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L'UZ Louvain a transplanté un rein malgré des groupes sanguins incompatibles: comment est-ce possible?

L’hôpital universitaire de Louvain a réussi transplanter un rein alors que le receveur et le donneur n’avaient pas le même groupe sanguin. Une opération jusqu'ici impossible et qui pourrait, à terme, augmenter sensiblement le nombre de candidats à une greffe de rein.

Il y a 6 mois, l'hôpital universitaire de Louvain (UZ Leuven) a transplanté avec succès un rein alors que le patient et le donneur vivant avaient des groupes sanguins différents. Pour ce faire, l'UZ a développé une technique basée sur des procédures déjà utilisées dans des centres pionniers à l'étranger. Cette "transplantation entre groupes sanguins incompatibles" devrait augmenter le nombre de donneurs vivants, s'est réjoui l'hôpital. Six mois après la première transplantation, le donneur et le receveur se portent très bien. Dans un futur proche, d'autres interventions auront lieu.     

Les anticorps du sang du receveur sont filtrés

En raison d'un sévère phénomène de rejet, la transplantation rénale n'était, jusqu'il y a peu, pas toujours possible quand les groupes sanguins du donneur et du receveur n'étaient pas compatibles. Une personne du groupe O ne pouvait ainsi recevoir un organe que d'un donneur du même groupe. Mais l'UZ Louvain a réussi à contourner le problème en établissant une procédure au cours de laquelle les anticorps du sang du receveur sont filtrés quelques semaines avant la transplantation.

Une transplantation possible au sein d'un couple

Cette nouvelle procédure ouvre donc la voie à une amélioration du quotidien des insuffisants rénaux. "Imaginez un couple homme-femme, le mari, par exemple, développe une insuffisance rénale terminale, sa femme veut lui donner un rein, mais malheureusement ils sont incompatibles au niveau des groupes sanguins et bien jusqu’à aujourd’hui c’était difficile, voire impossible, de pratiquer cette greffe. Ce qu’on a fait, c’est qu’on parvient grâce au fait qu’on enlève les anticorps présents chez le mari, on peut quand même malgré tout greffer le rein de l’épouse avec une qualité de greffe qui est comparable à celle de groupe A, B, O compatible", a expliqué Alain Lemoine, chef du service néphrologie à l'hôpital universitaire Érasme, au micro de Simon François pour Bel RTL.    

"Pour un gros hôpital universitaire, il y a entre 100 et 200 patients  sur liste d’attente de greffe"

En Belgique, une soixantaine de personnes sont greffées du rein chaque année. Selon le professeur responsable de l'expérience, ce chiffre pourrait désormais monter à 90, cette information est cependant nuancée par le chef du service néphrologie de l’hôpital Érasme. "Pour un gros hôpital universitaire, il y a entre 100 et 200 patients sur liste d’attente de greffe. Un patient attend en général entre un an et demi et deux ans pour avoir une greffe rénale. Pas d’illusion, ce genre de transplantation dans les années à venir n’aura pas d’impact direct sur la durée d’attente des greffes. Par contre, ça aura un impact à l’échelon personnel. Ça veut dire que des patients qui ne peuvent pas recevoir le rein incompatible aujourd’hui pourront le recevoir demain, puisqu’on pourra passer au-dessus de cette barrière", a conclu M. Lemoine.

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