Accueil Actu Belgique Politique

« Le simple débat ne suffit pas » : les « antifas » font de plus en plus parler d’eux, qui sont-ils et que veulent-ils ?

Par RTL info avec Corentin Simon et Gaëtan Lillon
Les mobilisations antifascistes sont en hausse chez nous ces dernières semaines. Les actions ont notamment ciblé des rassemblements du MR et particulièrement Georges-Louis Bouchez. Mais qui sont ceux qu’on appelle les « antifas » ? Combien sont-ils ? Quelle est leur structure ? Et surtout… sont-ils violents et dangereux ? C’est ce que prétendent certains dirigeants comme Georges-Louis Bouchez qui souhaite dissoudre ce mouvement.

Ces dernières semaines, les mobilisations antifascistes prennent de l’ampleur et se multiplient. Ce mouvement prend ses racines en 1920, alors que le fascisme commençait à monter en Italie, ou en Allemagne. Pour Julien Dohet, historien et participant au mouvement, ce n’est pas étonnant de voir les manifestations se multiplier. « Ces dernières années, avec cette remontée de l’extrême droite partout dans le monde, partout en Europe, y compris en Belgique francophone, vous avez un mouvement antifasciste qui a recommencé à se structurer. », explique l’historien.

Clément, un étudiant de 22 ans et antifa justifie sa mobilisation. « En Wallonie, il y a exactement le même terreau que partout pour les idées d’extrême droite. Il y a des politiques aussi d’extrême droite qui ciblent justement les sans-papiers, les personnes queers, les personnes les plus précaires. On voit qu’il y a un climat vraiment très dur en ce moment. On se dit qu’il faut réagir, il faut s’organiser, il faut se mobiliser et trouver des solutions. »

Une multitude de groupes

Les mouvements antifascistes ont des revendications claires, lutter contre le fascisme qui est un système politique autoritaire, totalitaire et nationaliste. Des groupes antifas, il n’y en a pas qu’un, il y en a plusieurs, dans différentes villes. C’est cette diversité de groupuscules qui amène une variété des valeurs défendues.

Les antifascistes sont majoritairement de gauche, mais il peut également y avoir des libéraux, des membres d’association ou des anticapitalistes. « C’est aussi lutter contre ce qui fait le fascisme, pourquoi il y a l’extrême droite qui renaît de ses cendres, pourquoi le fascisme, ou en tout cas les idées fascistes sont toujours présents, mais c’est parce que le fascisme c’est politique et donc il faut changer de société parce que c’est la société qui engendre l’extrême droite. », explique Manuel Abramowicz, spécialiste de l’extrême droite.

Déjà en 2019

Les antifas s’opposent à ce qu’ils considèrent comme d’extrême droite. En 2019, ils avaient empêché la venue de Theo Francken à Verviers. L’an dernier, c’étaient les venues de Jordan Bardella et Éric Zemmour, leaders d’extrême droite, qui avaient été chahutées. Plus récemment, ce sont Georges-Louis Bouchez et le MR qui sont visés.

Pour lutter contre l’extrême droite, certains n’hésitent pas à utiliser la violence. Celle-ci fait débat au sein du mouvement. « Nous sommes dans une société qui devient à nouveau de plus en plus violente de par les conditions sociales et de par des mouvements d’extrême droite qui eux prônent cette violence pour asseoir leur autorité. Et à un moment donné, malheureusement, le simple débat ne suffit pas à contrer une extrême droite violente. », analyse Julien Dohet.

« Une structure aux procédés fascistes »

Donald Trump et Georges-Louis Bouchez dénoncent cette violence. « Cette structure est elle-même une structure au procédé fasciste. Elle est aujourd’hui et sans aucun doute le plus grand danger pour notre démocratie compte tenu de son comportement récurrent et de son usage systématique à la violence. », dénonce le président du MR dans une vidéo.

Dans les derniers rapports des services belges de sécurité, l’extrémisme de gauche est décrit comme assez calme. Il ne représente qu’1 % de signalements l’an dernier. Même si la violence existe elle serait l’œuvre d’une minorité souvent ciblée sur des biens matériels.

Pour cet expert il s’agit d’un narratif politique. « En fait, on va essayer de criminaliser la gauche et faire un retournement de la violence. Ce ne serait pas le fasciste qui serait violent, ce serait l’antifasciste qui serait violent. Et donc il y a tout un enjeu, la question de la violence est un enjeu de légitimité. On présente l’autre comme violent, c’est-à-dire qu’en fait que tout ce que nous, entre guillemets, nous faisons, c’est pour nous défendre. Et la critique de la violence a pour but de délégitimer les revendications adverses. Si vous êtes violent, je n’ai même pas besoin d’entrer en discussion avec vous. Et l’absence de discussion n’apaisera pas la tension. », déclare François Debras, politologue spécialisé en analyse de discours de l’extrême droite.

Contenus sponsorisés

À la une

Les plus lus