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Les forces gouvernementales ont bombardé mercredi le principal hôpital et des maisons à Misrata, troisième ville de Libye, à 200 km à l'est de Tripoli, selon un témoin et un porte-parole rebelle joints par téléphone.
Ces bombardements surviennent alors que la coalition, qui affirme avoir neutralisé l'aviation militaire de Kadhafi, a mené mercredi des frappes contre ses troupes au sol, notamment dans cette même ville de Misrata. Selon un médecin, 17 personnes dont cinq enfants y ont été tuées mardi par des snipers et des obus des forces gouvernementales.
Forte explosion à Tajoura
Le vice-ministre libyen des Affaires étrangères, Khaled Kaaim, a cependant démenti toute opération militaire à Misrata, répétant que le régime respectait le cessez-le-feu imposé par une résolution du Conseil de sécurité de l'ONU. L'agence officielle libyenne Jana, a rapporté de son côté que les raids de la coalition internationale sur la banlieue est de Tripoli avaient "visé un quartier résidentiel", faisant un "nombre important de morts parmi les civils".
Des témoins avaient signalé une forte explosion sur une base de l'armée de terre libyenne dans la région de Tajoura, à 32 km à l'est de Tripoli et affirmé avoir vu des flammes s'élever de la base. La télévision d'Etat a ensuite fait défiler un bandeau, qui, citant une source militaire, annonce que "des bombardements des colonialistes croisés ont frappé certaines cibles civiles et militaires à Tajoura".
A partir de 20H30 GMT, des tirs sporadiques de l'artillerie anti-aérienne ont retenti dans le centre de la capitale, avec des traînées rouges visibles dans le ciel. L'aviation libyenne "n'existe plus comme force de combat", a affirmé mercredi un haut gradé de la Royal Air Force, Greg Bagwell, cité par des médias britanniques.
Combats à l'est
Adjoint du commandant opérationnel de la coalition, le contre-amiral américain Gerard Hueber a affirmé que les avions de la coalition mettent la pression sur les forces au sol de Kadhafi qui menacent les villes". Les combats ont fait rage mercredi dans plusieurs villes entre rebelles et partisans de Kadhafi au cinquième jour de l'intervention militaire internationale.
Des combats ont secoué la ville clé d'Ajdabiya (Est), à 160 km au sud de Benghazi, fief de l'insurrection, d'où les habitants fuyaient en masse. A l'ouest, à Zenten, les combats continuaient également mercredi. Les avions de la coalition ont effectué 97 sorties au cours des 24 dernières heures, frappant des chars et des batteries anti-aériennes, ont annoncé les forces américaines.
Pas de solution militaire
Les F-16 danois ont effectué leurs premières missions de bombardement en Libye au cours des dernières 24 heures. Le ministre français des Affaires étrangères, Alain Juppé, s'est montré optimiste sur une issue rapide: "ce sera une opération de courte durée", a-t-il dit. La présidence française a encouragé mercredi soir les Libyens à "rejoindre" l'opposition, sous peine d'avoir à rendre des comptes au Tribunal pénal international.
Il n'y a pas de solution purement militaire" en Libye et "il faudra à un moment donné que s'esquisse un processus politique", a affirmé l'Elysée. De son côté Denis McDonough, un proche conseiller du président américain Barack Obama, a évoqué mercredi des contacts pris par des membres de l'entourage de Mouammar Kadhafi avec l'administration américaine pour chercher une issue à la crise en Libye.
Pas de calendrier
Le secrétaire à la Défense américain, Robert Gates, a déclaré au Caire qu'il n'y avait pas de "calendrier" pour la fin des opérations. Le président américain Barack Obama a prévenu que Washington avait d'autres cartes que l'option militaire: "Nous avons mis en place de fortes sanctions internationales. Nous avons gelé ses avoirs. Nous continuerons à utiliser un vaste éventail de moyens de pression contre" Kadhafi.
Les pays de l'Union européenne sont parvenus à un accord de principe pour sanctionner le principal groupe pétrolier libyen, la compagnie nationale NOC. Paris et Washington ont annoncé mardi être parvenus à un accord sur la question du rôle de l'Otan dans le commandement des opérations. Mais les pays de l'Otan n'avaient toujours pas réussi à se mettre d'accord mercredi soir pour que l'Alliance prenne la direction des opérations militaires en Libye, a indiqué un diplomate à l'AFP.
Réunion à Bruxelles
La première réunion du groupe de contact sur la Libye, réunissant Etats-Unis, France, Grande-Bretagne et les pays participants à l'opération, se tiendra mardi à Londres. Six navires de l'Otan soutenus par l'aviation ont commencé à patrouiller au large de la Libye, a indiqué mercredi l'Alliance atlantique.
Les chefs d'Etat et de gouvernement doivent de nouveau se réunir à Bruxelles, jeudi et vendredi, pour évoquer la question libyenne, Le colonel Kadhafi, au pouvoir depuis 42 ans, fait face depuis le 15 février à une révolte qui a fait des centaines de morts et poussé plus de 300.000 personnes à fuir.
