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L'équipe de France féminine vise une place en quarts de finale du Mondial contre le Maroc, un duel aussi inattendu que déséquilibré, mais gorgé d'émotions pour plusieurs actrices de la rencontre, mardi (13h00) à Adélaïde.
Dans la fraîcheur de l'Australie méridionale, le thermomètre risque de descendre sous les dix degrés à l'heure du match, mais l'air du Hindmarsch Stadium sera réchauffé par les souvenirs communs.
Ceux d'Hervé Renard avec la sélection marocaine, qu'il a dirigée chez les hommes entre 2016 et 2019. Ceux de Reynald Pedros, le coach des Marocaines, avec les six Bleues qu'il a côtoyées durant ses deux saisons à la tête de Lyon (2017-2019). Ceux de plusieurs joueuses des deux équipes, amies dans la vie et réunies le temps d'une soirée à l'autre bout du monde.
Comment ne pas penser, par ailleurs, à la demi-finale France-Maroc du Mondial qatari (2-0), il y a presque huit mois, après que les Lions de l'Atlas eurent fait basculer le pays du Maghreb et le monde arabe dans un rêve éveillé?
Dans le contexte évocateur et si particulier qui entoure la rencontre, on en oublierait presque l'enjeu majuscule de ce match: un billet pour le "top 8" du tournoi, un sommet contre l'Australie co-organisatrice samedi à Brisbane.
"J'ai de merveilleux souvenirs de mon passage au Maroc. Mais place au football. Même quand on fait un petit match entre amis, on le fait pour le gagner", a prévenu Hervé Renard, refusant de céder à l'émotion.
- "On assume notre statut" -
Ultra-favorite, la France de Wendie Renard et Eugénie Le Sommer porte toute la pression sur ses épaules, contre la nation la moins bien classée des 8es (72e à la Fifa).
Dans le stade d'Adélaïde, le plus petit du Mondial (moins de 14.000 places), une élimination serait un affront et réduirait à néant toutes les promesses apportées par Hervé Renard, nommé en avril à la tête des Bleues.
"On est favorites, on ne va pas se le cacher. On a beaucoup plus d'expérience que le Maroc en grande compétition, à nous d'utiliser ça. On assume notre statut, mais on sait que le statut de favori ne veut rien dire dans le football", prévient Le Sommer, buteuse en poules contre le Brésil (2-1), un "match référence" dont les Bleues veulent se servir.
De l'autre côté, le Maroc a déjà réussi sa compétition, la première Coupe du monde de son histoire, en parvenant à devancer l'Allemagne dans le groupe H, malgré une gifle inaugurale contre les Allemandes (6-0).
Avec une équipe alliant joueuses locales de l'AS FAR (Rabat), le principal club féminin du pays, et binationales récemment convaincues, les Lionnes de l'Atlas comptent surfer sur un tournoi riche en surprises, après les éliminations successives du Canada, de l'Allemagne et des Etats-Unis.
- Liens -
"Je suis français et mon staff est français. Mais mon cœur est marocain. Je n'aurai aucun remords ni scrupule à battre la France", s'enthousiasme Reynald Pedros, qui connaît "parfaitement" ses adversaires depuis son passage sur le banc de Lyon.
De l'autre côté, Hervé Renard renoue aussi avec ses souvenirs du Mondial-2018 disputé avec la sélection masculine du Maroc, l'une des étapes de son parcours de globe-trotteur qui le mène désormais en quête d'une première étoile mondiale pour les Bleues.
Comme le France-Maroc de décembre, ce duel dans le foot féminin - seulement le deuxième de l'histoire - s'inscrit dans un contexte diplomatique actuellement tendu entre Rabat et Paris (Sahara occidental, affaire Pegasus...).
Il prend également une dimension particulière pour les centaines de milliers de binationaux vivant dans l'Hexagone, laissant présager d'un pic d'audience malgré le décalage horaire.
La défenseure des Bleues Sakina Karchaoui, née en France de parents marocains, symbolise à elle seule cet environnement unique. "On connaît la place que le Maroc a dans notre famille, au même titre que la France", assure-t-elle. "Cela va être un match plein d'émotions".