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Les frères Dardenne ont reçu le Prix du scénario pour leur film "Jeunes mères" ce samedi soir au Festival de Cannes. Et la Palme d'or a été décernée au cinéaste et dissident iranien Jafar Panahi pour son film "Un simple accident", tourné clandestinement.
Les frères Dardenne ont remporté, ce samedi soir lors de la cérémonie de clôture du Festival de Cannes, le Prix du scénario, 17 ans après avoir reçu cette même distinction pour "Le silence de Lorna".
Pour ce dixième long-métrage présenté en compétition sur la Croisette, le duo propose de plonger dans l'histoire de cinq jeunes femmes hébergées dans une maison maternelle qui les aide dans leur vie de jeunes mères.
Habitués des marches, les deux cinéastes font partie du club très fermé des réalisateurs doublement "palmés" grâce à "Rosetta" (1999) et "L'Enfant" (2005). Sur 13 longs-métrages réalisés par les frères, 11 ont été présentés au Festival de Cannes, dont 10 en compétition officielle. Outre les deux Palmes, le duo y a également raflé six prix majeurs ces dernières années : le Prix d'interprétation féminine (Émilie Dequenne) pour Rosetta en 1999, le Prix d'interprétation masculine (Olivier Gourmet) pour Le Fils en 2002, le Prix du scénario pour Le Silence de Lorna en 2008, le Grand Prix pour Le Gamin au vélo en 2011, le Prix de la mise en scène pour Le Jeune Ahmed en 2019 et un prix spécial pour la 75e édition du festival pour Tori et Lokita en 2022.
À l'issue de la cérémonie, les deux frères ont réagi. "On va vous le montrer quand même" ont-ils lancé avant de présenter leur trophée à la caméra. "On est très contents, a lancé Jean-Pierre Dardenne. C'est très bien que le film qui est en compétition obtienne un prix. Donc, ça veut dire qu'il a été vu par le public et remarqué par le jury. Hier, c'était le public qui a fait une belle ovation au film et aujourd'hui le jury nous dit qu'il a aussi remarqué en lui descendant un prix".
Palme d'or pour le dissident Jafar Panahi
Le dissident iranien Jafar Panahi a, lui, reçu la Palme d'or pour son film "Un simple accident", brûlot politique tourné en clandestinité, envoyant à ses compatriotes un message pour "la liberté".
"Mettons tous les problèmes, toutes les différences de côté", a lancé aux Iraniens le cinéaste de 64 ans, qui a pu se rendre à Cannes pour la première fois depuis 15 ans.

"Le plus important en ce moment, c'est notre pays et c'est la liberté de notre pays", a-t-il ajouté après avoir reçu son trophée, décerné par l'actrice australo-américaine Cate Blanchett et la présidente du jury, la comédienne française Juliette Binoche.
Thriller moral auscultant le dilemme d'anciens détenus tentés de se venger de leur tortionnaire, "Un simple accident" s'en prend très directement des forces de sécurité iraniennes. C'est aussi une réflexion sur la justice et la vengeance face à l'arbitraire.
Un film réalisé dans la clandestinité
Panahi, qui a connu la prison à deux reprises en Iran, pays dont il ne pouvait pas sortir jusqu'à récemment, a promis de rentrer après Cannes malgré les risques de représailles. Nul ne sait quel sort lui réserveront les autorités en réaction à son onzième long-métrage.
Son film a été réalisé dans la clandestinité, le cinéaste se refusant à demander les autorisations pour tourner. Au mépris des lois de la République islamique, plusieurs de ses actrices apparaissent sans voile.
Il est le deuxième Iranien à remporter la Palme après Abbas Kiarostami pour "Le goût de la cerise" (1997). L'an dernier, la récompense avait échappé à un autre Iranien dissident, Mohammad Rasoulof, qui avait dû se contenter d'un prix spécial et est resté ensuite en exil.


















