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Face à la méfiance des pouvoirs publics européens, TikTok travaillera avec un "partenaire" pour garantir que les données de ses utilisateurs ne sont pas transférées vers la Chine, sur le modèle des mesures prises aux Etats-Unis, a annoncé vendredi l'un des cadres du réseau social à l'AFP.
"Les gouvernements occidentaux ont de réelles inquiétudes au sujet de la Chine et, par conséquent, en tant qu'entreprise fondée par des Chinois, nous sommes davantage tenus de montrer comment nous sécurisons les données de nos utilisateurs", a déclaré Theo Bertram, vice-président chargé des politiques publiques en Europe.
L'application très populaire de vidéos, propriété du géant ByteDance, souhaite donner des gages après la décision de la Commission européenne de bannir l'application sur les appareils professionnels de son personnel, invoquant des inquiétudes en matière de sécurité des données.
Depuis, des mesures similaires ont notamment été prises par le Parlement européen et par le Parlement danois, tandis que la France réfléchit à une interdiction pour ses fonctionnaires.
Dans l'UE, ByteDance fait aussi l'objet d'une enquête de l'Autorité irlandaise de protection de la vie privée, qui le soupçonne d'enfreindre la législation européenne sur la protection des données (RGPD) en matière de traitement des données personnelles des enfants et de transferts de données vers la Chine.
TikTok souhaite donc répliquer le modèle mis en place aux Etats-Unis avec l'entreprise californienne Oracle, chargée depuis l'été 2022 d'héberger les données des utilisateurs dans le pays et d'auditer ses algorithmes.
"Tout notre code est visible par Oracle. Nous ne pouvons pas faire de mise à jour sans passer par eux", a souligné M. Bertram.
Si le projet, qui a déjà coûté 1,5 milliard de dollars à l'application, est approuvé par le Comité sur les investissements étrangers aux Etats-Unis (CFIUS), "Oracle enverra directement les mises à jour de l'application TikTok" sur les magasins d'application des téléphones portables, une "protection" qui bénéficiera aussi aux Européens car l'application "sera la même", a-t-il précisé.
"Pour vraiment convaincre l'opinion publique, nous devons faire de même en Europe", estime Theo Bertram. "Nous travaillons à créer trois nouveaux centres de données et nous travaillerons aussi avec un partenaire", a-t-il ajouté, sans donner plus de détails à ce stade.
L'Europe est le premier marché de TikTok avec 150 millions d'utilisateurs, dont 25 millions au Royaume-Uni. Au niveau mondial, l'application revendique plus d'un milliard d'utilisateurs.
L'AFP, parmi plus d'une dizaine d'organisations de fact-checking, est rémunérée par TikTok dans plusieurs pays d'Asie et d'Océanie, d'Europe, du Moyen-Orient et d'Amérique latine hispanophone pour vérifier des vidéos qui contiennent potentiellement de fausses informations. Les vidéos sont supprimées par TikTok si les équipes de l'AFP démontrent que l'information véhiculée est fausse.