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En dépit des appels des responsables néerlandais, qui craignent une crise internationale et des menaces contre les Pays-Bas, un député d\'extrême-droite a mis jeudi soir sur internet un film amalgamant terrorisme et islam.
"Fitna" (en arabe: division et discorde au sein de l'islam) est visible sur un site d'échange de vidéos, spécialisé dans les images d'actualité et de guerre, basé à Manchester. Le film mélange des images violentes de terrorisme (attentat contre le World Trade Center de New York en 2001...), des exécutions dans des pays musulmans non identifiés, des discours violemment anti-juifs de dirigeants iraniens, ou encore des vues de "l'islamisation des Pays-Bas et de l'Europe" (femme voilée sur fond de paysage champêtre) avec des sourates du Coran justifiant généralement les châtiments exemplaires pour les non-musulmans. Il se conclut avec un bruit de page déchirée, précisant qu'il s'agit de celle d'un annuaire téléphonique. "Ce n'est pas à moi, mais aux musulmans eux-mêmes, de déchirer les versets malveillants du Coran", peut-on lire en banc-titre. "Arrêtons l'islamisation. Défendons notre liberté".
Selon les juristes interrogés par les télévisions néerlandaises, il est remarquablement réalisé pour ne pas enfreindre la loi. M. Balkenende a indiqué que le parquet national enquêtait. Un tribunal doit statuer vendredi matin sur un référé déposé par une association musulmane néerlandaise contre le court-métrage.
L'affaire est jugée assez grave à La Haye pour que le Premier ministre Jan Peter Balkenende "regrette" cette diffusion, dans une déclaration solennelle, en néerlandais et en anglais. "Le film amalgame Islam et violence, nous rejetons cette interprétation", a dit M. Balkenende dans sa déclaration télévisée. Le ministre des Affaires étrangères Maxime Verhagen a indiqué avoir contacté les ambassades "dans les pays concernés", sans entendre parler de réaction. Il devrait évoquer la question avec ses homologues européens vendredi.
Pour l'auteur, Geert Wilders, le film, vu quatre heures après sa diffusion par des millions de personnes, en néerlandais et en anglais, était "convenable et n'enfreint pas la loi". Il estime encore qu'il n'est pas destiné à provoquer le désordre", mais décline toute responsabilité en cas de violences ou de boycott des Pays-Bas. Geert Wilders vit sous protection policière depuis l'assassinat en novembre 2004 du polémiste Theo van Gogh par un islamiste radical, après un film dénonçant l'oppression des femmes par l'islam.
Le gouvernement a tenté à plusieurs reprises, en vain, de convaincre M. Wilders de renoncer à son projet, redoutant une crise comparable à celle qu'a provoqué la publication par la presse danoise de caricatures de Mahomet. Et de fait, dès l'annonce de ce projet, en novembre, des pays musulmans comme l'Iran ou l'Egypte se sont indignés, menaçant les Pays-Bas d'un boycott économique. Et fin février les talibans ont menacé d'attaquer les quelque 1.660 soldats néerlandais déployés en Afghanistan dans le cadre de la Force internationale d'assistance à la sécurité (Isaf) si ce "film insultant" était diffusé.
