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Avec trois titres mondiaux et quatre médailles d'or olympiques, l'équipe des Etats-Unis a le plus beau palmarès du football féminin.
Depuis la première Coupe du monde, en 1991 en Chine, les Américaines sont toujours montées sur le podium en sept éditions du tournoi planétaire (trois fois sacrées, une fois deuxièmes, trois fois troisièmes).
Leur bilan olympique est encore plus impressionnant, même si elles restent sur une 5e place lors des JO-2016 de Rio, leur plus mauvais résultat dans un rendez-vous international.
Les Américaines ont aussi remporté huit des dix éditions de la Gold Cup, la compétition-phare de la Concacaf, et n'ont jamais été classées en-dessous de la... 2e place au classement FIFA créé en 2003.
Plus d'opportunités
"Ce qui frappe le plus, c'est la masse impressionnante de femmes qui jouent aux Etats-Unis dès le plus jeune âge à travers tout le pays", constate l'Anglais Mark Parsons, entraîneur du club du championnat professionnel féminin de Portland.
Le "soccer" féminin américain puise sa force et vitalité dans le système universitaire depuis qu'une loi promulguée en 1972, baptisée "Title IX", oblige les universités à créer des programmes sportifs dédiés exclusivement aux étudiantes.
"Le 'Title IX' a offert plus d'opportunités aux femmes de faire du sport et a mis en place un environnement compétitif pour les joueuses, ce qui a permis au final à l'équipe nationale d'exceller", analyse Amanda Duffy, présidente de la NWSL (Ligue pro féminine aux USA).
"Il y a actuellement 400, voire 500 équipes pour des joueuses de 18 à 22 ans, nulle part ailleurs dans le monde on ne voit ça", souligne Parsons.
Le technicien anglais, qui a entraîné l'équipe féminine de Chelsea, explique aussi la domination américaine par un état d'esprit instillé dès l'enfance: "On apprend ici aux enfants, dès le plus jeune âge, que tout ce qui importe, c'est gagner".
Professionnelles depuis 2001
Deux ans après le sacre à domicile de "Team USA" en 1999, le "soccer" féminin est entré dans l'ère professionnelle avec un premier championnat (WUSA) opposant huit équipes.
Cette première tentative n'aura duré que trois saisons, mais elle a donné naissance ensuite à la WPS en 2008, puis à la NWSL en 2013.
En 2018, la NWSL a battu pour la cinquième année consécutive son record de fréquentation (650.564 spectateurs par saison), soit une progression de 73% par rapport à 2013.
Avec une moyenne de 6.024 spectateurs par match, la NWSL est certes loin de la MLS, l'élite masculine nord-américaine (21.873), mais elle dépasse largement les championnats masculins de 2e et 3e divisions (4.916) et les autres ligues professionnelles féminines à travers le monde comme la W-League australienne (2.139).
"Plus de 50 joueuses ayant participé à la Coupe du monde 2015 évoluaient dans notre championnat. On table sur le même chiffre cette année en France, cela montre le niveau de notre championnat. Ça profite à tout le monde, à notre équipe nationale aussi", estime la présidente Duffy.
"En 2015, la victoire de la sélection américaine avait boosté notre fréquentation, les audiences TV et la vente des produits dérivés", rappelle-t-elle.
Plus fortes que les garçons
Quand les Américaines font la loi sur le football mondial, leurs collègues masculins affichent pour meilleur résultat un quart de finale de Coupe du monde (2002), si on excepte la demi-finale de 1930, lors d'une première édition expérimentale, sur invitations.
Pire, ils ont échoué à se qualifier pour la dernière Coupe du monde, l'été dernier, en Russie. Cette disparité de bilans s'explique par les spécificités du paysage sportif américain, selon l'ex-internationale Brandi Chastain.
"Les filles se sont mises au football car elles n'avaient pas ce que les garçons avaient avec le football américain, le basket et le baseball", estime la double championne du monde et double championne olympique.
"Le 'soccer' est devenu notre sport et on a tout fait pour en profiter au maximum", conclut Chastain.