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Sous une pluie de dollars saoudiens, le nouveau circuit de golf LIV a vu le jour en 2022 et ébranlé la mainmise de la PGA sur le circuit professionnel en attirant nombre de ses vedettes, au point de voir la justice entrer en jeu.
Phil Mickelson, Dustin Johnson, Bryson DeChambeau ou encore des jeunes en début de carrière, au total 68 joueurs ont signé en faveur du LIV, un circuit que son PDG australien Greg Norman, ex-N.1 mondial, imaginait depuis des années. Et ce, malgré l'exclusion de la PGA que cette signature impliquait.
Il faut dire que le chant des sirènes saoudiennes a été particulièrement irrésistible: des dizaines, voire des centaines de millions de dollars à la signature, des primes de résultats (de 120.000 dollars pour le dernier à 4 millions pour le vainqueur... à chaque tournoi) et un bonus au vainqueur final. Le tout, distribué sur sept tournois disputés en trois tours (LIV correspondant au chiffre romain 54, soit la somme de trois parcours de 18 trous) et un tournoi final par équipes, avec un champ réduit de 48 joueurs.
Ainsi, Dustin Johnson, vainqueur de la première saison en simple et en équipes, a remporté en quatre mois et demi la somme pharamineuse de 35,6 millions de dollars qui s'ajoutent à quelque 100 millions de dollars à la signature, selon une estimation basse non officielle. Soit un total de plus de 135,6 millions de dollars.
- Woods refuse 800 millions -
En comparaison, en quinze saisons sur le circuit PGA, l'ex-N.1 mondial aujourd'hui âgé de 38 ans, y a engrangé 75 millions de dollars en 307 tournois.
Le LIV constitue donc une sacrée porte de sortie pour les joueurs en fin de parcours comme Mickelson. Tiger Woods a, selon Norman lui-même, refusé quelque 800 millions de dollars pour son transfert.
Mais ce qui a le plus choqué, c'est le changement d'allégeance des joueurs au sommet de leur carrière comme Johnson, ou encore Cameron Smith qui a officialisé son passage sur le circuit dissident peu après avoir remporté son premier Majeur, le British Open en juillet.
Face à la menace, d'un circuit qui se veut à terme beaucoup plus mondial que le PGA recroquevillé aux Etats-Unis, ce dernier a riposté avec son pendant européen (DP World Tour) et l'organisme qui gère le classement mondial (OWGR).
Augmentation des dotations, exclusion des joueurs dissidents, aucun point OWGR distribué sur le LIV. Et pression exercée sur les tournois du Grand Chelem (Masters, US Open, British Open et PGA Championship), indépendants, pour qu'ils refusent les joueurs du LIV.
"S'ils se réveillent et que Dustin Johnson est 102e mondial, vous ne trouvez pas que ça serait risible pour eux?", a interrogé Norman.
- La Ryder Cup en jeu -
En 2022, ceux-ci ont pu jouer les Majeurs car ils étaient encore bien placés au classement mondial. Mais après plusieurs mois sans marquer de points, la question va se poser avec plus d'acuité.
Alors le LIV fait tout pour imposer sa légitimité et les instances s'affrontent devant les tribunaux: le LIV via une action antitrust doublée d'une dénonciation de conspiration visant à le "détruire", la PGA accusant le LIV d'interférer dans ses contrats avec les joueurs. Une action du tour européen est à venir.
Les querelles risquent de s'envenimer encore en 2023 à l'occasion en particulier de la Ryder Cup: d'anciens frères d'armes ont déjà commencé à s'invectiver au sujet de la sélection ou non des joueurs du LIV.
"Je n'ai pas aimé la façon dont certains joueurs du LIV ont montré leur mépris ou leur manque de respect pour le Tour qui les a aidés à en arriver là", a ainsi commenté Woods.
Le capitaine européen Henrik Stenson a été démis de ses fonctions en passant au LIV. Son remplaçant Luke Donald ne semble pas opposé à l'idée de sélectionner des joueurs dissidents, contrairement à son principal joueur, le N.1 mondial Rory McIlroy. Le capitaine américain Zak Johnson est lui aussi contre la participation des joueurs LIV.
Tous disent vouloir le bien du golf. Mais pour McIlroy, "nous allons avoir un sport fracturé pendant longtemps (...) Cela n'est bon pour personne".