Comment expliquer l'engouement pour les Diables Rouges: "Aujourd'hui, c'est assez rare que l'on puisse se sentir belge"

Les Diables Rouges jouent donc ce soir leur quart de final à l’Euro de football, c’est ce soir à 21 h à Lille. Ce vendredi matin sur Bel RTL, Frédéric Moray a expliqué en 90 secondes pourquoi toute la Belgique sera supporter des Diables Rouges ce soir.

"La réponse provient du travail de deux professeurs de sciences politiques de l’ULB, Jean-Michel Dewaele et Frédéric Louault. Ils ont dirigé une étude baptisée 'Soutenir l’équipe nationale de football, enjeu politique et identitaire'. Selon eux, le football est une loupe sociale, un miroir grossissant de notre société. C’est un jeu aux règles simples qui provoque des émotions... La victoire suscite du plaisir, de la fierté. Dans un tournoi comme l’Euro, ce n’est qu’au bout du suspense qu’on peut passer à l’étape suivante... Un peu comme dans les jeux vidéos.

Cette émotion permet de retrouver de la cohésion sociale. Un collectif qui s’exprime et qui se réjouit. C’est important de sauter dans les bras de son voisin qu’on ne connait pas pour célébrer la même joie. Sinon, nous ne sommes capables de nous réunir que dans les drames. L’affaire Dutroux, Ghislenghien, les attentats".

Mais pourquoi le football provoque-t-il cet élan patriotique ?

"Aujourd’hui, dans un monde globalisé, c’est assez rare que l’on puisse se sentir Belge. Lorsqu’il y a des compétitions internationales, la population peut se voir en tant que nation. L’équipe nationale est prise pour un symbole. Elle représente l’ensemble du pays. On se voit à travers cette équipe. On peut s’y identifier. Collectivement, c’est l’image du pays qui est en jeu. Si on prend les Islandais, grâce à cet Euro, ils bénéficieront d’une très bonne image durant les prochaines années. Celle du petit poucet qui a terrassé le géant anglais. La victoire du courage. Même chose pour la Belgique, si nous nous qualifions en demi finale et plus encore en finale, notre image sera meilleure à l’extérieur. Après les événements tragiques de ces derniers mois. Les accusations de dysfonctionnements que la Belgique a subies, il est important que l’extérieur nous accorde de la valeur".

Cet élan patriotique peut-il jouer un rôle dans l’avenir du pays ?

"Déjà cela va dépendre de la suite du parcours des Diables Rouges. S’ils se qualifient, qu’ils vont en finale et la remportent, cela aura plus d’impact que s’ils sont éliminés ce soir. Mais même si l’on va très loin, ce n’est pas pour autant que les Diables Rouges vont sauver le pays. Par contre, il est possible que la jeunesse qui aura célébré ces victoires sous la bannière noir jaune rouge, qui aura chanté l’hymne national... il est possible que cette jeunesse trouve un nouveau sens à l’unité du pays. De nouveaux symboles reliant Wallons et Flamands. Symboles dont les générations précédentes ont souvent été privées".