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Barbara Abramowicz, pédiatre à la clinique Gabrielle à Uccle, était l'invitée de Caroline Fontenoy. Durant la petite enfance, entre 0 et 2 ans, un enfant tombe souvent malade. Il doit, comme on a l'habitude de le dire "faire son immunité". À côté de cela, il y a toute une série de vaccins à faire, mais ces dernières années, la vaccination est en baisse et certaines maladies infantiles disparues font même leur retour, comme la coqueluche et la rougeole.
Comment est-ce qu'on explique cette défiance, ces dernières années, vis-à-vis des vaccins ? C'est la question posée à cette pédiatre qui avance deux raisons. La première : les flux migratoires.
"Les flux migratoires font que des populations qui n'ont pas toujours, puisque d'un pays à l'autre, les vaccinations sont différentes, et d'un pays à l'autre, on n'a pas toujours accès aux vaccins, comme on a la chance, nous, en Belgique, d'avoir un accès à la santé et aux vaccins en général. Et donc, les flux migratoires font que des populations arrivent en masse dans notre pays, et où les enfants, les adultes, ne sont pas vaccinés. Donc, malheureusement, il y a une recrudescence de certaines maladies, notamment, on l'a vu avec la coqueluche et la rougeole", note cette spécialiste.
Le covid : "un autre sujet"
La deuxième raison est la méfiance actuelle d'une partie de la population, "qui a été accrue, je pense, avec cette terrible période qu'on a vécue du Covid, ce nouveau vaccin, etc."
Mais il ne faut pas tout mélanger, insiste la pédiatre : "Il y a les vaccins recommandés qu'on connaît chez les enfants, et puis, c'est un autre sujet : le covid. Et donc, on ne va pas tout mélanger ici. Et il y a une défiance par rapport aux vaccins, et ça, je pense que notamment les réseaux sociaux y sont pour quelque chose. Parfois, quand il y a trop d'informations, c'est de la désinformation. C'est-à-dire que tout le monde y va de sa petite idée..."
Elle note que chacun a sa vérité, mais elle s'appuie sur la science : "J'ai une vérité, qui est une vérité scientifique. Je suis quelqu'un qui a fait de longues années d'études, qui se base sur des études randomisées, qui a une expérience aussi par rapport aux maladies qui peuvent toucher les enfants".
Il faut se méfier des réseaux sociaux
Barbara Abramowicz rappelle donc qu'il faut se méfier des informations et des fausses vérités véhiculées sur les réseaux sociaux.
"Il faut se méfier des réseaux sociaux, et on est en démocratie, c'est très bien que tout le monde puisse dire ce qu'il a envie de dire, mais il faudrait un fameux tri, notamment par rapport aux vaccins", explique-t-elle.
Cela peut avoir des conséquences graves, notamment en ce qui concerne la rougeole : "On ne peut pas faire le vaccin de la rougeole, par exemple, chez un enfant de moins d'un an. Mais c'est très très dangereux, la rougeole, chez les enfants de moins d'un an. Alors, si les 3-4 ans ne se vaccinent plus ou ne font pas le rappel de la vaccination, ça met en danger, quelque part, les enfants de moins d'un an", déclare la pédiatre.
Quel arguments face aux parents réticents ?
Les médecins, comme Barbara Abramowicz, doivent donc mettre en évidence certains arguments pour faire entendre raison à leurs patients.
"On fait des études, des études multicentriques, avec des cohortes de milliers d'enfants. Et donc, on a des preuves, et une preuve, c'est quelque chose qu'on peut reproduire, que la vaccination chez l'enfant les protège de maladies potentiellement mortelles, voire graves, au niveau de la morbidité. Ça veut dire que, moi, je passe encore beaucoup de temps à expliquer que certains vaccins n'aboutissent pas à l'autisme, certains vaccins n'aboutissent pas à la sclérose en plaques. Il y a eu des études. Et on a prouvé par des études scientifiques, donc par une preuve, que ça n'aboutissait pas à ces fameux effets secondaires."
Elle estime enfin qu'il faut accepter qu'une part de doute plane toujours : "L'air qu'on respire, peut-être qu'il va tous nous rendre fous, ou qu'il va tous nous rendre hypersensibles, ou qu'il va tous nous rendre hyperkinétiques. Je veux dire, tout ce qu'on mange, les jouets sur lesquels nos enfants jouent, il y a plein de perturbateurs endocriniens, on l'a découvert par après. Donc, il y a plein de choses qu'on ne sait pas, on ne peut pas tout savoir, mais il y a des réalités et des preuves, et ça, il faut se raccrocher à ça", conclut-elle.