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L'avenir de Corinne Diacre, fragilisée par la fronde de ses joueuses, sera étudié par une commission de la Fédération française de football (FFF) autour de Jean-Michel Aulas, le président de l'OL, qui ne cache plus sa préférence pour un départ de la sélectionneuse des Bleues.
Le président par intérim Philippe Diallo attend sous "huit ou quinze jours", les "recommandations" d'une commission regroupant Aulas, Marc Keller, Laura Georges et Aline Riera, a-t-il annoncé mardi après la réunion de son comité exécutif.
L'urgence est de mise, en effet, à cinq mois seulement du Mondial en Australie et en Nouvelle-Zélande (20 juillet-20 août). Et la situation est insoluble depuis que trois joueuses cadres, dont la capitaine Wendie Renard, ont annoncé leur mise en retrait de l'équipe de France féminine ces derniers jours, dans un geste de défiance envers la sélectionneuse.
Les quatre membres du Comex désignés devront "dresser un constat de la situation actuelle et établir une liste de recommandations et de décisions à prendre très rapidement afin de rétablir une situation propice à la performance", explique la FFF dans un communiqué.
- "On ne peut pas louper des JO" -
"La FFF réaffirme qu'aucune individualité ne peut être placée au-dessus de l'institution. Elle regrette la forme de ces réclamations mais accordera au fond l'attention nécessaire pour trouver une solution positive, toujours dans les intérêts de l'équipe de France", a ajouté l'instance.
La FFF est face à un dilemme: donner raison aux joueuses en écartant Diacre reviendrait à leur donner le pouvoir, une dangereuse jurisprudence. Mais l'inaction face à une crise inédite réduirait sans doute à néant les chances de titre en Océanie.
Jean-Michel Aulas, président de Lyon et chargé du football féminin au comité exécutif, en a bien conscience et paraît déterminé à bouleverser l'ordre établi... En prenant soin de ne pas transformer la fronde en putsch.
"Il faut que le Comex écoute les joueuses et trouve rapidement la solution. On a la Coupe du monde qui arrive, puis les Jeux olympiques. On ne peut pas louper des JO de manière générale, et à Paris c'est indispensable", a lancé le président, proche de Wendie Renard. "On va essayer d'arriver avec un maximum de conclusions pour le 9 mars", date du prochain comité exécutif.
"Wendie n'est pas la première à s'exprimer", renchérit le patron de l'OL. "Je fais partie de ceux qui pensent (...) qu'il faut peut-être retourner cet élan. A partir du moment où les gens s'expriment de manière pondérée, avec des arguments, il faut les écouter. On va prendre nos responsabilités".
Le dirigeant, intéressé pour prendre les rênes de la future Ligue féminine professionnelle dont le lancement se fait attendre, ne craint-il pas de donner le pouvoir aux joueuses ? "Je n'ai jamais eu peur de rien", a-t-il rétorqué.
- Aulas et Diacre, de la friture sur la ligne -
Le rôle-clé d'Aulas dans l'avenir du management de l'équipe de France risque de coûter cher à Corinne Diacre: depuis son arrivée chez les Bleues en 2017, la sélectionneuse a souvent froissé le président de Lyon, en écartant des cadres de l'OL (Amandine Henry, Eugénie Le Sommer) ou en retirant à Renard le brassard de capitaine au début de son mandat, par exemple.
Mardi à la sortie de la FFF, seul le président de la Ligue masculine (LFP) Vincent Labrune est venu, timidement, à la rescousse de Diacre.
"De l'extérieur, j'ai plutôt l'impression que Corinne Diacre est une femme intègre, une femme juste, travailleuse, qui a beaucoup de mérite", a assuré le dirigeant.
Mais les méthodes de management de l'ancienne coach de Clermont en Ligue 2, que les frondeuses jugent éloignées des standards du haut niveau, risquent de peser en sa défaveur, au fil des auditions que mènera la Commission spéciale.
En cas de limogeage, plusieurs noms sont revenus dans les discussions et dans la presse ces derniers jours, la plupart déjà en poste.
Sonia Bompastor (Olympique lyonnais), Gérard Prêcheur (Paris SG), Sandrine Soubeyrand (Paris FC) et Patrice Lair (Bordeaux) sont évoqués, tout comme l'ancien adjoint de Diacre, Éric Blahic, dont les joueuses avaient "beaucoup apprécié le passage en sélection" (2020-2021), selon une source proche des Bleues. Suffisamment pour faire changer d'avis les frondeuses ?