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C'est un témoignage exclusif : il y a un an, une avocate stagiaire déposait une plainte contre le célèbre avocat pénaliste Marc Uyttendaele pour atteinte à l’intégrité sexuelle. Nous apprenons qu’il a été auditionné il y a quelques jours dans le cadre de ce dossier. Pour la première fois, la plaignante s’exprime sur les raisons qui l’ont poussé à porter plainte.
Sarah (prénom d'emprunt) a prêté serment en avril 2022 comme avocate stagiaire au sein du cabinet de Marc Uyttendaele. Elle est amenée à occuper un poste important au sein du département de droit public. Entre eux, il existe une relation de confiance : "Sur quelques semaines de temps, à partir du moment de mon engagement, on est rentrés dans une relation de confiance. J'avais l'impression de retrouver une relation de mentor, comme je l'avais eu auparavant avec d'autres personnes avec qui j'ai travaillé. Une relation un peu filiale, de mentor, qui s'était installée".
D'après elle, deux jours après sa prestation de serment, une agression sexuelle aurait eu lieu dans le bureau de Marc Uyttendaele alors qu'ils étaient en train de discuter.
Sarah ne souhaite pas s'exprimer par rapport aux faits, mais nous autorise à lire son dépot de plainte et en diffuser un extrait : "Je finis par lui dire que je suis mal à l'aise (...) il met sa main sous ma robe et passe sous mes collants pour arriver sur ma culotte. Il s'écarte puis revient par un autre 'à-coups', et passe dans mon soutien-gorge. Je suis tétanisée, (...) je n'arrive toujours pas à bouger et je me souviens que je continue de lui demander d'arrêter".
Voir quelqu'un qui, par à-coups se met à vous toucher, vous ne savez pas comment réagir
"Le soir de l'agression, je suis rentrée chez moi et j'étais complètement sous l'effet de la sidération, du choc. Je ne sais plus si j'ai vomi ou pas. J'ai hésité à en parler à mes proches parce que j'avais honte. Voir quelqu'un qui, par à-coups se met à vous toucher, vous ne savez pas comment réagir. Cette double violence de quelqu'un en qui vous avez mis votre confiance d'une part et puis votre maître de stage... C'était extrêmement violent. Et puis il faut ajouter la troisième violence qui est le fait qu'on vous touche alors que vous exprimez que vous n'en avez pas envie", réagit-elle.
Elle en parlera finalement avec son entourage et deux jours après l'agression présumée, elle décide de quitter le cabinet. "J'ai échangé avec Marc Uyttendaele le lendemain et j'étais encore un petit peu hésitante parce que c'était aussi, finalement, faire le deuil de ce job qui était un aboutissement par rapport à mon parcours".
Et deux ans après, Sarah prend la décision de déposer plainte. "De mon côté, je n'avais pas envie de dire ce qui s'est passé parce que j'avais honte, parce que je n'avais pas envie d'être réduite à ça. Vous passez des années à construire votre carrière et votre réputation. Ce n'est pas finalement pour être réduite à celle qui a été victime d'agression sexuelle. C'est quelque chose qui touche profondément à votre intimité".
L'avocat pénaliste invité à un événement en présence du procureur du Roi
Marc Uyttendaele est connu pour être un homme de réseau et un franc-maçon. Dix mois après la plainte, il est invité à participer à un événement, un faux procès de l'État belge organisé par l'association syndicale des magistrats. Parmi les participants annoncés, se trouve le procureur du roi de Bruxelles. "La question qui s'est posée ici, ce n'est pas du tout la question de présomption d'innocence. Évidemment, il est présumé innocent. Mais le fait de percevoir de l'extérieur que la personne qui représente le parquet, chargée d'enquêter sur les faits, est présente à un événement avec quelqu'un qui est mis en cause, ça pose effectivement de grosses questions", estime-t-elle.
Marc Uyttendaele se retirera de l'événement, mais cela laisse un goût amer à la plaignante et son avocat, Anthony Rizzo : "C'est effectivement cette violence d'apparaître à un moment, et de voir apparaître cet événement qui rassemble l'essentiel des personnes importantes qui font la justice bruxelloise et belge autour de la personne à l'égard de laquelle elle a déposé une plainte. Ce qui laisse évidemment penser qu'elle ne bénéficiera pas d'un traitement qui soit le même que celui auquel tout citoyen et toute citoyenne a droit".
Il a été entendu, il a pu fournir toutes les explications
Nous avons montré le témoignage de Sarah à l'avocate de Marc Uyttendaele. Elle nous apprend qu'il a récemment été entendu par la justice. "Il a été entendu, il a pu fournir toutes les explications et il a fourni toute une série de pièces aussi qui, j'ai pu prendre connaissance des déclarations de la plaignante, qui me semblent aller dans un sens tout à fait contraire. Et donc maintenant, le ministère public dispose de toutes les pièces, à mon estime, nécessaires pour trancher du sort à donner à ce dossier".
Marc Uyttendaele nie en bloc les accusations de la plaignante. Il est présumé innocent.
