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La musique, bien qu’immatérielle et invisible, occupe une place de choix dans le quotidien de nombreuses personnes. « Matin, midi, soir, je m’endors même avec mes écouteurs », « J’en écoute tous les jours quand je me déplace », « Je n’aime pas le silence », « Ça fait intégralement partie de ma vie. » Ces témoignages reflètent ce que ressent une grande majorité : la musique nous accompagne, enjolive nos trajets quotidiens, nous apaise et nous absorbe.
Il faut dire que la musique est partout. Que ce soit dans les transports, dans les salles de sport ou bien même dans les restaurants, nous y sommes tous exposés, parfois même sans nous en rendre vraiment compte. Selon une enquête de la Fédération de l’industrie phonographique menée en 2023, nous écoutons en moyenne 20,7 heures de musique par semaine. 71 % des personnes interrogées disent que la musique est importante pour la santé mentale.
L’hormone du bonheur
Pourtant, la musique ne représente pas un besoin physiologique, ce qui signifie que techniquement on pourrait vivre sans elle. D’ailleurs, il existe une minorité pour qui la musique semble n’avoir aucune importance. « On estime que c’est environ 5 % des gens seulement qui sont indifférents à la musique », explique Alain Collinet, musicothérapeute au CHU de Liège. Pour lui, l’explication tient à notre système de la récompense : « Nous pensons que chez ces personnes, la musique n’est pas liée au système de la récompense, et donc du plaisir ». Et puisque la personne ne tire aucun plaisir, elle ne recherche pas à écouter de la musique.
Pour la majorité toutefois, la musique joue un rôle bien plus significatif. Lorsqu’on écoute de la musique, notre cerveau se met en action. Les ondes sonores captées par nos oreilles sont transformées en signaux électriques, activant des zones comme le cortex auditif, responsable des émotions et de la mémoire. Résultat : le cerveau libère de la dopamine, l’hormone du plaisir.
La musique est un art difficile à mesurer, et par conséquent ses effets difficiles à prouver.
C’est d’ailleurs pour cette raison que la musique peut influencer notre humeur, voire soulager certains états dépressifs. « Chez les personnes dépressives, on a pu constater qu’il y avait en tout cas une diminution de la prise d’antidépresseurs », confirme Alain Collinet, tout en nuançant : « La musique est un art difficile à mesurer, et par conséquent ses effets difficiles à prouver ».
De la salle de concert à l’hôpital
Bien que difficile à quantifier scientifiquement, les bienfaits de la musique sont de plus en plus explorés. À l’hôpital Epicura d’Hornu, par exemple, un projet innovant teste l’impact de la musique sur les patients atteints de cancer depuis plus d’un an. Grâce à l’association Interlude et aux musiciens de l’Orchestre Royal de Chambre de Wallonie, les patients bénéficient de concerts privés et personnalisés en plein traitement de chimiothérapie.
C’est un temps suspendu, un moment d’évasion.
« C’est apaisant », témoigne un patient. Sa compagne ajoute : « Au moins il voit autre chose, ça lui permet de sortir un peu de ses pensées ». Cette initiative vise à offrir une « parenthèse », face à l’épuisement émotionnel et physique qui accompagne souvent la maladie. « C’est un temps suspendu, un moment d’évasion, qui permet aux patients de penser à autre chose pendant des moments qui ne sont pas très agréables », souligne François Hocepied, psycho-oncologue dans cet hôpital.


Mais cette expérience ne serait pas possible sans des musiciens comme Anne Alto. Cette musicienne alto, retraitée de l’Orchestre Royal de Chambre de Wallonie, raconte son expérience à l’hôpital : « Quand on joue pour les patients, il y a quelque chose de l’ordre du laisser-aller qui se passe, et en tant que musicien on le ressent, même si la personne ne l’exprime pas verbalement. Une attitude, un regard, une posture suffit. »


















