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Détenteur du record du tour du monde en équipage, le marin Francis Joyon, 66 ans, a été remercié en février par son sponsor historique Idec Sport. Dans un entretien à l'AFP, il revient mardi sur les raisons de cette séparation et dit son envie de continuer à naviguer.
QUESTION: On a pu lire dans la presse ce week-end que votre collaboration avec votre sponsor était terminée. Pouvez-vous le confirmer?
REPONSE: "Oui, je veux simplement dire les choses telles qu'elles sont. J'ai appris il y a un peu plus d'un mois qu'Alexia Barrier (24e du dernier Vendée Globe, NDLR) allait être la skippeuse de mon bateau. La remise des clefs du bateau aura lieu début juin. Actuellement, nous sommes en train de faire un tour d'Europe et donc c'est notre dernière navigation avec le bateau et l'équipe".
Q: Il s'agit d'une séparation à l'amiable ?
R: "À l'arrivée de la dernière Route du Rhum en novembre (classé 4e en Ultim, NDLR), nous avons essayé de présenter de nouveaux projets à Idec, mais quand on débarque comme ça après huit jours hyper intenses, je n'ai peut-être pas été assez percutant. J'ai cru comprendre que c'est peu après l'arrivée de la course que la décision de me remplacer a été prise. Moi, j'ai appris fin février de la part du sponsor que j'allais être remercié. J'ai été étonné d'être remplacé sans être informé, mais d'un autre côté je suis content de ce que nous avons fait avec Idec. C'est la vie, on ne peut pas en vouloir. Il y a peut-être aussi une usure, normale après une relation si longue".
Q: Vingt ans d'histoire commune, c'était l'un des partenariats les plus longs de la course au large.Qu'en retenez-vous ?
R: "Ce trophée Jules-Verne en 2017 (record du tour du monde en équipage en 40 jours 23 heures et 30 minutes, NDLR) a été très, très fort. Les autres équipes courent encore après, avec des bateaux plus récents! Cela reste un souvenir extraordinaire et nous avons également accompli d'autres choses très belles, comme la victoire sur le Rhum en 2018. Mais il y a une fin à tout".
Q: Quelle est la suite pour vous ?
R: "Maintenant que nous sommes sans travail à partir du 2 juin, nous cherchons d'autres projets avec mon équipe. Pour ma part, je n'ai pas de bateau, mais j'aimerais beaucoup repartir pour le trophée Jules-Verne et essayer de battre le record en moins de 40 jours. J'ai pris contact avec Spindrift (ancien nom de Sails of Change, barré par Yann Guichard, NDLR) pour savoir s'il était possible de louer un bateau. Il faut que je trouve des partenaires. Je me sens toujours bien en phase avec la voile et la mer. J'ai encore envie de naviguer sur ces bateaux. Aurais-je encore la possibilité de le faire? Je ne sais pas, mais pour l'instant, je passe un peu de temps à aider mon équipage à rebondir sur la scène de la course au large".
Q: Vous mettez souvent en avant la nécessité de rester le plus sobre possible sur le plan environnemental y compris dans la performance...
R: "Avec un bateau déjà construit, on restera sur la philosophie qu'on a eue avec Idec. C'était un bateau un peu ancien sur lequel on essayait de consommer le moins possible et de produire un maximum d'énergie avec des éoliennes. Défendre la cause environnementale, c'est exactement ce que l'on est en train de faire avec The Arch, un tour dans toute l'Europe avec des escales pendant lesquelles on récolte des fonds pour la planète. On a l'impression de faire quelque chose d'utile. Il faut que nous essayions tous de réduire nos actions néfastes sur l'environnement."