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Trouver une place dans une crèche représente souvent un défi pour beaucoup de parents, car les places manquent en Fédération Wallonie-Bruxelles. De plus, de nombreuses crèches privées font faillite. Une crèche privée d'Habay-la-Neuve a été sauvée par deux entrepreneurs, grâce à un nouveau plan de financement. Un projet pilote qui a permis de sauver deux crèches non subventionnées.
Aurélie Erpelding a créé sa crèche il y a 9 ans. Un rêve qui s'est vite transformé en cauchemar. Depuis 2 ans, la directrice ne parvenait plus à se payer un salaire. "Ce sur quoi je faisais de grosses économies, c'était mon salaire à moi. Donc j'ai travaillé bénévolement pendant de nombreux mois, années. Je pense que la personne qui n'aime vraiment pas ce métier-là ne tiendra pas autant de temps".
Elle raconte aujourd'hui la chute progressive de sa crèche : "Ça a été de plus en plus difficile, surtout ces 2-3 dernières années. Les coûts de la vie ayant tellement augmenté, je ne m'en sortais plus financièrement. Les mensualités qu'on demande aux parents n'ont pas été augmentées assez pour compenser ça. Et à un moment donné, j'ai vu l'histoire crouler."
En avril dernier, elle annonce aux parents la fermeture. Ils ont 6 mois pour trouver un autre lieu d'accueil. Mais ils décident de se mobiliser pour sauver la crèche de leurs enfants. Ils savent qu'ailleurs, les délais d'attente sont d'au moins 1 an. En Fédération Wallonie-Bruxelles, il y a un peu moins de 4 places pour 10 enfants en bas âge.
Antoine est le papa du petit Gustave : "Je crois que ça traduit aussi la confiance et la reconnaissance qu'on a envers cette crèche. Si ça avait été une crèche quelconque et qu'elle ne donnait pas satisfaction, je ne pense pas qu'il y aurait eu cette mobilisation et cette envie d'aider, en tout cas pas à ce point-là."
Comment fonctionne Impactoo
Deux entrepreneurs sont alors mis en contact avec Aurélie. Leur objectif : aider les crèches non subventionnées. En Fédération Wallonie-Bruxelles, ces structures offrent 10 000 places d'accueil, mais elles disparaissent petit à petit.
"Le budget global d'une crèche du type de celle-ci, c'est plus ou moins 10.000 euros par place par an de rentrée par an. Et quand on fait le calcul de ce qu'elles auraient besoin pour être tout à fait conformes aux règles de l'ONE, elles auraient besoin de 14.500 euros. Donc il manque structurellement 4500. Et donc plus il y a d'enfants, plus on est en déficit", explique Philippe Van Ophem, co-fondateur de Impactoo.
Concrètement, Philippe et Daniel travaillent en deux étapes : d'abord, convaincre les communes de soutenir ces structures à hauteur de 1 500 euros par place par an. Ensuite, obtenir un subside de base de l'Office de la Naissance et de l'Enfance (ONE) auxquels ces crèches ont droit. Il s'agit en fait d'un financement d'un mi-temps de direction.
Ce n'est pas en réalité insurmontable, mais ça fait peur
Problème, dans la pratique ces démarches paraissent insurmontables : "Elle doit d'abord faire évoluer sa structure vers une forme d'ASBL, donc aller chez le notaire, publier de nouveaux statuts, s'engager comme employée de sa propre structure, et puis rentrer tout un dossier à l'ONE, obtenir l'agrément, et puis finalement obtenir les subsides. Ce n'est pas en réalité insurmontable, mais ça fait peur", détaille Daniel Verougstraete.
Céline a également pris part à ce projet pilote. Elle a lancé sa crèche fin 2019. Depuis, elle ne s'était jamais payée un salaire. Aujourd'hui, grâce à l'aide d'Impactoo, elle parvient enfin à envisager l'avenir. "Cette somme que je vais pouvoir déjà recevoir pour le dernier trimestre de 2024 va pouvoir me permettre de payer l'ONSS directement, sans devoir demander un plan de paiement et d'apurement. Donc c'est vraiment une grosse épine hors du pied."
Un projet pilote à Habay-la-Neuve
Habay-la-Neuve est la première commune à prendre part à ce projet. Elle compte une crèche communale et trois privées. Les délais d'attente sont de minimum un an. Aujourd'hui, il faut préserver toutes ces places. "C'est le public qui va vraiment travailler avec le privé, mais pour répondre à une question d'utilité publique", se réjouit Amélie Cremers, directrice du CPAS.
C'est essentiel à plusieurs égards
"L'accueil de la petite enfance, c'est essentiel à plusieurs égards. C'est essentiel parce que ça permet aux parents de travailler, de se former, quelle que soit leur situation sociale. Ça permet à leurs enfants d'avoir accès à une structure d'accueil de qualité, où ils vont pouvoir se socialiser, ils vont pouvoir avoir des bienfaits éducatifs, et les études le montrent."
Les deux entrepreneurs d'Impactoo s'engagent aussi à négocier avec l'ONE pour que l'organisme débloque également des aides supplémentaires.
Ces cinq dernières années, en Fédération Wallonie-Bruxelles, 1.700 places ont été perdues dans les crèches.


















