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Daniel a écrit à notre rédaction pour témoigner d'un problème important dans le domaine des soins de santé à domicile. En Belgique, il y a 1000 aides-soignantes pour 3 infirmières... Pourtant les indépendants n'ont pas le droit d'en engager!
"Indépendants dans les soins infirmiers à domicile, ma femme et moi-même devons, pour les besoins de notre entreprise, engager. C'est là que les ennuis commencent !", se plaint Daniel. Joint au téléphone par notre rédaction, il nous a fait part du problème que rencontreraient beaucoup d’indépendants en soins infirmiers à domicile: l’obligation d’engager des infirmiers, alors que ceux-ci sont de moins en moins disponibles, et l’interdiction d’employer des aides-soignantes.
Pénurie d’infirmiers
Infirmier depuis trois ans, Daniel a décidé de créer avec sa femme, infirmière elle aussi, une PME de soins infirmiers à domicile. Depuis un an et demi, ils sillonnent 7 jours sur 7 la région de Charleroi pour visiter leurs 35 patients quotidiens. Trop de travail pour deux personnes. Ils ont donc besoin d’engager du personnel. Malheureusement, la profession d’infirmier connait une pénurie en Belgique depuis 2006. Il y a quatre mois, ils ont publié une annonce via le Forem. Mais depuis, aucune personne ne s’est manifestée... Pourtant, l’annonce est plus qu’alléchante au niveau des avantages extra-légaux, nous précise Daniel: salaire au-dessus de la moyenne, voiture de société, carte essence, smartphone avec abonnement illimité, 13ème mois ...
1000 aides-soignantes pour 3 infirmières
Sans réponse, ils ont alors songé à engager une aide-soignante. "En Belgique, il y a 1000 aides-soignantes pour 3 infirmières. On était donc persuadé d’avoir rapidement du personnel", indique Daniel. Avec sa femme, ils se sont renseignés auprès de l’INAMI pour connaitre la législation. Ils ont été surpris d’apprendre que les sociétés de soins infirmiers à domicile n’avaient pas le droit d’employer des aides-soignantes, contrairement aux hôpitaux.
"Les hôpitaux peuvent engager des aides-soignantes, pourquoi pas nous ?", s’est indigné Daniel à qui on a répondu qu’il ne pouvait pas engager d’aides-soignantes car elles n'étaient pas considérées comme des praticiens de soins. Pourtant, elles possèdent un numéro INAMI. Les hôpitaux peuvent les engager grâce à des conventions qui ne seraient pas destinées aux indépendants en soins infirmiers. "Une aide-soignante sachant prodiguer une toilette en hôpital n'est-elle pas capable de le faire au domicile du patient ?", s’offusque-t-il.
Projet pilote
Les choses pourraient cependant changer. En 2009 le ministère de la Santé a lancé un projet pilote qui prend fin le 31 décembre prochain. Ce projet a pour objectif de voir s’il est possible à long terme que des indépendants en soins à domicile engagent des aides-soignantes. Dans le cadre de ce projet, 45 petites PME ont pu engager des aides-soignantes. "Il y a actuellement environ 45 équipes avec une convention… Evidemment il y a des conditions, notamment, pour garantir un bon suivi par l’infirmier des activités de l’aide- soignant", rapporte la porte-parole de l’INAMI que nous avons contactée.
Malheureusement, les sociétés créées après 2011, notamment celle de Daniel, ne peuvent pas participer à ce projet-pilote... Daniel devra donc encore attendre les résultats de ce projet mené avec des universités pour savoir si oui ou non les entreprises de soins infirmiers à domicile pourront compter des aides-soignantes dans leur personnel.
Distribuer des flyers
Daniel et sa femme sont donc "bloqués" comme beaucoup d’autres PME récentes spécialisées en soins à domicile. "On est coincé à cause de ce projet pilote ! Aucune infirmière n’est disponible, on ne peut pas engager d’aides-soignantes mais la masse de travail est toujours là !", nous explique Daniel. "On va être obligé d’attendre juin et d’aller distribuer des flyers à la sortie des écoles d’infirmières pour espérer trouver du personnel", conclut-il.
Florine Molle
