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C'est une situation pour le moins improbable que Jean-Philippe a tenu à nous partager via le bouton orange Alertez-Nous. Il y a un mois, une canalisation explose devant sa maison, créant une véritable inondation sur la chaussée de Drogenbos à Uccle. Sa maison est inhabitable, il doit donc être relogé. Le début du calvaire...
Se retrouver sans domicile fixe, du jour au lendemain. C’est ce qui est arrivé à Jean-Philippe, 50 ans. Cela fait maintenant 2 ans qu'il habite dans sa maison, Chaussée de Drogenbos. Une maison familiale, qu'il tient de sa mère, et qui a fraîchement été rénovée. Nous sommes le 4 janvier lorsque la vie de ce papa de deux filles bascule : “J’étais parti de la maison depuis 20 minutes lorsque je reçois un appel de ma voisine en pleurs. La première chose que j’ai entendu ce sont des cris. Entre deux sanglots, elle me prévient alors qu’il y a environ un mètre d’eau dans ma cuisine.”
Jean-Philippe fait alors directement demi-tour pour revenir à son domicile. Il ne le sait pas encore, mais toute sa rue est complètement inondée. Aux alentours de 18h, une canalisation cède et provoque un important déversement d’eau sur la Chaussée de Drogenbos. Plusieurs habitations sont concernées. La plupart se retrouvent avec des caves inondées. Celle de Jean-Philippe subit de plein de fouet l’inondation, puisque l’eau monte jusqu’au rez-de-chaussée : “L’eau est montée particulièrement vite. Quand je suis arrivé sur place, la chaussée avait l’air d’une rivière. C’était assez impressionnant. Plusieurs pompiers étaient sur place. Je n’ai malheureusement pas pu accéder à ma maison, il y avait un périmètre de sécurité. On nous disait que nos maisons risquaient de s’écrouler. Je me suis retrouvé sans logement du jour au lendemain.”
Heureusement, la maison était vide
Mais dans le chaos, Jean-Philippe reste tout de même soulagé : “Heureusement, la maison était vide. Mes filles n’étaient pas dans la maison. La plus grande venait de partir au cirque avec sa tante. La plus petite était chez sa maman, qui l’accueille une semaine sur deux. Quand ma voisine m’a appelé, j’étais angoissé, mais je n’ose même pas imaginer si elles avaient été à la maison.”
Après le choc, la petite famille doit alors trouver où se loger, le temps que l’eau soit pompée : “La petite est tout naturellement restée chez sa maman. Ma fille la plus grande a dormi chez sa tante. Et pour ma part je suis allée chez ma compagne. On nous a promis de nous reloger très rapidement, donc on ne se faisait pas de soucis.” Pendant quatre jours, nous avons suivi cette organisation, jusqu’au moment où Jean-Philippe reçoit un appel de Farys (la société en charge des canalisations qui ont cédées) : “Leur assistant juridique a pris contact nous et nous a proposé d’être relogés dans un airbnb. J’étais soulagé, parce que je logeais juste à côté de chez moi.”
Jean-Philippe se retourne vers son assurance, mais...
Mais une semaine après, la société met fin au logement. Jean-Philippe doit alors se retourner vers son assurance locative (AG Assurances) pour trouver une solution : “Ils m’ont dit qu’ils pouvaient me loger à l’hôtel mais je leur ai expliqué que ce n’était pas possible. Être dans un hôtel pendant deux mois, ça implique aussi de ne pas pouvoir cuisiner. Je ne peux pas manger tous les jours au restaurant, ce n’est juste pas possible. Pour accueillir mes filles aussi ce ne sont pas les meilleures conditions.” Après quelques discussions, Jean-Philippe est autorisé à temporairement rester dans ce logement. Une situation instable, qui est une source de stress pour le papa : “Je leur ai demandé des nouvelles chaque semaine. On dort, mais on n’est jamais sûr d’avoir toujours un toit le lendemain.”
Finalement la décision tombe quelques semaines plus tard : “La valeur locative de mon bien a été estimée à 1500 euros. On m’a donc donné ce budget-là pour pouvoir trouver un logement. Seulement, c’est le prix d’un logement vide. Je ne peux pas trouver un appartement meublé à Bruxelles, pour trois personnes à ce prix. Il faut au moins compter 1500 euros en plus. Et je ne vais pas pouvoir prendre un appartement vide et ensuite le meubler. C’est juste impossible.” Le papa se retrouve alors dans une véritable impasse : “On vous rajoute une charge mentale pour quelque chose dont vous n’êtes pas responsable. Ça vous tombe dessus, on vous promet de vous reloger et finalement c’est toujours nous qui devons trouver des solutions.”
Il se tourne vers le CPAS
Et c’est ce que Jean-Philippe essaye de faire. Il se dirige alors vers le CPAS pour voir s’il n’y a pas de logements d’urgence disponibles : “J’ai eu une personne du CPAS au téléphone qui me dit clairement qu’elle n’a pas de temps à me consacrer et que le prochain rendez-vous disponible est en mars. Je lui ai clairement dis que ce n’est pas possible et que cela voulait dire que je n’aurais plus de logement à partir du 21 février.” Une autre solution est alors proposée à Jean-Philippe, le centre d’asile de nuit : “Quand j’ai demandé en quoi cela consistait, on m’a dit que c’était un centre pour les personnes sans domicile fixe. Concrètement, je pouvais y passer la nuit, me laver, et ensuite devoir quitter les lieux pendant la journée. C’est juste impensable, sachant que j’ai deux filles. De plus, je travaille.”
Il se retourne vers son assurance qui lui conseille, en dernier recours, de se tourner vers Farys : “Ce qui peut être envisagé, c’est que leur assureur complète le montant proposé par mon assurance pour arriver à un budget correct. Malheureusement, Farys ne me répond pas, ils font les morts. Personne ne veut prendre ses responsabilités.” Jean-Philippe n’a pas le choix que de continuer à payer pour son logement. Plus de 3000€ par mois, sans être sûr d’être remboursé : “Je dois tout régler directement moi-même, et ensuite leur envoyer les factures. Je ne vois aucun remboursement pour l’instant. Je paye, mais je n’ai aucune garantie que tout ça soit remboursé.”
Quelles sont les solutions ?
Le nœud du problème, c'est donc clairement le montant de 1500 euros alloué à Jean-Philippe. Selon Assuralia, quelques options sont disponibles pour pouvoir contester le montant : "La première démarche à effectuer, c'est de s'adresser vers le courtier de son assurance et d'avoir plus de renseignements pour avoir toutes les cartes en main.", conseille Peter Wiels, le porte-parole d'Assuralia.
Ensuite, une plainte peut être adressée au service des plaintes de l'assurance : "Cela permet au dossier, de même que l'aide financière, d'être réexaminés par quelqu'un d'autre. Ce sera d'office un autre gestionnaire que celui qui gère le dossier. Il va alors analyser si tout a été fait correctement, ou si des manquements au dossier sont notés. C'est un peu comme le principe des quatre yeux."
Enfin, si rien ne change du côté de l'assurance, Jean-Philippe peut alors toujours s'adresser à l'ombudsman des assurances. Un ombudsman est une personne qui peut vous aider à régler votre différend avec une organisation publique ou privée. Il peut d'abord se pencher sur une situation problématique dont vous l'informez. Ensuite, il peut faire des recommandations à l'organisation pour tenter de régler votre différend : "Il va faire un examen tout à fait indépendant en analysant toutes les données dont il dispose et voir si cette somme de 1500 euros est justifiée et conforme aux contrats et aux habitudes d'indemnisation dans le genre."
Et la commune dans tout ça ?
Du côté de Thibaud Wyngaard (Ecolo), le premier échevin en charge de la voirie, le ton se veut rassurant : "Il est évident que si le riverain concerné, comme j'ai pu le lui dire, devait ne pas trouver de formule de relogement malgré l'intervention de son assureur ou de celui de Farys, la Commune mettrait tout en ouvre pour trouver une solution. La situation de ce citoyen est particulièrement pénible, nous en sommes pleinement conscients."
Pour Jean-Philippe, le problème principal reste avant tout de pouvoir regagner sa maison. Pour cela, les délais restent encore flous. Mais une chose est sûre, c'est qu'il faudra encore s'armer de patience : "Une société interviendra dans les 3 prochaines semaines pour placer des pieux sous la maison afin de la stabiliser. Ensuite, la société Farys - à qui appartient la canalisation qui s'est rompue - pourra intervenir en voirie. Cela devrait durer une à 2 semaines. Ce sera ensuite le tour des autres impétrants, Vivaqua et Sibelga, pour quelques jours", déclare Thibaud Wyngaard.
Cela signifie encore des mois de doutes et d'incertitudes pour Jean-Philippe, qui doit continuer à trouver des solutions. Aucun espoir de pouvoir regagner sa maison avant début avril 2023.
Mis à jour le 8 mars à 13h. AG Insurance nous indique prendre finalement en charge le airbnb qu'occupe Jean-Philippe. Sa situation est donc désormais réglée.