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Coronavirus en Belgique: la perte de goût et d'odorat comme symptômes majeurs, confirme l'université de Mons

Une étude prospective européenne coordonnée par l'Université de Mons (UMons) confirme que la perte soudaine des sens du goût et de l'odorat représente un symptôme important de l'infection au nouveau coronavirus. Près de 90% des patients sondés ont présenté ces troubles, a indiqué l'UMons mercredi.

De nombreux spécialistes ORL et infectiologues européens ont observé, ces dernières semaines, que les patients touchés par la maladie Covid-19 présentaient des troubles de l'odorat et du goût. Ces symptômes d'anosmie, soit la perte partielle ou totale de l'odorat, et de dysgueusie, soit la perte partielle ou totale du goût, ont été retrouvés chez un grand nombre de patients infectés en Allemagne, France, Italie, Espagne, Angleterre et aux Etats-Unis.

Les professeurs Jérôme Lechien et Sven Saussez, ORL et chercheurs à l'UMons, ont coordonné cette étude réalisée par 33 médecins ORL et chercheurs dans 12 hôpitaux européens auprès de 417 patients, soit 263 femmes et 154 hommes, présentant une forme non-sévère d'infection au Covid-19. L'étude a révélé que 86% des patients infectés présentent des troubles de l'odorat et 88% des troubles du goût. Une perte de l'odorat est en majorité survenue pendant l'apparition des symptômes généraux et ORL de l'infection (65% des cas).

Les patients retrouvent rapidement le goût et l'odorat

Pour 12% des patients étudiés, elle est survenue avant et pour 23% après. Les femmes apparaissent nettement plus atteintes par l'anosmie (92%), que les hommes (82%). Dans leurs recommandations, les auteurs de l'étude demandent, entre autres, qu'une anosmie et/ou dysgueusie survenues au cours des dernières semaines chez des patients ne présentant aucun antécédent ORL soient considérées comme des symptômes spécifiques de l'infection au Covid-19. Ils préconisent l'ajout de ces symptômes à la liste de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS). L'étude montre également qu'une fois guéris, les patients retrouvent le goût et l'odorat. 44 % des patients ont commencé à récupérer ces sens  dans une période de 15 jours. 

Ces symptômes pourraient ne pas avoir été pris suffisamment au sérieux. Selon le médecin ORL Sven Saussez, "en Belgique je pense qu'il y a eu un problème. Le 20 mars en France, le ministre de la Santé faisait une déclaration pour demander à la population anosmique de rester chez elle en disant que c'est probablement un symptôme spécifique de l'infection à Covid-19".

Malgré la réalisation de cette étude, Sven Saussez affirme avoir des difficultés à entrer en contact avec l'Institut scientifique de santé publique Sciensano. "Je pense que maintenant qu'on a cette étude, il est temps que Sciensano et le fédéral se positionne quant à l'importance de ce symptôme". 

Des changements de prise en charge ?

Actuellement, le symptôme d'anosmie n'est reconnu ni au niveau fédéral en Belgique ni par l'OMS à l'échelle mondiale. Or, le docteur Saussez constate que "des personnes dans la population générale ont uniquement l'anosmie comme seul et unique symptôme. Ces patients ne sont pas testés pour l'instant mais on pense très fortement qu'ils seraient positifs et qu'ils pourraient être des méga-contaminateurs. L'étude que nous poursuivons dans les jours à venir est d'essayer grâce à l'enquête publique de les contacter et de pouvoir les dépister".

Si ce symptôme se révèle bien spécifique, "on pourrait avoir un impact mondial sur la pandémie". "Dans des zones comme l'Inde ou l'Afrique où on ne sait pas faire les tests sur les centaines de milliers de personnes, ça permettrait de dire 'attention, vous êtes anosmiques, vous êtes Covid-19, soyez isolé'conclue Sven Saussez.

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