ministre, a discuté de manière intensive avec M. Wilders et d'autres chefs de parti à droite de l'échiquier, qui hésitent à rejoindre une coalition en raison des opinions les plus extrêmes du chef de file de l'extrême droite néerlandaise.
Dans le système politique néerlandais très fragmenté, où aucun parti n'est assez fort pour gouverner seul, les élections sont généralement suivies de mois de tractations pour parvenir à former un gouvernement.
M. Plasterk a conseillé de nommer d'abord un "informateur", une personne chargées de superviser les négociations pour voir si les quatre partis préférés de M. Wilders pourraient s'entendre sur une "base commune pour sauvegarder la Constitution, les droits fondamentaux et l'État de droit démocratique".
Si les doutes sur l’engagement de M. Wilders à faire respecter la Constitution néerlandaise peuvent être surmontés, les partis pourront passer à l’étape suivante: examiner cinq domaines politiques clés.
Il s'agit de l'immigration, la politique sociale (y compris le coût de la vie et la santé), la bonne gouvernance et les finances publiques stables, la police étrangère et la politique climatique et environnementale.
Les discussions devraient avoir lieu en décembre et janvier, avec un nouveau rapport au Parlement "au plus tard début février", selon le rapport de M. Plasterk.
Ensuite, les partis aborderont les questions de fond: peuvent-ils se mettre d’accord sur des politiques qui pourraient constituer un éventuel accord de coalition ?
Interrogé par les journalistes sur la possibilité que les partis parviennent à surmonter leurs divergences, l'"éclaireur" a répondu: "Je pense qu'ils le peuvent et je pense même qu'ils devraient le faire".
"Le pays doit être gouverné", a ajouté M. Plasterk, soulignant également que les différents partis avec lesquels il a discuté considèrent qu'il ne serait "pas acceptable" de devoir organiser de nouvelles élections.
- 'Ligne rouge' -
Le dirigeant du Parti pour la liberté PVV souhaite former une coalition avec le Mouvement agriculteur-citoyen (BBB), le Parti populaire pour la liberté et la démocratie (VVD) du Premier ministre sortant Mark Rutte et le tout nouveau parti pro-réformes Nouveau Contrat Social.
Le chef du NSC, Pieter Omtzigt, champion de la lutte contre la corruption, a soulevé des objections majeures à ce qu'il a décrit comme des éléments "anticonstitutionnels" dans le manifeste de M. Wilders.
Le manifeste du PVV prévoit un "Nexit", une sortie des Pays-Bas de l'UE, l'interdiction des mosquées, des foulards et du Coran, et l'interruption des livraisons d'armes à l'Ukraine.
"Personne ne doit avoir peur de nous", a lancé M. Wilders la semaine dernière aux journalistes, lors de la prestation de serment des nouveaux députés.
Ce n'est que si les obstacles constitutionnels sont surmontés que les discussions de fond sur la politique commenceront – un processus qui pourrait également durer des mois.
Viendra enfin la formation du gouvernement et la question épineuse de savoir si M. Wilders peut être Premier ministre après les propos qu'il a tenus sur les musulmans et l'Union européenne.
Pendant les négociations, Mark Rutte restera Premier ministre.
Son dernier gouvernement s'est effondré l'été dernier à cause de disputes internes sur l'immigration et il a ensuite annoncé qu'il quittait la politique après un record de 13 ans à la tête du pays.
Il a fallu 271 jours pour former le dernier gouvernement M. Rutte, un autre record.