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Ils ont le "pied alpin" comme d'autres ont le pied marin, savent "porter lourd", manoeuvrent en montagne comme des moujahidines afghans: les 450 hommes du 27e bataillon de chasseurs alpins (BCA) sont un peu chez eux sur les pentes de l'Hindu Kush.
Arrivé fin novembre dans l'est de l'Afghanistan pour succéder aux "paras" du 8e RPIMa, le 27e BCA constitue l'ossature du contingent de quelque 700 soldats français qui tiennent les "bases d'opérations avancées" de Tagab et Nijrab, aux côtés d'éléments américains et de l'Armée nationale afghane (ANA).
Le panorama est grandiose sur ce massif annonciateur de l'Hymalaya dont les sommets enneigés culminent à plus de 2.500 mètres.
"Quand on est arrivés ici, on s'est crus dans le massif des Cerces, un des contreforts de la chaîne centrale des Alpes", raconte le patron du 27e BCA, le colonel Nicolas Le Nen.
Ses hommes n'ont cependant pas trop le loisir de contempler le paysage. Les tirs de roquettes sur Tagab et les explosions de mines artisanales au passage des convois blindés rappellent, s'il en était besoin, que le danger ici est omniprésent.
"Depuis notre arrivée, nous avons connu trois accrochages importants au cours desquels on a livré des combats assez violents avec l'ennemi", explique le colonel Le Nen.
Le plus violent remonte au 6 février: trois heures et demie d'affrontement pour désengager une cinquantaine de soldats de l'Armée nationale afghane (ANA) pris sous le feu de l'ennemi.
Partis en reconnaissance dans la vallée d'Alassay, les hommes du 27e BCA s'attendaient à rencontrer les insurgés en franchissant le 63e méridien, leur Rubicon local. Solidement retranché dans la vallée, l'ennemi était au rendez-vous.
"Nous avons tiré 150 obus de 120 mm, plusieurs milliers de cartouches de tous calibres, les avions américains A10 qui nous appuyaient ont délivré plus de 1.300 obus de 30mm et deux bombes de 250 kg", raconte le patron du "27". Bilan, selon les Français: un soldat de l'ANA et sept insurgés tués.
Les hommes du 27e BCA sont tous rentrés sains et saufs, sans doute parce qu'ils ont appliqué à la lettre un vieil adage militaire: "qui tient les hauts tient les bas".
"La vraie plus-value des chasseurs alpins est là", explique l'officier de 43 ans, "nous pensons nos manoeuvres dans un terrain à trois dimensions, de la même manière que notre ennemi".
En déployant une compagnie (150 hommes) sur les lignes de crêtes, le colonel a piégé les insurgés "comme les mouches sous une cloche à fromage".
Dans cette guerre contre des "guérilleros montagnards", les hommes du colonel Le Nen comptent aussi d'autres atouts.
"Nos chasseurs ont le pied alpin, c'est-à-dire qu'ils sont capables de marcher avec jusqu'à 45 kg de matériel sur le dos (armes, munitions, gilet pare-balles...), sans se faire une entorse et sans chuter, et de serpenter entre des barres rocheuses toute une nuit, parce que la différence se fait là", explique-t-il.
Il disposent aussi du VBHM (Véhicule blindé haute mobilité), un petit véhicule à chenilles qui, selon le colonel Le Nen, "permet de sortir des axes routiers, de rouler dans les champs, de s'infiltrer dans les fonds de rivières, sur les pistes ou hors pistes".
Seule petite déception: l'hiver étant particulièrement clément, ils n'ont chaussé qu'une fois leurs skis.
