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Les travailleurs belges n'ont plus été aussi assidus depuis cinq ans. C'est ce que révèlent les résultats d'une étude Acerta. Amandine Boseret, experte juridique de ce bureau, nous offre son analyse.
L'absentéisme était exceptionnellement bas en 2023, c'est bien ça?
En effet. Quand on prend toutes les absences, non seulement les maladies mais aussi les vacances, les interruptions de carrière ou le chômage temporaire, on constate qu'il y a eu une recrudescence des absences ces quatre dernières années. Mais, maintenant, les travailleurs sont en effet bien présents sur leur lieu de travail.
Comment expliquer cette évolution?
On ne peut pas l'expliquer avec une seule réponse, il faut un petit peu nuancer. Il y a eu notamment une augmentation du chômage temporaire pendant la période Covid, évidemment. Il y a également le congé parental qui a un peu augmenté avant d'être fortement diminué à partir de 2023. Il y a plein de critères qui permettent d'expliquer ce phénomène. Ce qu'on voit, par contre, c'est que la maladie reste la cause d'absence la plus importante.
Toutes les entreprises sont-elles égales face à l'absentéisme?
Quand on regarde, par exemple, juste la maladie, on voit que dans les petites et moyennes entreprises, il y a beaucoup moins d'absence pour maladie que dans les grandes entreprises. On passe vraiment du simple au double: de 12,5 jours d'arrêt maladie par an dans les PME contre quasi 25 jours par an.
Ce que dit l'enquête Acerta
En moyenne, les travailleurs étaient présents 83% de leur temps de travail en 2023, soit 208 jours pour un temps-plein. Ce niveau de productivité n'a "jamais été aussi élevé au cours des dernières années", selon le baromètre.
Il enregistrait une augmentation de 0,8 point de pourcentage par rapport à 2022, qui était la première année où la productivité avait à nouveau atteint son niveau d'avant pandémie. "En d'autres termes, moins de temps a été consacré aux congés de maladie, aux vacances, aux interruptions de carrière et au chômage temporaire l'année dernière", commente Acerta.
En moyenne, 7,9% du temps de travail (19,7 jours pour un temps-plein) n'a pas été presté pour cette raison médicale. Venaient ensuite les vacances (6,3% du temps de travail), les interruptions de carrière ou crédits-temps (3,2%) et enfin le chômage temporaire ou économique (0,4%).
Acerta note que "l'absence pour cause de maladie est manifestement plus problématique dans les grandes entreprises que dans les PME". Selon ses données, le problème y est bien deux fois plus important: 9,9% de temps d'absence dans les grandes entreprises contre seulement 5% dans les petites et moyennes.
"Comme il semblerait illogique de dire que les petites entreprises recrutent des personnes en meilleure santé que les grandes, ou qu'il y a automatiquement plus de risques pour la santé dans les grandes entreprises que dans les petites, la cause (et donc la solution) doit être recherchée au sein des entreprises de façon individuelle", note Amandine Boseret, experte juridique chez Acerta.
Se sentir bien au travail
Selon une enquête, trois éléments sont essentiels pour se sentir bien au travail : une autonomie suffisante, un sentiment d'implication et la certitude de disposer des compétences nécessaires pour accomplir ses tâches. "Les entreprises aux prises avec un taux d'absentéisme élevé auraient donc tout intérêt à analyser ces trois composantes en leur sein", conclut-elle.