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Frayeur à la perche : Kevin Mayer, en quête des minima olympiques aux Championnats d'Europe d'athlétisme, à trois semaines de la date limite, est resté de justesse, mais pour de bon, dans la course à la qualification pour le décathlon des Jeux de Paris, mardi à Rome.
"Je n'ai jamais eu autant d'émotions. Ça fait un an que la pression de la +qualif+ pour les JO est trois fois plus grande que celle d'une médaille aux Jeux... Là, je sais que si je fais un petit +jav+ (javelot) et un petit 1500 m, je suis qualifié : ne plus avoir ce poids sur les épaules, c'est pfff...", souffle de soulagement Mayer.
Son destin olympique a pourtant failli basculer au saut à la perche, souvent une épreuve piège, quand il s'est retrouvé au bord du zéro après deux premiers échecs dès sa première barre, placée à 5 mètres. Un troisième et les minima s'envolaient, et ses chances d'épingler un dossard au Stade de France début août étaient quasi réduites à néant.
Mais le double champion du monde (2017 et 2022) et double médaillé d'argent olympique (2016 et 2021) s'est maintenu dans le concours à sa dernière chance, avant de grimper de manière convaincante jusqu'à 5,30 m.
- "Un pied dans la case Paris" -
Cela a valu à son entourage, installé en tribunes, en tête Alexandre Bonacorsi, son entraîneur, et Romain Barras, ex-décathlonien devenu directeur de la haute performance de l'équipe de France, une sacrée "Kékémotion", comme Mayer en a le secret.
Sa performance à la perche, la meilleure du plateau, le replace finalement sur les rails des minima olympiques fixés à 8.460 points, son objectif N.1 de la compétition européenne, après un début de matinée poussif. Après huit des dix épreuves dans le décathlon romain, Mayer totalise 7.011 points et pointe au cinquième rang provisoire.
"Je mets un pied dans la case Paris et je sens déjà que je commence à me libérer. Quand tu sors tous les jours dans la rue et que tout le monde te dit +Quand est-ce que tu te qualifies ?+..., raconte-t-il.
"Moi, je sais gagner des médailles, mais j'ai vraiment du mal à aller chercher des qualifs", répète-t-il.
De retour sur la piste bleue du stade olympique mardi matin, Mayer a lancé la deuxième moitié de son décathlon au ralenti sur 110 m haies, en 14 sec 29 (vent nul), très loin de ses standards dans la spécialité.
- Podium pour Gletty ? -
Il a ensuite lancé le disque à 48,53 m. Seul l'Allemand Niklas Kaul, champion d'Europe en titre, l'a devancé dans cet exercice.
Mayer avait conclu la première journée du décathlon lundi soir pile à mi-chemin des minima olympiques, avec 4.230 points.
Début de deuxième journée agitée pour Makenson Gletty: lui qui n'a pas jailli des starting-blocks, en pensant qu'un faux départ allait être signalé, a d'abord couru son 110 m haies en seulement 15 sec 30, mais, autorisé à recourir une trentaine de minutes plus tard, il a signé son record personnel, en 13 sec 88.
Le Français de 25 ans s'est alors provisoirement installé en tête du décathlon, avant d'en être délogé après le disque, où il n'a pu faire mieux que 43,54 m. Ses 4,90 m à la perche lui permettent d'aborder la dernière soirée de compétition en deuxième position, avec 7.146 points, entre l'Estonien Johannes Erm (7.207 pts) et le Norvégien Markus Rooth (7.096 pts).
Mayer n'est plus allé au bout des dix épreuves depuis juillet 2022 à Eugene (Etats-Unis), quand il a conquis son deuxième titre mondial.
Le décathlon se poursuit avec le javelot et se termine avec le 1.500 m mardi soir.