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Il y a un point sur lequel francophones et flamands semblent être d'accord : Georges-Louis Bouchez ne devrait pas devenir ministre. Voici l'un des nombreux résultats qui ressort du "Grand Baromètre RTL info/Ipsos/Le Soir/VTM et HLN". Analyses et explications.
Seul un Belge sur cinq est favorable à ce que Georges-Louis Bouchez intègre le gouvernement. C'est en tout cas ce qui ressort des résultats du "Grand Baromètre RTL info/Ipsos/Le Soir/VTM et HLN".
"Il y a un Wallon qui veut bien que Georges-Louis Bouchez soit ministre, c'est Georges-Louis Bouchez lui-même. Les autres, honnêtement, ce n'est pas top, puisqu'il y a quand même 70% des Wallons qui ne veulent pas qu'il soit ministre", explique Bernard Demonty, chef du pôle Pouvoirs à Le Soir.
"Le fait que Bouchez devienne ministre de l'Intérieur est quelque chose qui circule beaucoup dans les rangs du MR, y compris chez les touts proches de Georges-Louis Bouchez. L'idée, c'est que quand il aura réglé - si c'est possible - la crise bruxelloise, il n'aura plus grand-chose à faire comme président. Et à ce moment-là, il viendrait au fédéral pour remplacer Bernard Quintin", ajoute-t-il.
Ce dernier, selon Bernard Demonty, en aurait très envie puisqu'il pourra rejoindre "ses copains" Bart De Wever et Maxime Prévot. Mais "les Wallons et les Bruxellois ne sont pas enchantés par cette perspective".
Comment expliquer ce mauvais score ?
42% des gens qui ont voté MR et 51% des Belges, de manière générale, estiment qu'il ne doit pas monter au gouvernement. Comment expliquer une telle perte de confiance ? "Il est plutôt pris pour ce qu'il est, un "street fighter", et son combat, il l'a dit lui-même, c'est la guerre culturelle", répond Martin Buxant, journaliste politique à RTL info.
"Je pense qu'il est plus perçu comme un élément de combat visant à droitiser la société belge et que les gens estiment qu'à l'intérieur d'un exécutif, il serait plutôt un paramètre déstabilisant qu'un facteur de stabilité", avance-t-il. "Je crois qu'il fait déjà peur comme président et dans un exécutif, ce serait bien pire".
Bart De Wever n'a pas convaincu
Le "Grand Baromètre RTL info/Ipsos/Le Soir/VTM et HLN" s'est également penché sur la popularité de notre Premier ministre Bart De Wever. Les Belges sont-ils satisfaits de lui ? C'est un ni oui, ni non, puisque les résultats s'avoisinent dans les deux cas autour des 45%.
"C'est mi-figue, mi-raisin. Il n'y a pas d'enthousiasme énorme", confirme Bernard Demonty. "C'est le moment parce que c'est le premier Grand Baromètre depuis la formation de l'Arizona. On se demandait, notamment pour les francophones : "Est-ce que Bart De Wever est le diable ou l'homme d'Etat?"".
Certains francophones trouvent qu'il va sauver le pays, d'autres pensent que c'est lui le danger. 56% des Bruxellois se méfient et 52% des Wallons ne sont pas satisfaits.
"Quand on avait posé la question avant que Bart De Wever ne devienne Premier ministre, 10% de Wallons en moins se méfiaient. On sent que depuis qu'il est Premier ministre, il n'a pas convaincu", ajoute Bernard Demonty. D'autant plus que les premières mesures de l'Arizona - telles que les mesures touchant les fonctionnaires, les pensionnés ou encore les femmes - ont été mal accueillies pour une partie des francophones, notoirement plus à gauche. "Tout ça n'a pas renforcé la sympathie pour le Premier ministre".
60% des francophones pensent par ailleurs que Bart De Wever a pour objectif...l'indépendance de la Flandre. "À gauche, on pense que ses intentions sont cachées, on ne lui fait pas confiance, on pense aussi qu'il va favoriser la Flandre", réagit Martin Buxant. "Il ne parviendra jamais à aller rechercher ces gens à gauche. Ils sont perdus pour sa cause, on ne le croit pas. On croit véritablement qu'il va aller vers les intérêts de la Flandre et vers l'indépendance de la Flandre".
"Chaos politique" à Bruxelles
Près de neuf mois après les élections, Bruxelles n'a toujours pas de gouvernement. Actuellement, une éventuelle co-gestion par la Wallonie et la Flandre est proposée.
"Dans ce débat, on constate que les Bruxellois sont radicalement contre. Ils veulent être gérés par eux-mêmes et par personne d'autre. Et ça prouve aussi que l'identité bruxelloise en tant que telle. Par contre, les Wallons sont un peu plus mitigés. Ils ne sont pas vraiment contre, pas vraiment pour non plus", analyse Bernard Demonty.
"Par contre, côté Flamands, ça, il n'y a aucun doute", continue-t-il. "Les Flamands, et d'ailleurs, c'est historiquement une position de la Flandre et en particulier des nationalistes, qui n'ont jamais trop aimé que Bruxelles prenne son destin en main, veulent pouvoir co-gérer Bruxelles et c'est dans le programme de la N-VA".
Solidarité financière
Autres chiffres révélateurs de ce Grand Baromètre : 73% des sondés pensent que si Bruxelles devait connaître de graves problèmes financiers, la Flandre et la Wallonie devraient fournir une aide financière.
"Les Bruxellois croient encore au Père Noël", rétorque Martin Buxant. "Un des grands enseignements de ce baromètre : c'est la catastrophe pour Bruxelles. Il n'y a pas de gouvernement. On est là, quasiment un an après avoir voté, et les Bruxellois ne veulent pas être co-gérés par les Wallons et les Flamands, mais ils demandent de l'argent. Ils sont 73% à dire qu'il faut nous refinancer parce qu'on n'y arrive pas. (...) Ce chaos politique a des conséquences vraiment terribles, nottament en termes d'images".
Dans ce Grand Baromètre RTL info/Ipsos/Le Soir/VTM et HLN, 2.600 personnes ont été interrogées du 4 au 11 mars 2025. Précisément 1.000 Flamands, 1000 Wallons et 600 Bruxellois. La marge d’erreur est de 3.1% en Wallonie et en Flandre, et de 4% à Bruxelles.


















