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Emmanuel Macron relance le débat sur le rôle du parapluie nucléaire français pour protéger l’Europe. Quelle est cette proposition, jugée "prometteuse" par Varsovie?
Emmanuel Macron veut "ouvrir le débat stratégique" sur la protection de l'Europe par le parapluie nucléaire français, a-t-il déclaré mercredi sur fonds de rapprochement entre Moscou et Washington, précisant que la décision d'y recourir resterait "entre les mains" du président français.
"Répondant à l'appel historique du futur chancelier allemand (Friedrich Merz), j'ai décidé d'ouvrir le débat stratégique sur la protection par notre dissuasion de nos alliés du continent européen", a déclaré le chef de l'Etat français lors d'une allocution télévisée.
Toutefois, "quoi qu'il arrive, la décision a toujours été et restera entre les mains du président de la République, chef des armées", a-t-il indiqué, en réponse à des critiques de certains acteurs politiques français d'opposition.
Qu'est-ce que le parapluie nucléaire?
Un parapluie nucléaire désigne la protection qu'un État doté de l'arme nucléaire offre à ses alliés non-nucléaires. Ici, l'extension du parapluie nucléaire français impliquerait que la France s'engagerait à utiliser sa force de frappe nucléaire pour défendre ses alliés européens en cas d'agression.
Il s'agit donc d'une technique de dissuasion, car la menace de représailles nucléaires dissuade les potentiels agresseurs d'attaquer les pays protégés.
En évoquant l'hypothèse d'une dissuasion nucléaire française élargie à l'Europe, Emmanuel Macron répondait à M. Merz, qui a jugé nécessaire que le Vieux continent se prépare "au pire scénario" d'une Otan dépourvue de la garantie de sécurité.
M. Macron, à la tête d'une des deux puissances nucléaires en Europe avec le Royaume-uni, intervenait alors que la nouvelle administration Trump fait craindre un désengagement des Etats-Unis en Ukraine et une rupture historique de leur alliance avec les Européens. "La menace russe est là et touche les pays d'Europe, nous touche", insiste le président français.
Selon lui, "nous restons attachés à l'Otan et à notre partenariat avec les Etats-Unis d'Amérique. Mais il nous faut faire plus, renforcer notre indépendance en matière de défense et de sécurité. L'avenir de l'Europe n'a pas à être tranché à Washington ou à Moscou".
Toutes ces questions promettent d'être au coeur d'un sommet extraordinaire de l'Union européenne, jeudi à Bruxelles, qui vise selon l'Elysée à démontrer que les Vingt-Sept "accélèrent" dans ce secteur.
Une proposition "très prometteuse"
La proposition du président français est "très prometteuse", a estimé jeudi le chef du gouvernement polonais Donald Tusk.
Un parapluie nucléaire, "c'est ce qui peut nous donner un avantage très net sur la Russie", a jugé le Premier ministre polonais qui s'exprimait devant les journalistes à Bruxelles, juste avant l'ouverture du sommet européen extraordinaire sur l'Ukraine.
"Comme toujours, ce sont les détails qui comptent, mais cette disponibilité de la France, c'est quelque chose de très prometteur", a-t-il ajouté.
En avril, le président conservateur polonais Andrzej Duda avait de son côté déclaré que son pays était prêt à accueillir des armes nucléaires de l'Otan.
Par ailleurs, M. Tusk a souligné que, face à la course aux armements qu'il a accusé la Russie d'avoir déclenchée et à la nouvelle approche de l'administration américaine concernant l'Europe, cette dernière devait "relever ce défi, cette course aux armements" et qu'elle devait "la gagner".
"Je suis convaincu que la Russie (la) perdra", tout comme l'Union soviétique s'était inclinée à l'issue d'une course aux armements "similaire" dans les années 1980, a-t-il insisté.
Selon lui, il s'agit de "la seule méthode pour éviter un conflit à plus grande échelle".
La Pologne, un fidèle allié de l'Ukraine depuis le début de l'invasion russe de ce pays, consacre près de 5% de son PIB à la défense.



















