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Quarante-huit détenus de la prison de Lantin refusaient depuis samedi après-midi de réintégrer leur cellule, dans un mouvement de protestation contre leurs conditions de détention. Ils ont dès lors passé la nuit dehors, à même le sol du préau. Aux alentours de 15h30 ce dimanche, les détenus se sont finalement résignés à rentrer en cellule : la police fédérale est intervenus.
Rappel des faits depuis samedi après-midi
Contacté par nos soins samedi en fin de journée, Yves Dethier, président de la CGSP à la prison de Lantin, confirmait la manifestation : « Ils sont dans le préau et ne veulent pas remonter dans leur cellule, car ils dénoncent les conditions de détention » dit-il. « C’est assez bruyant et tendu, ça tape un peu sur les portes, ça crie. »
Dimanche matin, un détenu avait accepté de remonter dans sa cellule mais les 47 autres poursuivaient leur action jusqu’à ce dimanche après-midi, a précisé une porte-parole de l’administration pénitentiaire.
La situation sur place semblait se tendre et dégénérer quelque peu. Notre journaliste sur place avait en effet filmé un départ de feu dans l’un des cellules de l’établissement pénitentiaire. Ce sont, semble-t-il, des vêtements auxquels les détenus mettent le feu. « Ils mettent des vêtements par la fenêtre et puis, ils les crament », explique Sandy, la compagne d’un détenu.
Après la sortie en préau
Samedi après-midi, lorsque la sortie en préau s’est terminée, une cinquantaine de prisonniers ont refusé de remonter dans leur cellule. « Habituellement, ils tirent sur le temps de préau pour gagner une heure ou deux, c’est un jeu, mais ici, ils vont au finish », estimait samedi soir Yves Dethier.
Après des discussions, deux d’entre eux ont réintégré leur cellule mais le reste a passé la nuit dehors.
Une nouvelle discussion s’est engagée dimanche matin entre la direction et deux représentants des détenus. Après cet échange, un prisonnier a accepté de réintégrer sa cellule tandis que les 47 autres poursuivent leur action, a indiqué Valérie Callebaut, porte-parole de l’administration pénitentiaire.
Les détenus de Lantin ont entamé ce mouvement d’humeur pour protester contre leurs conditions de détention qu’ils jugent inhumaines. Concrètement, « leurs demandes sont matérielles : plus de douches, plus de préau, plus de cantine… Ces demandes sont cependant matériellement impossibles à rencontrer au vu de la surpopulation » de la prison, souligne la porte-parole de l’administration pénitentiaire.
L’extérieur et l’intérieur de la prison sont sécurisés avec l’aide de la police locale mais tout se déroule dans le calme, insiste Mme Callebaut. Mais plusieurs agents de police sont postés autour de la prison, prêts à intervenir si la situation devait dégénérer. « Si ça devait s’aggraver, le fédéral devrait intervenir par la force », avertit Yves Dethier, président de la CGSP à la prison de Lantin.
Le strict minimum, c’est respecté
Selon lui, « le strict minimum - les soins, la nourriture, l’hygiène –, c’est respecté. » Il reconnaît néanmoins certains problèmes : « Avec la surpopulation et depuis l’incendie avec le décès d’un pompier, la cantine qui regroupait plein de denrées alimentaires a brûlé, il faut remettre ça en route. Ça prend du temps, mais ils ont leur repas sans souci », assure-t-il.
Visites suspendues
Toutes les visites avaient été suspendues jusqu’à nouvel ordre. « Je venais pour une visite comme tous les dimanches. Je lui ai amené son linge pour la semaine. Et il y a un papier sur la porte qui nous indique que les visites sont suspendues pour tout le monde, même pour la maison de peine et pour la maison d’arrêt jusqu’à nouvel ordre parce que les prisonniers sont en train de manifester dans la cour depuis hier quand ils sont descendus en promenade (…) Ils disent qu’ils ont prévenu les détenus, mais mon compagnon m’a appelé il y a une heure et il n’était pas du tout au courant, donc c’est faux », témoigne une jeune fille venue rendre visite à son compagnon ce dimanche matin.
Une autre proche de détenu rencontrée ce dimanche matin à Lantin témoigne : « Ils n’ont pas de préau, ils n’ont pas de douche, ils n’ont pas de cantine, on ne peut pas changer leur linge sale parce qu’il n’y a pas de récupération de linge, c’est des conditions imbuvables », dit-elle.















