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Le secrétaire d'Etat Antony Blinken a lié mercredi à Addis Abeba la reprise d'un plus grand partenariat économique avec l'Ethiopie à "la réconciliation et l'établissement des responsabilités" dans les atrocités du conflit au Tigré.
Il a par ailleurs annoncé une aide humanitaire de 331 millions de dollars pour aider les populations touchées par les violences et la sécheresse.
En visite en Ethiopie, notamment pour y renouer avec cet allié historique des liens distendus par ce conflit, M. Blinken s'est entretenu mercredi avec le Premier ministre Abiy Ahmed, puis avec des représentants des autorités rebelles de la région du Tigré, dans le nord de l'Ethiopie.
Les deux parties ont promis d'appliquer l'accord de paix signé le 2 novembre à Pretoria, qui a mis fin à deux ans de conflit meurtrier, a-t-il assuré.
"Nous appelons les (belligérants) Ethiopiens à respecter leur promesse mutuelle de créer un processus de justice transitionnelle" assurant "réconciliation et l'établissement des responsabilités", a déclaré le chef de la diplomatie américaine.
"Obtenir justice, réunir les gens, c'est faire en sorte que la paix dure (...) et que le pays reparte de l'avant", a-t-il insisté.
A mesure que l'Ethiopie progressera dans ce sens, les Etats-Unis accentueront leurs efforts vers "un engagement économique" avec Addis Abeba, a ajouté M. Blinken plus haut responsable américain à visiter le deuxième pays le plus peuplé d'Afrique depuis le déclenchement de la guerre au Tigré, en novembre 2020.
En raison de ce conflit, théâtre selon Washington de crimes contre l'humanité, l'Ethiopie a été exclue en janvier 2022 des bénéficiaires de l'Agoa, initiative américaine qui exempte des pays africains de taxes à l'exportation.
M. Blinken a en revanche annoncé le déblocage de 331 millions de dollars pour "fournir un soutien vital à ceux touchés et déplacés par le conflit, la sécheresse et l'insécurité alimentaire en Ethiopie".
Elle est destinée "à tous - pas seulement un groupe ou une région", a souligné M. Blinken, indiquant implicitement qu'elle n'était pas réservée au Tigré.
Cette somme porte l'assistance humanitaire américaine à l'Ethiopie pour 2023 à 780 millions de dollars, selon le département d'Etat.
Selon l'ONU, plus de 22 millions de personnes, soit près d'un cinquième des 120 millions d'Ethiopiens, ont besoin d'aide humanitaire, en raison des violences à travers le pays ou de la sécheresse qui ravage la Corne de l'Afrique.
Dans la matinée M. Blinken avait souligné "l'objectif de renforcer la relation entre les Etats-Unis et l'Ethiopie": "Il y a beaucoup à faire. Le plus important étant probablement d'enraciner la paix" dans le nord.
"Nous avons des relations anciennes et il est temps de les raviver et d'avancer", avait de son côté lancé son homologue éthiopien Demeke Mekonnen, également vice-Premier ministre.
A l'issue d'une rencontre M. Abiy a indiqué sur Twitter avoir convenu avec M. Blinken "de renforcer les relations bilatérales anciennes entre nos pays, avec une promesse de partenariat".
Prix Nobel de la paix en 2019 pour avoir mis fin à 20 ans de guerre ouverte ou larvée avec l'Erythrée voisine, M. Abiy est, depuis le conflit au Tigré, passé aux yeux de Washington de symbole d'une nouvelle génération de dirigeants africains modernes à un quasi paria.
Abiy Ahmed a envoyé en novembre 2020 l'armée fédérale au Tigré, accusant les autorités régionales qui contestaient son pouvoir depuis plusieurs mois d'y avoir attaqué des bases militaires.
La région était alors dirigée par le Front de libération du Peuple du Tigré (TPLF), parti ayant gouverné de fait l'Ethiopie de 1991 à 2018, progressivement marginalisé par M. Abiy.
Le conflit a débordé dans les régions voisines de l'Amhara et de l'Afar, dont les forces ont soutenu l'armée fédérale, également appuyée par l'armée de l'Erythrée, ennemie historique du TPLF.
L'accord de Pretoria a été négocié et signé sous les auspices de l'Union africaine (UA), mais les Etats-Unis ont joué un rôle crucial auprès des belligérants, selon des sources diplomatiques.
Le bilan exact est difficile à évaluer mais les Etats-Unis estiment que quelque 500.000 personnes ont péri durant ce conflit, plus que depuis l'invasion russe de l'Ukraine.
Si les combats ont cessé au Tigré - dont l'accès est toujours interdit à la presse - d'autres régions éthiopiennes restent le théâtre de conflits sanglants, souvent liés au réveil, sous le gouvernement de M. Abiy, de revendications identitaires et foncières.
La visite de M. Blinken, qui se rendra jeudi au Niger, intervient également sur fond d'efforts du président Joe Biden pour contrer les influences croissantes sur le continent de la Chine et - plus récemment - de la Russie.