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Kelly, étudiante, doit payer 585€ d'abonnement TEC au lieu de 12€: une simple question d'âge...

A partir de 25 ans, de nombreux avantages s'arrêtent: offres avantageuses pour les transports en commun, allocations familiales, mutuelles des parents, etc. Des aides en moins qui engendrent des frais supplémentaires. Pour les étudiants de plus de 25 ans, cela représente un réel coût, puisque par définition, être étudiant ne rapporte pas d'argent. Kelly, 26 ans, en dernière année d'étude, dénonce ce système qu'elle juge discriminant. 

"Êtes-vous au courant des discriminations envers les étudiants de plus de 25 ans?" Kelly, étudiante de 26 ans en dernière année d'ingénieur en biochimie, nous a contactés via le bouton orange Alertez-nous car elle fait face à un problème que beaucoup d'étudiants de plus de 25 ans rencontrent: la fin des tarifs avantageux, notamment pour les transports en commun, et ce même si on est encore étudiant.

On n'a pas de revenus et l'âge ne change rien

Mais pour suivre ses cours, Kelly doit prendre le train. Et aujourd'hui, ça lui revient trop cher: "Avant, je prenais la carte Campus, ce qui me revenait à un peu plus de 8 euros tous les deux mois. Et maintenant, je suis obligée de prendre un ticket standard, ce qui me revient à 6,10 euros par trajet. Du coup ça me reviendrait à 50 euros par mois", déplore l'étudiante. 

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Ce qui est vrai pour le train l'est aussi pour le TEC: Kelly payait son abonnement 12 €. Désormais, il lui coûterait 585 €. Une belle différence qu'elle ne peut pas se permettre: "Quand j'ai besoin je prend le bus, mais j'essaye de marcher au maximum pour économiser. Je ne trouve pas ça normal de toujours avoir ce statut étudiant mais sans les avantages sous prétexte que j'ai juste 26 ans", dénonce Kelly. 

20% des étudiants du supérieur ont plus de 25 ans

Et pusqu'elle a dépassé l'âge de 25 ans, ses parents ne touchent plus non plus d'allocations: "A partir de 25 ans, même si on est étudiant, on n'est plus considéré comme étudiant aux yeux de l'Etat. On n'a plus d'aides que ce soit pour les transports ou les allocations. Je ne trouve pas ça normal parce qu'être étudiant, ça ne doit pas avoir un âge, tant qu'on est toujours étudiant, on devrait garder ce statut et ses avantages. On n'a pas de revenus et l'âge ne change rien", estime Kelly, qui est directement impactée par cette situation. 

Si elle est toujours aux études aujourd'hui, c'est parce qu'elle a suivi plusieurs formations. Mais son cas est loin d'être isolé. En moyenne, environ 20% des étudiants du supérieur ont plus de 25 ans en Belgique.

Pourtant, l'âge plutôt que le statut est privilégié par la plupart des opérateurs de transport en Belgique. Notamment la SCNB: la limite est fixée dans le contrat de service public avec le gouvernement fédéral. "Traditionnellement, on entame un cursus universitaire ou une Haute école à 18 ans, et en général on a terminé entre 22 et 24 ans. On s'aligne également sur le trafic international, qui limite aussi le tarif jeune à moins de 26 ans. Il faut aussi savoir qu'on est au-delà des autres opérateurs de transport public en Belgique", précise Elisa Roux, porte-parole de la SNCB.

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3 milliards d'euros de budget pour les allocations familiales en Wallonie 

L'explication est surtout budgétaire que ce soit pour les transports ou les allocations familliales qui s'arrêtent à 25 ans. En Wallonie, le budget alloué est de plus de 3 milliards d'euros. Etendre les aides coûterait alors beaucoup d'argent.

Et sans limite d'âge, il serait aussi facile de frauder: "Il y a des difficultés d'ailleurs par rapport au statut, la limite d'âge est une limite objective. Le budget relatif aux allocations familiales est un budget important et donc il n'est pas possible de répondre à quelques situations particulières puisqu'il y a une importance d'avoir une législation de portée générale", explique Valérie De Bue, ministre en charge des Allocations familiales. 

1 étudiant sur 3 vit dans la précarité: un phénomène qui s'accentue 

Côté francophone, l'âge moyen d'obtention d'un diplôme est de 25,5 ans. Dans certains cas, l'arrêt des aides est synonyme de précarité. Emilia Hoxhaj, présidente de la Fédération des Étudiant.e.s Francophones (FEF) dénonce:"Ça a pour conséquence de renforcer la précarité étudiante, d'exclure des étudiants de l'enseignement supérieur qui se disent qu'après un certain âge, ils n'auront plus le droit de suivre des études. On se retrouve avec des objectifs contraires que de rendre les études accessibles à tous ou démocratiques". 

La FEF demande d'élargir les aides pour que le coût des études ne soit pas une barrière. Actuellement en Belgique, 1 étudiant sur 3 vit dans la précarité, soit 80.000 étudiants d'après les chiffres officiels de 2019. Depuis, les nombreuses crises (covid, énergie, inflation) ont fortement augmenté le phénomène. La précarité étudiante est une réalité.

Si vous pensez avoir besoin d'une aide sociale gratuite, n'hésitez pas à contacter l'un des 15 centres d'Infor Jeunes (ici) qui vient en aide aux étudiants en difficulté. 

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