Accueil Actu

Peter Gabriel reprend Radiohead et Arcade Fire... sans batterie, ni guitare

De Talking Heads à Bon Iver, Peter Gabriel reprend douze perles pop parfois méconnues avec un parti pris radical -- s'interdire batterie et guitare -- sur "Sandcastle - Scratch my back", un album conçu comme le premier volet d'un dialogue entre musiciens.

"L'écriture de chansons est ce qui m'a attiré vers la musique. L'art et la manière d'assembler une bonne chanson me semblait à la fois excitant et magique", dit Peter Gabriel, pour expliquer la génèse de cet album, dans les bacs lundi.

Très éloigné des tubes pop-funk et des incursions dans la world music qui ont fait son succès, "Sandcastle - Scratch my back" repose sur une règle du jeu très inhabituelle. L'ancien chanteur de Genesis a décidé de bannir guitares et percussions pour n'utiliser que cordes, claviers, cuivres et voix.

"La pop a introduit dans l'écriture des chansons l'idée que le son était aussi important que les notes, l'harmonie et le rythme. Je voulais laisser ces chansons parler", expliquait récemment Peter Gabriel dans un entretien au Times.

Avec un tel postulat, certaines des reprises figurant sur le disque s'annonçaient périlleuses. Du moins sur le papier. Car ce sont justement les morceaux les moins évidents qui constituent les perles de l'album.

Culotté, Peter Gabriel remplace les percussions si caractéristiques de Talking Heads par des violons sur "Listening Winds" et s'attaque au groupe canadien Arcade Fire, pourtant lui-même renommé pour l'intensité de ses orchestrations, avec une version sombre et haletante de "My body is a cage".

Dans les moments les plus réussis, il applique avec virtuosité l'art de l'épure.

En ralentissant le tempo et en débarrassant de leurs oripeaux "Heroes" de David Bowie ou "The boy in the bubble" de Paul Simon, il leur confère une fragilité inédite et permet à l'auditeur de (re)découvrir la beauté des textes.

Si elles restent agréables à l'écoute, certaines reprises trop proches des originaux manquent cependant d'intérêt, à l'exemple de "Philadelphia" de Neil Young.

En utilisant des arrangements orchestraux, Peter Gabriel ne parvient pas toujours à éviter l'écueil de la grandiloquence, comme en témoignent ses versions noyées dans la guimauve de "The Power of the heart" de Lou Reed ou de "The book of love" de The Magnetic Fields.

Un des mérites de l'album - et non des moindres - sera de faire découvrir au grand public des artistes et des univers qui lui étaient peut-être jusqu'alors inconnus, tels la délicate pop orchestrale du groupe anglais Elbow, le magnifique folk de Bon Iver ou les chansons théâtrales de Regina Spektor.

Peter Gabriel, qui entamera en mars une série de concerts en Europe et en Amérique (dont le 22 mars à Paris-Bercy), a d'ailleurs conçu cet album comme la première manche d'une partie de ping-pong artistique.

Le chanteur souhaite que "Scratch my back" ("Gratte-moi le dos") soit suivi par "I'll scratch yours" ("Je gratterai le tien"), un album où chacun des artistes repris par Peter Gabriel reprendra à son tour une de ses chansons.

Un premier aperçu de cette suite est disponible sur le site internet de Peter Gabriel. Stephin Merritt de The Magnetic Fields y propose une version électro-disco de "Not one of us", radicalement différente de l'original.

À la une

Sélectionné pour vous