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Le gouvernement a indiqué lundi avoir identifié "au moins 10 milliards d'euros d'économies" pour permettre à la France de redresser des comptes dégradés par les crises successives, en taillant notamment dans les dépenses de santé et des avantages fiscaux aux carburants.
Après avoir échappé aux fourches caudines de l'agence S&P Global, qui a maintenu la note de solvabilité française, l'exécutif entend réaffirmer son sérieux budgétaire et tourner la page des dispendieuses mesures de soutien du "quoi qu'il en coûte" face aux crises sanitaire et énergétique.
"Maintenant que nous revenons à la normale, qui comprendrait que nous continuions à dépenser autant alors que ces deux grandes crises (...) sont derrière nous?", a déclaré le ministre de l'Economie Bruno Le Maire, en ouvrant à Bercy les Assises des finances publiques.
"Notre devoir collectif désormais est de protéger notre nation contre la dette", a-t-il ajouté.
Organisées à Bercy à son initiative et celle de son collègue chargé des Comptes publics Gabriel Attal, en présence de la Première ministre Elisabeth Borne, ces assises font suite aux revues annuelles des dépenses de l'Etat, des collectivités et des administrations sociales, lancées il y a quelques mois.
Elles sont toutefois boudées par les trois principales associations d'élus locaux, en désaccord avec l'analyse de la situation.
Afin de réduire l'endettement et le déficit public du jusqu'en 2027, selon une trajectoire plus ambitieuse présentée en avril, "nous avons identifié, notamment avec notre première revue de dépenses publiques, au moins 10 milliards d'euros d'économies", a souligné Bruno Le Maire.
Ces économies devront être trouvées sur la santé, en luttant contre l'explosion des arrêts maladie et "les dérives" des dépenses en médicaments, a-t-il détaillé.
Les aides au logement avec la suppression du dispositif Pinel et la refonte du Prêt à taux zéro (PTZ), pour une économie de deux milliards d'euros à terme, ainsi que le soutien à l'emploi en cette période de chômage bas sont également dans le viseur du gouvernement.
"Les entreprises n'ont jamais eu autant de mal à recruter. Pourtant, nous continuons à soutenir massivement l'emploi. Quand le taux de chômage diminue, le coût des aides à l'emploi doit diminuer", a insisté le ministre, citant l'apprentissage et le compte personnel de formation.
- Pas d'austérité -
Autre cible, les avantages fiscaux sur les carburants dont bénéficient certaines professions comme les transporteurs routiers ou les agriculteurs (gazole non routier), alors que la France engage le virage de la transition énergétique. Ils seront supprimés progressivement d'ici 2030, avec un accompagnement pour permettre à ces professions d'opérer cette bascule.
L'objectif est de réduire à 108,3% du PIB en 2027 le lourd endettement de la France (contre 111,6% fin 2022), qui la range du côté des mauvais élèves européens, et de ramener sous l'objectif européen de 3% le déficit public (4,7% fin 2022).
Pour revenir dans les clous, le gouvernement refuse toute hausse des impôts. "Nous ne proposons ni austérité, ni angélisme: nous proposons la responsabilité", a dit Bruno Le Maire.
Le gouvernement table aussi sur la fin du bouclier énergétique, les gains des réformes comme celles des retraites ou de l'assurance-chômage, le plein-emploi ou encore une croissance de l'économie qu'il anticipe plus dynamique, après un coup de frein en 2023.
Ces mesures sont jugées d'autant plus nécessaires que l'environnement économique se durcit.
Suspendues durant le Covid, les règles budgétaires européennes s'appliqueront à nouveau l'an prochain et la forte remontée des taux d'intérêt alourdit significativement la charge de la dette, qui pourrait devenir le premier poste de dépenses de l'Etat.
Déjà, l'exécutif a multiplié les annonces ces dernières semaines. Il a ainsi gelé 1% supplémentaire des crédits du budget 2023 (1,8 milliard d'euros) qui seront partiellement annulés, selon Bruno Le Maire, et demandé aux ministères de dégager 5% d'économies, hors salaires, en 2024 notamment pour financer la transition énergétique.
Mais entre refus d'alourdir la fiscalité et tension sociale face à une inflation élevée, l'entreprise de maîtrise de la dépense s'annonce délicate. Surtout après une douloureuse réforme des retraites et sans majorité absolue à l'Assemblée nationale.
La récente promesse d'une réduction d'impôts de 2 milliards d'euros pour les classes moyennes et la nouvelle revalorisation du traitement des fonctionnaires témoignent de la difficulté de serrer la vis.