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Après 14 heures de réunion, le gouvernement fédéral a trouvé un accord pour le budget 2025. Celui-ci est présenté comme "une série de réformes historiques", mais est-ce réellement le cas ? Analyse et explications de Martin Buxant.
Le gouvernement fédéral tient son "accord de Pâques", après 14 heures de réunion. "Il y a une série de réformes que l'on peut qualifier d'historiques", a même affirmé le Premier ministre, Bart De Wever, à l'issue de la réunion en comité restreint.
La Défense a été régulièrement évoquée dans cet accord et Théo Francken semble ravi. "En vérité, il surjoue un peu sa joie", tempère Martin Buxant, notre référent politique. "Le gouvernement a bien entériné le fait que le pays allait consacrer 2% de son produit intérieur brut à la Défense, ça fait 17 milliards d’euros supplémentaires sur la législature, dont 4 milliards d’ici la fin de l’année".
Aucun accord n’a, en revanche, été trouvé sur la manière de trouver cet argent. "Va-t-on s'endetter ? Va-t-on vendre ce qu’on appelle les bijoux de famille comme Belfius ou Proximus ? Va-t-on saisir les avoirs russes gelés en Belgique ? Ces questions restent ouvertes", ajoute-t-il.
Allocations de chômage
C’est "le" gros morceau du gouvernement, "très symbolique puisqu’on sait que la droite se bat depuis des années en Belgique pour limiter les allocations de chômage dans le temps". "Cette fois-ci, c’est fait et un calendrier a été agréé. A partir du 1er janvier 2026, les allocations de chômage seront effectivement limitées à deux ans, ce qui aura pour effet immédiat qu’environ 100.000 personnes perdront leur droit au chômage à cette date-là", explique Martin Buxant.
En pratique, comment ça va se passer ? Le gouvernement De Wever a adopté le texte en première lecture. Un concertation avec les régions doit maintenant avoir lieu, ainsi que des avis du Conseil d’État. Un vote par le Parlement interviendra avant le 1er juillet.
"Dans la foulée, l’ONEM écrira à tous les chômeurs pour les informer de la nouvelle situation ; on estime que deux tiers des 100.000 chômeurs de plus de deux ans se tourneront alors vers les CPAS. La charge passe dès lors sur les épaules des villes et communes", ajoute notre journaliste.
Surpopulation carcérale
Autre volet de cet accord : la saturation des prisons belges. "La Belgique a franchi récemment le seuil historique de 13.000 prisonniers dans ses prisons, pour 11.000 places disponibles. Des détenus doivent dormir par terre, faute de places", confirme Martin Buxant.
La ministre de la Justice, Annelies Verlinden, elle se réjouit aussi, "mais à ce stade, ce qu’on retient, c’est la création d’une task force - un terme pour dire qu’on remet les choses à plus tard - pour voir comment renvoyer les prisonniers en séjour illégal vers leur pays. On attend donc de voir si la ministre va réussir ce que d’autres ont promis de faire depuis des années", souligne Martin Buxant.
Ces réformes sont-elles réellement "historiques" ?
"Si historique pour un politique, c’est simplement faire ce qu’il avait promis de faire, c’est effectivement historique", répond notre référent politique.
"Les vraies mesures concrètes, avec un calendrier précis, portent sur l’exclusion des chômeurs de longue durée. Ça, c’est acquis et c’est réellement neuf. Le reste, très sincèrement, on attend encore de voir. Les milliards pour la Défense notamment ou la fameuse taxation des plus-values boursières, il n’y a encore rien à ce stade", a-t-il conclu.


















