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Ce samedi soir, les frères Dardenne ont reçu le Prix du scénario pour leur film "Jeunes mères", lors de la cérémonie de clôture du Festival de Cannes. Leur histoire est à jamais associée à "Rosetta" et aux larmes d'Émilie Dequenne au moment de recevoir son prix d'interprétation. C'était il y a 26 ans. Rencontre avec les deux réalisateurs juste avant le Festival.
Jean-Pierre et Luc Dardenne ne sont plus à présenter sur la Croisette. Les réalisateurs belges sont devenus en 26 ans des habitués du Festival de Cannes, foulant le tapis rouge pour la dixième fois. Leur histoire d’amour avec le festival débute en 1999, lorsque Rosetta décroche la Palme d’or, accompagnée du prix d’interprétation féminine pour Émilie Dequenne. Ce film, devenu matrice de leur cinéma, a marqué un tournant dans leur carrière comme dans la représentation du cinéma belge à l’international.
Je suis tendu
"Rosetta est un personnage matrice de notre cinéma, et donc Émilie", confient-ils. La jeune actrice, alors débutante, s’était totalement approprié son rôle. "Elle a vraiment pris le personnage, et il est devenu Émilie, si je puis dire". Depuis cet événement, chaque retour à Cannes ravive ce souvenir fondateur. "On aura une pensée pour Émilie. Cette fois-ci, on y pensera plus. De toute façon, chaque fois qu’on y allait, on pensait à la première fois où on était là avec elle".
Malgré cette expérience, participer au Festival de Cannes reste une épreuve. "Je suis tendu parce qu’on va montrer le film devant 2300 ou 3000 personnes", souligne Jean-Pierre Dardenne. La pression, mêlant critique internationale, public et professionnels du cinéma, demeure intense. "C’est, d’une certaine manière, on lâche un peu le bébé là".
Les souvenirs de leur première montée des marches restent vifs. "Quand vous entrez dans la salle et que tout le monde est debout, et que vous descendez pour aller vous asseoir… La première fois, j’ai failli être bloqué et paralysé dans mon mouvement", confie Luc Dardenne.
Le nouveau film des frères belges, en compétition officielle, met en scène cinq adolescentes devenues mères, confrontées à des conditions sociales difficiles. Un sujet fidèle à leur univers : des personnages fragilisés, mais porteurs d’une volonté de s’en sortir. "Ce qui nous intéresse, ce sont les gens de nos sociétés qui sont en situation de vulnérabilité", expliquent-ils.
Avec ce film, les Dardenne poursuivent leur travail avec de jeunes comédiens, parfois novices, comme ce fut le cas avec Émilie Dequenne. "Je pense qu’Émilie elle-même nous aurait dit : ‘Hé les gars, soyez avec les jeunes filles, là, qui ont travaillé avec vous, comme vous étiez avec moi.’"
En s’appuyant sur la force de la fiction, les réalisateurs poursuivent leur œuvre engagée, en offrant un regard sincère et humain sur les marges de la société. "C’est ça qu’on essaye de raconter, c’est des gens qui se battent pour s’en sortir".


















