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La Chambre avait suspendu la discussion générale du budget 2025 de l’Etat fédéral jeudi à 01h00, au terme d’une séance entamée à 10h00 et ponctuée de suspensions. Les travaux ont ensuite repris dans la matinée à 10h00. La majorité était tout juste en nombre, soit 76 membres, pour pouvoir entamer les travaux. La veille, la séance matinale n’avait pas pu avoir lieu, car ce quorum n’était pas atteint.
La séance plénière s’annonce longue. Aucune heure de fin n’a été fixée, l’hémicycle devant être libéré pour vendredi à 09h00. Le Palais de la Nation recevra en ses murs l’assemblée parlementaire de l’Otan. L’ordre du jour prévoit la suite de la discussion générale sur le budget. Les groupes Ecolo-Groen, Vooruit, Open Vld, CD&V et DéFI doivent encore s’exprimer.
Ensuite, les députés examineront un amendement déposé par le ministre de l’Énergie Mathieu Bihet. Celui-ci porte sur un montant de 380 millions d’euros. Il concerne la mise en œuvre de l’accord conclu sous la législature passée avec Engie pour prolonger l’activité des réacteurs nucléaires Doel 4 et Tihange 3. Le Premier ministre Bart De Wever est attendu ensuite pour sa réponse avant la tenue des débats thématiques, ministre par ministre. La traditionnelle séance de questions d’actualité est également prévue à 14h15.
Budget pour la Défense
La future norme de dépense de l’OTAN a accaparé mercredi une grande partie du débat sur le budget 2025 à la Chambre. L’opposition de gauche a pressé les représentants de la majorité de questions à quelques jours du sommet de La Haye qui devrait l’avaliser.
Le gouvernement a décidé d’arriver dès cette année à 2 % du PIB affectés à la Défense et non en 2029 comme il l’avait initialement prévu. Malgré cet effort considérable, il sera confronté sous peu à un défi plus grand encore : atteindre 5 % du PIB. Mardi, en commission, le Premier ministre entouré des ministres des Affaires étrangères et de la Défense n’a pas caché que la Belgique était isolée au sein de l’Alliance et qu’il était vain de se battre contre la nouvelle norme.
L’opposition attaque
Le PS, le PTB et Ecolo-Groen ont assailli les députés de l’Arizona : comment le gouvernement peut-il accepter un tel objectif qui obérera les marges financières du pays à l’avenir, qui va payer, à quoi serviront ces dépenses, etc.
« La majorité navigue à vue, les sources de financement ne sont pas identifiées alors que le ministre de la Défense court d’un salon militaire à un autre comme s’il s’agissait de magasins de jouets. Qui va payer ce délire collectif de 5 %, sinon les pensionnés, les travailleurs, les malades, les services publics ? » a demandé le chef de groupe PS, Pierre-Yves Dermagne.
Une norme de 5 % mènerait à un déficit de 61 milliards d’euros d’ici 2029, selon les socialistes, « soit le budget des pensions ». L’interrogation était la même chez les écologistes : « prévoyez-vous de faire gagner la Belgique au super lotto ? » a ironisé Rajae Maouane. « Vous n’arrivez même pas à financer les 2 % du PIB et maintenant vous nous annoncez 5 % ! », a renchéri Nabil Boukili (PTB). « Pendant des années, vous nous avez dit qu’il n’y avait pas d’argent pour les pensions et les salaires. Mais pour les dépenses militaires, vous allez trouver des milliards », a complété Sofie Merckx.
Le député Steven Vandeput (N-VA), ministre de la Défense dans le gouvernement Michel, a été particulièrement sollicité.
Ce n’est tout simplement pas vrai
« Ce n’est pas demain qu’on sera à 5 %, ce n’est tout simplement pas vrai », a-t-il tonné. La décision sur la norme et ses modalités n’a pas encore été prise. « Nous verrons la semaine prochaine la décision qui sortira et selon quel délai. Mais nous devons respecter nos obligations », a-t-il averti, en rappelant qu’il n’y avait guère d’autre solution : « Si vous n’êtes pas d’accord, quelle solution proposez-vous ? Dites-nous simplement : on sort de l’OTAN ». L’incertitude était aussi tangible au MR. « Il y aura un cap et on verra comment y arriver », a expliqué Benoît Piedboeuf en précisant qu’il n’était pas favorable « à l’explosion des dépenses de Défense ».
Bien d’autres thèmes ont été abordés au fil de la séance : emploi, pension, santé, finances et bien sûr l’assainissement des finances publiques. De récents rapports de la Cour des comptes et du Bureau du plan ou la dégradation de la notation belge par l’Agence Fitch montrent la difficulté de la tâche.
L’opposition a accusé le gouvernement de faillir à ses objectifs et de dégrader encore la situation. « Nous avons hérité d’un champ de ruines budgétaire. A politique inchangée, le pays aurait atteint des déficits abyssaux. On ne refera pas les fondations de la Maison Belgique en quatre mois, il faudra peut-être deux, voire trois législatures », a averti Xavier Dubois (Les Engagés).
Choix assumé
Le MR a mis en avant « un choix assumé en faveur de la responsabilité et des réformes structurelles ». « Certaines de ces réformes demandent du courage mais elles sont nécessaires », a affirmé M. Dubois.
Les centristes francophones ont fait leur retour dans une majorité fédérale après dix ans d’opposition et la refondation d’un parti politique. Ils ont été particulièrement visés durant le débat. Les Engagés ont essuyé jeudi en fin de soirée un feu nourri de questions de l’opposition francophone -PS et Ecolo particulièrement. Ils ont mis en avant leurs acquis dans le gouvernement, en particulier le maintien d’investissement dans les soins de santé.
Une interprétation fermement contestée par les socialistes qui ont accusé les Engagés de « se cacher ». Une flèche a aussi été décochée par l’autre parti centriste. « Vous mettez en avant sans cesse ce qui se serait passé si vous n’étiez pas là. Mais justement, sans les Engagés, il n’y aurait pas d’Arizona. Vous êtes un peu le service après-vente de l’Arizona, vous êtes là pour faire passer la pilule », a raillé François De Smet (DéFI).
Les échanges ont souvent été stériles, les députés interrogeant d’autres députés et attendant d’eux des réponses qui devraient être données par des ministres. Devant la longueur des discussions, ils sont plusieurs à s’interroger sur l’utilité d’une telle procédure. « Vous recevrez des réponses, nous sommes encore là pour quatre ans, laissez-nous travailler », a réclamé M. Bouchez.


















